Une foi, une loi, un roi

Une foi, une loi, un roi, maxime forgée dans la France du xvi^e siècle, lors de la Réforme protestante et de la Contre-Réforme catholique. Elle a connu un succès populaire durant tout l’Ancien Régime.

Alors que le royaume de France est confronté à la naissance, puis au développement du protestantisme, l’humaniste français Guillaume Postel (1510-1581) affirme en 1549 dans les Raisons de la Monarchie que le gouvernement du monde doit revenir au « peuple et au Prince des Gaulois « qui possèdent le meilleur régime marqué par « une foy, une loy et ung seul commun consentement «.

La maxime synthétise en fait toute une réflexion menée par les intellectuels sur le pouvoir, la monarchie, l’aristocratie et l’absolutisme royal : le juriste Charles Du Moulin (1500-1566) affirme alors que « vivre sous un roi unique et suprême est la plus grande des libertés «. La fièvre de l’unité dévore les théoriciens de la monarchie absolue qui popularisent l’expression de Guillaume Postel sous la forme « Une foi, une loi, un roi «. Elle est reprise par le chancelier du royaume et fervent catholique Michel de L’Hospital : lors de l’ouverture des états généraux d’Orléans, le 13 décembre 1560, celui-ci affirme énergiquement les principes de l’absolutisme, condamne les séditions protestantes, et qualifie l’expression « Une foi, une loi, un roi « de vieux proverbe français.

Ce dernier est accaparé par les membres de la Ligue dans leurs combats contre les protestants : sa simplicité l’assimile à un slogan et à un programme politique contre lesquels s’élèvent à la fois les défenseurs de la tolérance religieuse et les partisans d’un État fort, dégagé de la tutelle religieuse.

La fortune de l’expression perdure au siècle suivant. Ainsi, la révocation de l’édit de Nantes par Louis XIV (1685) apparaît aux yeux de beaucoup comme le triomphe de l’unité religieuse de la France derrière la personne du monarque absolu et, in fine, comme la traduction pratique de cette maxime à fort pouvoir symbolique.