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Un million de Palestiniens vivent sous le seuil de pauvreté

Publié le 17/01/2022

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16 mars 2001 ISRAËL a annoncé, vendredi 16 mars, une nouvelle série d'allégements du bouclage des territoires palestiniens. Le ministère de la défense a précisé que cinq cents hommes d'affaires palestiniens des territoires seront autorisés à entrer en Israël. Le passage Allenby sur le Jourdain, entre la Cisjordanie et la Jordanie, et celui de Rafah, entre la bande de Gaza et l'Egypte, seront rouverts pendant la journée pour le trafic des marchandises. Les Palestiniens de la bande de Gaza pourront se rendre en Egypte pour les cas humanitaires. Les passages de Soufa et Karni, entre la bande de Gaza et Israël, seront rouverts pour le trafic des marchandises et des matières premières. Les Palestiniens sont par ailleurs autorisés à transférer des turbines nécessaires à la construction d'une centrale électrique à Gaza. Jeudi, l'armée avait permis l'entrée et la sortie de marchandises et de matières premières dans les villes de Cisjordanie dont elle avait dressé le blocus. Mais tout cela, c'est de la poudre aux yeux à cinq jours de la visite du premier ministre israélien, Ariel Sharon à Washington, a commenté le ministre palestinien de l'information, Yasser Abed Rabbo. Depuis le début de l'Intifada, fin septembre 2000, les territoires palestiniens sont de fait soumis à plusieurs formes simultanées de bouclage, aux conséquences économiques et sociales dévastatrices. Dans son dernier état des lieux, Terje Roed Larsen, le coordinateur spécial de l'ONU pour le processus de paix, tirait la sonnette d'alarme à ce sujet. Le rapport portait sur une période de quatre mois (1er octobre 2000 au 31 janvier 2001). Depuis, les bouclages et restrictions avaient été parfois corsés. TRIPLE BOUCLAGE La première forme de bouclage consiste à interdire aux habitants de la Cisjordanie et de Gaza, y compris à l'écrasante majorité de ceux qui sont employés en Israël - et dont le nombre s'élevait à 130 000 durant les neuf premiers mois de 2000 - de sortir de ces deux territoires. Le deuxième bouclage est interne : les routes principales à l'intérieur d'un même territoire, qu'il s'agisse de la Cisjordanie ou de Gaza, sont interdites aux Palestiniens et réservées à Tsahal et aux colons. Dans sa forme la plus sévère, ce bouclage interdit également aux Palestiniens l'accès à de nombreuses routes secondaires, et les force à emprunter, non sans prendre de sérieux risques, des chemins de traverse. Ce saucissonnage a dramatiquement allongé la durée et augmenté le coût des transports. Deux exemples : à Gaza, la durée moyenne du trajet entre Khan Younis et la ville de Gaza est passée de 30 minutes à 130 minutes et le prix de la course en taxi de 3,5 shekels à 7,4 shekels. En Cisjordanie, entre Naplouse et Ramallah, la durée du trajet est passée de 45 minutes à 96 minutes et le coût a bondi de 9 shekels à 18,75 shekels. Troisième forme de bouclage : la fermeture des frontières internationales. D'après le rapport de l'ONU, les points de passage vers la Jordanie (sur le pont Allenby) et l'Egypte (par le poste frontière de Rafah), ainsi que l'aéroport de Gaza ont été fermés à la circulation des personnes et des marchandises « durant la plus grande partie de la période incriminée ». Les conséquences économiques de ce triple bouclage, notent les Nations unies, ont été désastreuses pour tous les secteurs d'activité, qu'il s'agisse de l'agriculture, de l'industrie, du commerce, de la construction, des transports ou des services. En moyenne, les pertes directes de l'économie pour la même période sont estimées à 1,15 milliard de dollars, ce qui correspond à 20 % du produit intérieur brut projeté pour l'année 2000 (s'il n'y avait pas eu de bouclages). Les pertes sont d'environ 11 millions de dollars par jour ouvrable. AIDE HUMANITAIRE Au plan social, le taux de chômage, qui était passé de 23 % en 1996 à 11 % dans les neuf premiers mois de 2000, a brutalement augmenté pour atteindre 30 % de la main-d'oeuvre. Quelque 82 000 personnes, selon le ministère palestinien du travail, ont perdu leur emploi à cause des restrictions imposées à la circulation à l'intérieur des territoires palestiniens, auxquelles il faut ajouter les 70 000 chômeurs d'avant la crise et la perte d'environ 100 000 emplois en Israël. Cette armée de 252 000 demandeurs d'emploi représente 38 % de la main-d'oeuvre active. Les revenus d'un travailleur palestinien lui permettant généralement de subvenir aux besoins de cinq personnes, la crise aura directement affecté négativement près de 30 % de la population. Avec les chômeurs - et les personnes qui en dépendent - antérieurs à la crise, ce sont 40,8 % de la population qui se trouve dans une situation précaire. Le taux de pauvreté aurait augmenté en l'espace de trois mois de 50 %, ce qui laisse à penser que près d'un million de personnes vivent à présent sous le seuil de pauvreté. L'ampleur de l'aide humanitaire distribuée est indicative de la sévérité de la crise alors même qu'elle ne satisfait pas les besoins croissants. Du 1er octobre 2000 au 31 janvier 2001, plus de 32 % de la population palestinienne des territoires aurait reçu une aide d'urgence d'organisations nationales ou internationales. Une telle distribution d'aide d'urgence est sans précédent. Le coût des soins aux plus de 11 000 blessés et handicapés, ainsi que les dégâts infligés aux bâtiments publics et privés se chiffrent à plusieurs centaines de millions de dollars.

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