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TEXTE: LE MONDE OU TRAITÉ DE LA LUMIERE, CHAPITRE VI, Description d'un nouveau monde ; et des qualités de la matière dont il est composé. DESCARTES

Publié le 22/02/2012

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descartes
et après nous être arrêtés là en quelque lieu déterminé, supposons que Dieu crée de nouveau tout autour de nous tant de matière que, de quelque côté que notre imagination se puisse étendre, elle n'y aperçoive plus aucun lieu qui soit vide. Ainsi, encore que notre imagination semble se pouvoir étendre à infini et que cette nouvelle matière ne soit pas supposée être infinie, nous pouvons bien toutefois supposer qu'elle remplit des espaces beaucoup plus grands que tous ceux que nous aurons imaginés. mais retenons la tout à dessein dans un espace déterminé, qui ne soit pas plus grand, par exemple, que la distance qui est depuis la terre jusques aux principales étoiles du Firmament, et supposons que la matière que Dieu aura créée s'étend bien loin au delà de tous côtés, jusques à une distance indéfinie. Or, puisque nous prenons la liberté de feindre cette matière à notre fantaisie, attribuons lui, s'il vous plaît, une nature en laquelle il n'y ait rien du tout que chacun ne puisse connaître aussi parfaitement qu'il est possible ; Ajoutons à cela que cette matière peut être divisée en toutes les parties et selon toutes les figures que nous pouvons imaginer ; Et pour la matière dont je l'ai composé, il n'y a rien de plus simple, ni de plus facile à connaître dans les créatures inanimées ; Toutefois, parce que les philosophes sont si subtils qu'ils savent trouver des difficultés dans les choses qui semblent extrêmement claires aux autres hommes et que le souvenir de leur matière première, qu'ils savent être assez mal aisée à concevoir, les pourrait divertir de la connaissance de celle dont je parle, il faut que je leur dise en cet endroit que, si je ne me trompe, toute la difficulté qu'ils éprouvent en la leur ne vient que de ce qu'ils la veulent distinguer de sa propre quantité et de son étendue extérieure, c'est-à-dire de la propriété qu'elle a d'occuper de l'espace. Mais ils ne doivent pas aussi trouver étrange si je suppose que la quantité de la matière que j'ai décrite ne diffère non plus de sa substance que le nombre fait des choses nombrées, et si je conçois son étendue ou la propriété qu'elle a d'occuper de l'espace non point comme un accident, mais comme sa vraie forme et son essence, car ils ne sauraient nier qu'elle ne soit très facile à concevoir en cette sorte.

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