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Travail, Famille, Patrie

Publié le 21/02/2013

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travail

1   PRÉSENTATION

Travail, Famille, Patrie, devise officielle du régime de Vichy.

2   LE REJET DÉLIBÉRÉ DE LA DEVISE RÉPUBLICAINE

Le 10 juillet 1940, le vote des pleins pouvoirs au maréchal Pétain s’accompagne de la promulgation d’une loi constitutionnelle mentionnant que l’État français doit « garantir les droits du Travail, de la Famille et de la Patrie «. Mais c’est le 15 septembre que le maréchal Pétain, en accord avec Pierre Laval, répudie la devise républicaine « Liberté, Égalité, Fraternité «. Dans la Revue des deux mondes, il écrit : « Lorsque nos jeunes gens, lorsque nos jeunes filles entreront dans la vie […] nous leur dirons […] que la liberté réelle ne peut s’exercer qu’à l’abri d’une autorité tutélaire, qu’ils doivent respecter, à laquelle ils doivent obéir […]. Nous leur dirons ensuite que l’égalité [doit] s’encadrer dans une hiérarchie, fondée sur la diversité des fonctions et des mérites […]. Nous leur dirons enfin qu’il ne saurait y avoir de fraternité véritable qu’à l’intérieur de ces groupes naturels que sont la famille, la cité, la Patrie. «

Cette analyse critique de la devise républicaine scelle son arrêt de mort et l’avènement de l’expression « Travail, Famille, Patrie «, auparavant utilisée par les Croix-de-Feu et le Parti social français (PSF).

3   UN MOT D’ORDRE AUTORITAIRE

L’avènement de la Révolution nationale traduit une rupture drastique avec le régime républicain, d’où découle le rejet de la devise républicaine par le régime de Vichy. Ce rejet renvoie également au désir des courants nationalistes néofascistes et antirépublicains des années trente, soutiens du régime, de voir s’effacer une devise qu’ils ont toujours assimilée à celle de l’« anti-France « et de la « gabegie républicaine «. La nouvelle devise illustre donc l’idéologie du courant politique hétérogène qui prend le pouvoir en France et entend définir le retour à un ordre moral et religieux pour la Nation.

Le maréchal Pétain lui-même explique que l’individu n’existe que par la famille et dans la collectivité (l’invidualisme et la sacralisation de la liberté mènent à l’anarchie) ; que l’individu doit se plier à une hiérarchie autoritaire, parce qu’un « peuple est une hiérarchie de familles, de professions et de commerces « qui produit « à tous les échelons une hiérarchie des hommes « ; que l’individu doit travailler à la relève de la France, revenir vers le réel, vers « la Terre «, vers la Nation — qui est la mère ou le synonyme de la liberté vraie et farouche, ou patriotique.

4   UN MOT D’ORDRE PROPAGANDISTE

Dès août 1940, et jusqu’en 1944, les trois maîtres mots, Travail, Famille, Patrie, sont déclinés par les outils de la propagande : radio, presse, affiches, programmes scolaires, etc. Vichy s’évertue à démontrer la nécessité d’un retour aux valeurs éternelles qui, seules, peuvent assurer la prospérité de la France et, in fine, sa mise au pas, éventuellement par la force. Dans cette rhétorique propagandiste :

— Le travail renvoie à l’idéal du retour à la terre nourricière. Ce trait est, en particulier, valorisé dans le thème récurrent du paysan laborieux, représentation de l’authentique et sage travailleur au service de la France et de son sol. Le retour à la valeur essentielle du travail joue comme une antithèse de l’image de l’ouvrier syndicaliste et frondeur qui salit l’image de la France et menace d’y importer la révolution bolchevique.

— La famille est présentée comme le noyau central et atemporel de la vie communautaire. Les figures du père et de la mère sont mises en exergue. En outre, le discours nataliste de Vichy met en exergue l’idéal de la famille, creuset de la Nation : les garçons deviendront écoliers, puis travailleurs et défenseurs de la Nation ; les filles, à leur tour, deviendront des mères et assureront la prospérité nationale. L’institutionnalisation de la fête des Mères par Vichy renvoie ainsi au sens profond de la triade, qui sacralise la cellule familiale comme espace moral, comme socle de la Nation et de sa pérennité.

— la Patrie, « valeur suprême, inconditionnelle, irréfléchie «, est le lieu de communion du peuple réuni. Elle se confond avec la Terre et la Famille, avec la mémoire de la France éternelle et de son sol. Un sol fécond et réceptacle du sang de la Patrie, considéré, selon le mot de Barrès, comme la terre des morts, expression même de la Nation ; laquelle, à son tour, se confond avec la personne du maréchal Pétain, vénérable personnification de la Patrie.

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