U.R.S.S. Ouzbékistan, boutique de chapelier à Boukhara.

Chapelier de père en fils à Boukhara, c'est un titre de noblesse au pays du marxisme prolétarien. Mais Khodja n'exerce plus sa profession sous la coupole Toki-Telpak-Fourouchon, réservée pourtant aux gens de son métier. Curieux ouvrages du XVIe siècle (date où le commerce dans cette oasis ouzbéque battait son plein), ces coupoles marchandes au croisement des rues abritaient chacune un bazar spécialisée. Khodja a donc loué cette échoppe. Ses casquettes de toile ne lui rapportent guère et s'il a pu acheter sa bicyclette bleue c'est grâce à ses toques en mouton karakul, à la toison ondulée. Il sait bien traiter les peaux d'astrakan ; en revanche, il ne sait pas que le karakul de Boukhara a obtenu la médaille d'or à la foire internationale de Leipzig ! Mais son triomphe est la calotte de breitschwanz, cette fourrure si douce de l'agneau karakul mort-né. Jamais il ne s'abaissera à travailler la fourrure synthétique.