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Talleyrand

Publié le 18/02/2013

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1   PRÉSENTATION Talleyrand (1754-1838), homme d'État et diplomate français.
Personnage singulier ayant survécu aux différents régimes au tournant du xixe siècle, Talleyrand a su s’adapter aux circonstances politiques pour opportunément les tourner à son avantage. En particulier, après s’être distingué lors de la Révolution française et de la période napoléonienne, il a joué un rôle déterminant lors du congrès de Vienne de 1815.
2   UN NOBLE DE L’ANCIEN RÉGIME Né le 2 février 1754 à Paris dans une illustre famille de la noblesse, Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord se destine à la carrière militaire. Devenu boiteux à la suite d'un accident, il est contraint d'y renoncer et, bien que sans vocation, s'oriente vers une carrière ecclésiastique largement facilitée par ses origines aristocratiques. Agent général du clergé de France à vingt-deux ans (1780), il continue à jouir à Paris de la « douceur de vivre « — comme il l'écrit plus tard dans ses mémoires — avant de devenir évêque d'Autun en 1788.
3   L’ACTION RÉVOLUTIONNAIRE DE TALLEYRAND Élu député de son ordre aux États généraux de 1789, Talleyrand adopte la cause de la Révolution. Proche du comte de Mirabeau, il se prononce dès les premières séances pour la réunion des trois ordres et joue un rôle décisif à l'Assemblée constituante dans la nationalisation des biens du clergé. Lors de la fête de la Fédération nationale (14 juillet 1790), il célèbre la messe au Champ-de-Mars, invitant les prêtres de son diocèse à prêter serment à la récente et polémique Constitution civile du clergé. Devenu chef du clergé constitutionnel, il est déclaré schismatique par le pape qui l’excommunie. Il renonce alors à la dignité épiscopale et se sépare peu après de l'Église.
Sous l'Assemblée législative débute pour lui une longue carrière diplomatique. Sa première mission le conduit à Londres où il est envoyé pour obtenir la neutralité de l'Angleterre. Adjoint de l'ambassadeur, il est accusé, après la chute de la monarchie le 10 août 1792, d'avoir intrigué pour le duc d'Orléans et, parallèlement, est compromis par la découverte des documents secrets du roi Louis XVI. Ayant vainement tenté de se disculper, il repart pour la Grande-Bretagne en septembre 1792, est mis sur la liste des émigrés et tombe sous le coup d'un décret d'arrestation de la Convention. Expulsé d'Angleterre en 1794, il s'expatrie aux États-Unis d'où il revient en 1796 avec sa maîtresse, Madame Grand, qu'il épouse en 1803. Rayé de la liste des émigrés, bénéficiant d'un soutien de poids en la personne de Germaine de Staël, il est nommé au poste de ministre des Relations extérieures du Directoire par le vicomte de Barras — poste qu'il conserve après le coup d'État napoléonien du 18 brumaire an VIII qu'il a appuyé, en dépit des accusations de malversations dont il a été l'objet.
4   LE CHEF DE LA DIPLOMATIE SOUS L'EMPIRE NAPOLÉONIEN Ministre des Affaires étrangères de Napoléon Bonaparte, Talleyrand est l'inspirateur des articles organiques du Concordat de 1801, et dirige avec succès et habileté la politique extérieure du pays. Rendu en 1802 à l'état séculier, il négocie les traités de Lunéville, d'Amiens, de Presbourg et de Tilsit, et devient un des grands dignitaires du régime. Immensément riche et vivant avec ostentation, il est fait successivement grand chambellan (1804), prince de Bénévent (1806) — un véritable fief impérial est mis à sa disposition —, puis vice-grand électeur (1807). Mais il se sépare de Napoléon Ier sur des questions de politique étrangère et perd son ministère dès 1807. En 1808, à Erfurt, Talleyrand pousse en secret le tsar Alexandre Ier à se dérober aux accords que lui propose Napoléon. Ayant également intrigué contre l'empereur avec Joseph Fouché, il tombe en disgrâce en 1809. Il reste néanmoins membre du Conseil impérial, se vend comme conseiller et comme espion à la Russie et à l'Autriche. Il attend son heure.
5   LE RALLIEMENT AUX BOURBONS SOUS LA RESTAURATION Chef du gouvernement provisoire de 1814, Talleyrand contribue à faire voter par le Sénat la déchéance de Napoléon Ier et, se ralliant opportunément à la monarchie légitime, favorise l'accession de Louis XVIII au pouvoir. Réintégré dans ses fonctions de ministre des Affaires étrangères par le roi, il négocie le premier traité de Paris (mai 1814) et connaît son heure de gloire lors du congrès de Vienne (1815). D'un pays accablé par la défaite, il réussit à faire surgir une France respectable et hautement considérée par ses vainqueurs, prouvant à cette occasion son génie diplomatique. Par ses intrigues et son habileté manœuvrière, il divise les alliés en concluant une alliance avec l'Autriche et l'Angleterre, et peut limiter les exigences de la Prusse et de la Russie. Ses efforts diplomatiques sont pourtant en grande partie ruinés par l'épisode des Cent-Jours qui ramène temporairement Napoléon Ier au pouvoir.
Président du Conseil au début de la seconde Restauration (juillet 1815), Talleyrand est contraint de démissionner peu après, face à l'hostilité des ultras de la « Chambre introuvable «. Redevenu simple membre de la Chambre des pairs, le prince de Talleyrand — comme il se fait modestement appeler — ne joue plus qu'un rôle effacé, défendant la liberté de la presse et se rangeant dans le camp de l'opposition libérale au régime de la Restauration.
6   TALLEYRAND AU SERVICE DE LA MONARCHIE DE JUILLET Lors de la Révolution de juillet 1830, Talleyrand se prononce en faveur de la branche d'Orléans et est nommé ambassadeur à Londres par Louis-Philippe. De 1830 à 1834, il y déploie une habileté extrême, participant à la conférence consacrée à la Belgique (1830-1831) et à celle sur les affaires ibériques. Il contribue ainsi au rapprochement franco-britannique et à la future indépendance du royaume de Belgique (avril 1839). Affaibli par son grand âge, il souhaite finir dans l'estime générale, notamment celle de l'Église. Avec autant de dignité que de rouerie, il réussit à se réconcilier, sans s'humilier, avec cette dernière. Recevant les derniers sacrements sur son lit de mort, l'ancien ecclésiastique devenu un libertin sans pareil rappelle au prêtre que l'extrême-onction se fait sur le dos et non sur la paume quand il s'agit d'un évêque… Parmi les enfants naturels de ses nombreuses amours, il faut citer Charles de Flahaut (qui a lui-même pour fils naturel de la reine Hortense le duc de Morny, demi-frère de Napoléon III) ; on lui attribue parfois également la paternité du peintre Eugène Delacroix.
7   TALLEYRAND, UN PERSONNAGE AMBIGU Très intelligent et cultivé, mais âpre au gain et peu encombré de scrupules moraux, Talleyrand a gardé en diplomatie la figure impassible d'un grand seigneur pétri de raffinement héréditaire et l'empreinte de son éducation ecclésiastique. Toute sa vie, il a su s'adapter aux circonstances pour mieux les tourner à son avantage. En politique intérieure, il a en effet toujours incarné la légitimité, militant pour la réconciliation de la Révolution avec la France d'Ancien Régime — ce en quoi il est le parfait opposé de Joseph Fouché, malgré d’éphémères rapprochements. Partisan pragmatique d'un équilibre européen, il a refusé d'appuyer la subversion européenne d'un Bonaparte qu'il considérait comme dangereusement mégalomane, trop conscient des menaces que ce dernier faisait peser sur la France.
Personnage fascinant, ayant suscité une avalanche de biographies, de pièces de théâtre et mêmes de films, Talleyrand a écrit des mémoires, publiés en 1891-1892, qui sont un véritable modèle du genre. Dans la lignée d'un Richelieu, il reste un des hommes d'État les plus complexes et les plus énigmatiques de l'histoire de France.
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