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Texte: LES METEORES, DISCOURS SIXIEME, DE LA NEIGE, DE LA PLUIE, ET DE LA GRELE. DESCARTES

Publié le 22/02/2012

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discours
Et le même peuvent encore les vapeurs qui, sortant de la terre ou venant de quelque autre côté, font enfler l'air qui est sous elles ; et de plus qu'il était bien vraisemblable que la chaleur qui avait dû être un peu auparavant au haut de l'air pour causer la pluie que j'avais observée, y avait aussi ému quelques vapeurs que ce même vent avait chassées contre ces grains, où elles s'étaient gelées en forme de petits poils fort déliés, et avaient même peut-être aidé à les soutenir ; dont la cause était qu'y ayant en l'air beaucoup de vapeurs qui sans doute étaient pressées par les vents des autres lieux, ainsi que le calme et la pesanteur de l'air le témoignaient, les gouttes en quoi ces vapeurs se convertissaient devenaient fort grosses en tombant, et tombaient à mesure qu'elles se formaient. Pour les brouillards, lorsque la terre en se refroidissant, et l'air qui est dans ses pores se resserrant, leur donne moyen de s'abaisser, ils se convertissent en rosée s'ils sont composés de gouttes d'eau, et en bruine ou gelée blanche s'ils sont composés de vapeurs déjà gelées, ou plutôt qui se gèlent à mesure qu'elles touchent la terre. Pour le serein qui ne tombe jamais que le soir, et ne se connaît que par les rhumes et les maux de tête qu'il cause en quelques contrées, il ne consiste qu'en certaines exhalaisons subtiles et pénétrantes qui étant plus fixes que les vapeurs, ne s'élèvent qu'aux pays assez chauds et aux beaux Jours, et qui retombent tout aussi tôt que la chaleur du soleil les abandonne. car pour les vapeurs, elles ne sauraient se changer en autre chose qu'en eau ou en glace. car cela n'arrive guère que lorsque la terre, ne s'étant point assez refroidie la nuit, ou étant extraordinairement échauffée le matin, produit quantité de vapeurs qui repoussant ces brouillards vers le ciel font que leurs gouttes en se rencontrant se grossissent, et se disposent à tomber en pluie bientôt après. car c'est-à-dire qu'il n'y a point d'autres nues en l'air voisin du nôtre vers l'Orient qui empêchent que la chaleur du soleil ne condense celles qui sont au dessus de nous, et même aussi qu'elle n'élève de nouvelles vapeurs de notre terre qui les augmente. Et si vous considérés que la même chaleur qui est ordinairement requise pour condenser les nues et en tirer de la pluie, les peut aussi tout au contraire dilater et changer en vapeurs qui quelquefois se perdent en l'air insensiblement, et quelquefois y causent des vents, selon que les parties de ces nues se trouvent un peu plus pressées, ou écartées, et que cette chaleur est un peu plus ou moins accompagnée d'humidité, et que l'air qui est aux environs se dilate plus ou moins, ou se condense ;

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