Temps et subjectivité

• Temps et subjectivité

La subjectivité dernière n'est pas temporelle au sens empirique du mot : si la conscience du temps était faite d'états de conscience qui se succèdent, il faudrait une nouvelle conscience pour avoir conscience de cette succession et ainsi de suite. Nous sommes bien obligés d'admettre « une conscience qui n'ait plus derrière elle une autre conscience pour avoir conscience d'elle « [Husserl, Leçons sur la conscience intime du temps], qui, en consé¬quence ne soit pas étalée dans le temps. [...] Il n'y a de temps pour moi que parce que j'y suis situé, c'est-à-dire que je m'y découvre déjà engagé. [...] Il y a du temps pour moi parce que j'ai un présent. [...] Aucune des dimen¬sions du temps ne peut être déduite des autres. Mais le présent (au sens large, avec ses horizons de passé et d'avenir originaires) a cependant un pri¬vilège parce qu'il est la zone où l'être et la conscience coïncident.

M. Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception, IIIe partie, chap. n,

Gallimard, 1945.