Devoir de Philosophie

vieillesse, histoire de la

Publié le 10/04/2013

Extrait du document

histoire
1 PRÉSENTATION

vieillesse, histoire de la, histoire de la représentation de la vieillesse et de l’évolution de l’image et du statut des personnes âgées dans les sociétés occidentales.

Si toutes les époques ont connu des vieillards, on ne peut légitimement comparer la vieillesse des premiers hominidés (Lucy, il y a trois millions d’années, a vécu jusqu’à environ vingt ans) aux âges records actuels (Jeanne Calment est morte à 122 ans en 1997). La vieillesse s’est certes « démocratisée « depuis peu, mais reste une réalité relative car la distribution des individus en catégories d’âge est tributaire de représentations et réalités contemporaines de chaque époque.

2 ÉVOLUTION DÉMOGRAPHIQUE DE LA VIEILLESSE

Dans la Grèce antique et la Rome impériale, les plus de 60 ans représentent sans doute entre 5 et 8 p. 100 de la population ; si octogénaires et nonagénaires ne sont pas des exceptions, ils restent néanmoins rarissimes. Au Moyen Âge, environ 10 à 11 p. 100 de la population adulte atteint la soixantaine ; cette proportion n’est pourtant pas également répartie entre les différentes catégories sociales et les vieux sont plus nombreux dans les populations protégées des carences alimentaires et des violences du temps, c’est-à-dire le clergé, la noblesse et la bourgeoisie.

Il faut attendre le xviiie siècle et l’instauration des dénombrements — avant la précision statistique du xxe siècle — pour faire disparaître les chiffres approximatifs qui entourent la vieillesse. Au début du xviiie siècle, l’Europe compte 5 à 7 p. 100 de plus de 60 ans sur 120 millions d’habitants contre 5 à 10 p. 100 pour 180 millions d’habitants à la fin du même siècle. En France, en 1776, 7 p. 100 (1,8 million) des habitants atteignent 60 ans et 100 000 dépassent les 80 ans ; numériquement, les octogénaires ne sont plus un phénomène.

Mais c’est au xixe siècle que la transition démographique bouleverse les données et augmente considérablement la proportion de vieillards dans la population. À la suite de l’effondrement des mortalités infantiles et infectieuses lié aux progrès sanitaires, sociaux et économiques, le taux de mortalité décroît au cours du siècle : en France, il passe de 32 p. 1 000 à 20 p. 1 000 entre 1800 et 1910. Consécutivement, l’espérance de vie à la naissance progresse : de 25 ans au milieu du xviiie siècle (mais la très forte mortalité infantile fausse les perspectives), on parvient à 48 ans pour les hommes et 52 ans pour les femmes à la fin du xixe siècle. Toutefois, c’est la chute de la natalité, plus précoce en France (32 p. 1 000 en 1800, 20 p. 1 000 en 1910) que dans le reste de l’Europe, qui contribue le plus à augmenter la proportion des plus âgés. En 1900, la population européenne atteint 400 millions, et le taux de sexagénaire oscille entre 7 et 13 p. 100 (12,6 p. 100 pour la France).

Au xxe siècle, l’accélération du vieillissement de l’Europe est d’abord le résultat des deux conflits mondiaux de la première moitié du siècle qui déciment d’abord les autres classes d’âges. Pourtant, durant le siècle, la mortalité ne cesse de reculer grâce au développement de nouvelles pratiques sociales, alimentaires, hygiéniques et médicales : le taux de mortalité européen tombe entre 8 et 12 p. 1 000 en 1955. Longtemps liée aux niveaux de fortunes, la mortalité dépend de plus en plus d’autres facteurs, comme le lieu de résidence ou l’activité professionnelle.

Malgré le baby-boom d’après-guerre, la natalité européenne s’effondre également : les taux de natalité se stabilisent en dessous de 10 p. 1 000 et l’indice de fécondité tombe en deçà de 1,8 entre 1970 et 1980. L’espérance de vie d’un Européen aujourd’hui dépasse toujours les 70 ans pour les hommes et approche les 80 ans pour les femmes ; le taux des plus de 65 ans y est de 14,5 p. 100 (50 millions) et de 14,2 p. 100 (8 millions) en France. Alors que la durée de vie ne cesse d’augmenter, que les plus de 80 ans (quatrième et cinquième âges) sont devenus une réalité, les projections pour 2020 indiquent que les plus de 60 ans atteindront 25 p. 100 de la population européenne.

3 VIEILLIR EN FAMILLE ET EN SOCIÉTÉ
3.1 Une gérontocratie antique

Dans les plus anciennes sociétés, la vieillesse s’incarne dans la figure du patriarche. Ainsi, dans le clan sémitique, celui-ci prend les décisions et est responsable des fautes commises par n’importe quel membre de sa famille. Dans les premiers États, le Conseil des Anciens est une institution universelle à laquelle est attribuée des responsabilités législatives et judiciaires spécifiques, comme c’est le cas des assemblées d’anciens dans la Grèce des viie et vie siècles av. J.-C. Mais, progressivement, les magistratures s’ouvrent à la jeunesse et, dans la Grèce classique, le conseil des vingt-huit gérontes de Sparte semble le seul héritage du patriarcat antique.

Le fondement de la société romaine repose également sur la toute-puissance du père (patria potestas) : l’État romain a d’ailleurs longtemps répugné à intervenir au sein de la famille et à limiter l’autorité du chef de famille. Mais progressivement, dans le droit romain comme dans le système politique, l’individu s’impose contre l’autorité des anciens ; illustration type de cette évolution, le Sénat impérial a perdu les prérogatives du Sénat traditionnel des patres.

3.2 De l’assistance familiale aux premiers secours organisés

Si la société médiévale ignore la gérontocratie, la clef du lignage aristocratique rassemble encore les parentèles sous l’autorité du plus ancien. Partout, de par son expérience et sa mémoire, le vieux demeure l’un des fondements de l’organisation et de la solidarité de la communauté villageoise.

Pourtant, dès le xie siècle, les progrès de la sécurité et l’occupation de terres nouvelles désagrègent le groupe familial et imposent progressivement le modèle conjugal. Les plus âgés, incapables de travailler, s’en remettent alors à l’affection de leur descendance, voire aux premiers asiles spécialisés qui apparaissent au xiiie siècle (hospices pour les prêtres âgés ou exemple de charité municipale à Passau, où les bourgeois ouvrent un hôpital pour les vieux invalides).

Après les calamités des xive et xve siècles, le pouvoir des plus anciens gagne en vigueur : bien qu’il existe des nuances régionales (les familles élargies sont plus fréquentes dans l’Europe du Sud), les coutumes et la religion confirment la toute-puissance du père sur la personne et les biens de ses descendants. Les quelques dénombrements existants indiquent très souvent comme chef de maison l’homme (ou la femme) le plus âgé dont les manifestations d’autorité sont nombreuses, en particulier lors de la négociation des mariages. S’ils commencent à assurer l’éducation des petits enfants en apprenant les rudiments de lecture et les premiers gestes des métiers, ils lèguent surtout à ceux-ci leurs prénoms en devenant parrains et marraines des nouveau-nés.

Cependant, la plupart des vieux qui n’ont ni force, ni bien, ni entourage familial sont réduits à la solitude et à la pauvreté et, parce qu’ils sont plus nombreux ou plus visibles, cette vieillesse devient bientôt un problème de société. Des moyens d’assistance se développent, comme la Poor Law anglaise (1601), ou la multiplication des établissements d’assistance en France : Bureaux des pauvres d’Amiens (1533), de Paris (1554), hôpital général de Paris (1656), puis des principales villes du royaume. Sur le même modèle est fondé en 1671 l’hôtel royal des Invalides où les vieux soldats sont logés, nourris, soignés et même disciplinés. Cette politique d’assistance balbutiante passe néanmoins par une politique de répression et d’enfermement des vieillards avec les autres déclassés de la société.

Au xviiie siècle, le modèle de la famille patriarcale se restreint encore et, à part quelques régions (pays de montagnes, France du centre, Europe méditerranéenne) et fractions aisées de la société, les vieillesses démunies et solitaires croissent. Dès 1767, la création des dépôts de mendicité prolonge la confusion relative à l’indigence, tout comme les worhouses anglaises, où les pauvres, les enfants et les vieux qui acceptent de s’y réfugier doivent vivre et travailler dans une grande promiscuité. En 1764, Louis XV crée les pensions d’invalidités pour les militaires dans le droit fil de l’assistance modèle que représente les Invalides. Malgré l’élargissement à d’autres administrations de ces premières retraites, ces moyens d’assistance demeurent insuffisants. Et si la Révolution française étend le principe des pensions de retraite à l’ensemble des serviteurs civils et militaires de l’État et fête la vieillesse comme une nouvelle vertu civique, elle n’a pas les moyens de mettre ses réformes en application… d’autant que son rôle essentiel est de mettre un terme à l’autorité ancestrale du père de famille (en faisant cesser la puissance paternelle à la majorité et en fixant celle-ci à vingt et un ans).

3.3 Étatisation de la prise en charge des vieillards

Au xixe siècle, alors que la proportion de vieillards augmente, la révolution industrielle continue et accélère l’éclatement des familles. La moitié des couples âgés européens habitant les campagnes vivent seuls : l’exode rural a fait disparaître les familles élargies et a éloigné les enfants. Pour les autres, la corésidence entre générations n’est pas toujours heureuse et la question des biens demeure la clef du destin individuel de la vieillesse. Ceux qui n’ont pas épargné sont à la merci des enfants et, une fois leur patrimoine transmis, perdent leur autorité et risquent d’être rejetés du cadre familial. Dans les villes, les conditions de vie du vieillard sont parfois plus difficiles encore. Les nouvelles machines et le développement de l’école ont rendu caduc l’apprentissage familial. Cependant, dans les catégories plus aisées, la famille — construction pyramidale dominée par l’ancien, fondateur du lignage (comme les Schneider au Creusot ou les Buddenbrook de Thomas Mann) — devient l’idéal bourgeois.

La vieillesse est multiforme, heureuse et entourée ici, déshéritée et solitaire ailleurs. Pour résoudre les cas les plus difficiles, le xixe siècle innove : la charité privée se développe avec l’œuvre des Petites Sœurs des pauvres qui ouvrent plusieurs centaines de maisons d’accueil. L’assistance hospitalière se propage partout en France (avec un seuil d’âge de 70 ans pour justifier des secours, limitant sa portée). Des fondations privées ainsi que des bureaux de bienfaisance communaux ou paroissiaux se préoccupent du secours des plus âgés, avec distribution de pain, de viande, de combustible et parfois d’argent.

Si les assurances préventives à base d’épargne et de subventions apparaissent à la fin du xixe siècle dans toute l’Europe et que la France organise le régime de base des retraites (loi du 30 avril 1930), ces systèmes fondés sur la capitalisation progressent peu. Il faut attendre 1945 pour que se développent en Europe de grandes politiques sociales favorisées par la reprise économique des Trente Glorieuses (19 octobre 1945, instauration en France du régime général de la sécurité sociale fondée sur la répartition, l’universalité et l’obligation d’affiliation). En France, la loi du 2 août 1949 sur l’aide sociale aux personnes âgées dissocie dorénavant les vieillards des infirmes et incurables. Enfin, en 1982, l’âge de la retraite est abaissé à 60 ans — dans l’ensemble des pays européens, il se situe toujours autour de 65 ans : cette conquête mythique est alors justifiée par des réalités biologiques et sociales anciennes qui ne répondent plus aux données actuelles.

En effet, les évolutions et les progrès économiques du siècle ont transformé la vieillesse. Devenue pleinement active, la vieillesse est en grande forme : socialisée (clubs, associations), elle a retrouvé aussi une place économique et affective dans l’univers familial. Néanmoins, l’éclatement des familles modernes favorise souvent la rupture des relations entre générations. Pour les âgés dépendants, l’aide à domicile, alternative à l’hospitalisation, assure la présence d’une personne apportant soin et chaleur humaine. Si le réseau d’institutions de retraites s’est densifié, il s’est transformé pour préserver l’intimité et pour s’éloigner de l’image des anciens hospices.

4 ÉVOLUTION DE L’IMAGE DE LA VIEILLESSE
4.1 Une image traditionnelle du vieux sage

Dans les plus anciennes sociétés, les vieillards ont un statut privilégié. Hors d’âge, ils représentent la continuité et la réussite du groupe. À l’image des dieux, des héros légendaires (comme Gilgamesh, Brahma ou Fo-Hi) et des premiers patriarches (Mathusalem est censé avoir vécu 969 ans), ils sont détenteurs de la sagesse et dispensateurs du savoir. Bénédiction divine, la vieillesse apparaît comme une faveur accordée à ceux qui ont eu une belle et bonne vie. Elle représente à la fois la dignité et l’autorité, et aussi une divinité allégorique, fille d’Érèbe et de la Nuit, qui apparaît sous les traits d’une vieille femme, près de laquelle se trouve une clepsydre presque épuisée.

La vieillesse présentée par les poètes grecs (tels Euripide, Sophocle et Aristophane) est l’objet pitoyable de leur dérision et la marque du malheur de la destinée. Si Platon prône une gérontocratie exemplaire dans la République, Aristote affirme, en vertu de l’union de l’âme et du corps, que la décrépitude de l’un atteint l’autre et que le vieillard n’est bon qu’aux fonctions sacerdotales. Aux figures mythiques succède une époque dominée par les plus âgés, qui perdent progressivement pouvoir et prestige au fur et à mesure que la société s’organise. Plaute donne du vieillard une image de bouffon lubrique avare et berné par un entourage uni contre lui. Sénèque, qui défend la vieillesse comme un âge propice à la méditation, reconnaît pourtant qu’il faut savoir mourir quand la vie devient trop dure. Seul Cicéron, dans De Senectute, fait une apologie de la vieillesse.

L’obscurité initiale du monde médiéval revalorise les longévités fabuleuses des gestes légendaires, car elles sont, pour cette société naissante, la marque de la durée dans l’histoire des peuples. Les théories théologico-scientifiques recherchent une division des âges de la vie correspondant aux âges du monde. Pour Isidore de Séville ou saint Augustin, la vie est divisée en plusieurs âges auxquels sont attachés des caractéristiques morales : enfance jusqu’à 7 ans, pueritia de 7 à 14 ans, adolescence de 14 à 28 ans, jeunesse de 28 à 49 ans, maturité jusqu’à 70 ans et vieillesse au-delà, laquelle s’achève, sans limite précise, par la sénilité. À l’image du cycle des saisons, l’âge tient à la fois de la réalité et du symbole.

4.2 Peur et rejet de la vieillesse

Dès le xive siècle, la littérature dénonce le pouvoir social de la vieillesse : le thème du mari impuissant ou trompé est porteur de toutes les rancœurs d’une génération contre une autre. La personnalisation des portraits fait apparaître les premières rides et met à mal les figures allégoriques à la barbe blanche.

La Renaissance humaniste, qui voit s’accroître le nombre de jeunes proportionnellement à la population, a horreur de tout ce qui annonce son déclin : c’est la leçon de Ronsard (« Mignonne, allons voir si la rose… «), comme celle d’Érasme dans Éloge de la folie. L’exaltation de la jeunesse devient invective contre la vieillesse et les vieilles femmes, plus nombreuses, sont souvent accusées de sorcellerie. Ce rejet physique précède le rejet moral : la vieille duègne entremetteuse et un peu sorcière devient une thématique de la littérature. Si Montaigne enseigne que le vieil homme doit se préparer à la mort, Shakespeare fait du vieillard une figure tragique de victime dans le Roi Lear. Les barbons de Molière sont vieux à quarante ans, car l’âge de la vieillesse est plus le fait d’une perception qu’un état de fait objectif. Le vieillard faible (Don Diègue dans le Cid de Corneille) remplace le vieillard jaloux et impuissant du roman picaresque espagnol ; la vieillesse devient un support commode pour exposer publiquement des critiques contre la société (Harpagon dans l’Avare, Géronte et Argante dans les Fourberies de Scapin).

Au xviiie siècle, la représentation de la vieillesse devient plus tendre et plus sociale, illustrée par Jean-Baptiste Greuze et Denis Diderot. À la suite des exemples des manuels d’« Arts de bien vieillir « et les bienfaits des élixirs de longues vies chers à Cagliostro, la vieillesse redevient l’âge des qualités acquises comme le savoir, la justice, la bonté ou la tempérance. Le siècle crée le bon vieillard, à l’image du bon sauvage.

4.3 Les pouvoirs des nouveaux vieillards

Les romantiques rejettent le temps qui passe et la perspective d’une vieillesse affaiblie : c’est là l’expression d’une authentique terreur que leur inspire l’âge, comme le démontre l’œuvre de Chateaubriand. Pourtant, ce rejet ouvre une nouvelle ère gérontocratique. Une cohorte de vieillards tient en main l’Europe du xixe siècle : la Chambre des pairs de France, la reine Victoria d’Angleterre, le prince allemand Otto von Bismarck en sont des modèles significatifs. De même en littérature, Balzac, Zola, Tourgueniev, Gogol ou Dickens, dans leurs romans sociaux et réalistes, se font accusateurs et dénoncent la misère morale, la décrépitude physique et la déchéance inéluctable de l’âge dans les classes sociales nées des révolutions économiques du siècle. Victor Hugo, en même temps qu’il vieillit, fait de l’âge le terme héroïque de la vie ; dans l’Art d’être grand-père, le vieillard devient celui qui s’émerveille et qui accomplit une mission affective, spirituelle et politique au sein de la famille.

Au xxe siècle, alors que les sciences se penchent sur l’étude des vieillards, l’image des anciens est bouleversée par la retraite généralisée. Jouissant d’une santé qui leur permet d’être largement actifs, les vieux deviennent des acteurs sociaux à plein temps. Ils sont valorisés par leur capacité à pouvoir accorder du temps à eux-mêmes tout d’abord, en voyageant ou en reprenant des études, mais également aux leurs, en s’occupant de leurs petits-enfants par exemple. Puisqu’ils sont devenus consommateurs, un marché adapté à leur besoin développe positivement leur image en les rapprochant des actifs, et des institutions spécialisées de plus en plus ouvertes sur le monde extérieur voient le jour. Ces images développent leurs excès : au Japon et aux États-Unis (Sun City), des villes sont construites pour accueillir les plus vieux dans un artifice de joie et de dynamisme, mais sans enfant et dans un climat de protection exacerbée. Quant aux plus âgés, grabataires, malades, hors d’âge, ils sont relégués dans leur solitude et leur souffrance derrière les façades des hôpitaux gériatriques, loin des vivants désireux de se protéger des effluves de la mort, dans un siècle qui ne l’accepte plus.

Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

Liens utiles