tribunal du sang

tribunal du sang, tribunal extraordinaire établi aux Pays-Bas espagnols en 1567 pour réprimer la révolte protestante.

Nommé gouverneur des Pays-Bas par Philippe II d’Espagne en 1567, le duc d’Albe a pour mission d’étouffer l’embrasement des protestants en Flandres. Il se distingue immédiatement par une politique répressive : augmentation de la fiscalité, renforcement de l’Inquisition et création d’un « conseil des Troubles «. Ce tribunal, surnommé par les Flamands « Bloedraad « (tribunal du sang) du fait de sa sévérité, a deux objectifs : assurer le triomphe du catholicisme aux Pays-Bas et étouffer les particularismes coutumiers pour une souveraineté absolue de l’Espagne.

Composé de seigneurs flamands et de trois conseillers espagnols, le tribunal du sang juge de façon expéditive l’exécution de mille protestants. La répression vise en priorité les seigneurs qui se sont ligués, en 1565, dans le « compromis des Nobles « — parmi lesquels Guillaume d’Orange, le comte Lamoral d’Egmont et Philippe de Montmorency de Hornes.

Le 5 juin 1568, l’arrestation par le tribunal du sang et la décapitation, à Bruxelles, des comtes de Hornes et d’Egmont provoquent une insurrection générale et la fuite de nombreux calvinistes. Exilé et dépossédé de ses biens, Guillaume d’Orange recrute soldats et marins, « les gueux de mer «, qui battent le duc d’Albe à Alkmaar (1573). Le tribunal du sang est finalement aboli en 1574.