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Vous ferez, d'après ce que vous savez de sa vie et de ses oeuvres, le portrait de Chateaubriand.

Publié le 22/02/2012

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chateaubriand
Ce sujet n'est qu'en apparence une dissertation narrative. Il ne s'agit pas seulement d'énumérer des traits du caractère de Chateaubriand. Il faut comprendre et plus ou moins expliquer ce caractère en en discernant soit les traits dominants, soit les éléments complexes qui composent un trait en apparence simple. Pour mener à bien une pareille analyse, usez d'abord du procédé de la revue dont nous avons parlé plus haut. Passez en revue tout ce que votre réflexion vous présente, en le notant par écrit, puis demandez-vous : 1° ce qui prédomine ou est secondaire; 2° si tel point ne peut pas être analysé ou subdivisé en plusieurs points, ou inversement. Pour ce portrait de Chateaubriand nous trouvons en gros une grande imagination, une grande sensibilité et pourtant une grande intelligence, une grande curiosité des idées. L'imagination le porte à vivre en dehors des réalités, à poursuivre des chimères, à rêver de pays inconnus. La sensibilité est faite du besoin d'aimer et d'être aimé, d'éprouver des passions ardentes; de l'orgueil, qui inspire à Chateaubriand le dédain de toutes les destinées moyennes, le besoin d'avoir une vie comblée de gloire, d'amour, etc. Sans intelligence il aurait pu se faire des illusions, vivre dans la satisfaction de son génie; mais l'intelligence lui montre sans cesse la limite, la fin de toutes choses. De là son perpétuel ennui, son éternelle inquiétude, le mal du siècle dont il a souffert. Par contre l'intelligence, unie d'ailleurs à la sensibilité, lui donne les joies de la pensée et de l'art. En y réfléchissant nous voyons que l'ennui, l'inquiétude, le mal du siècle ne sont sans doute pas des formes premières du caractère de Chateaubriand, mais, seulement des conséquences. J.-J. Rousseau a eu une imagination aussi vive, aussi chimérique, une sensibilité plus maladive que celle de Chateaubriand. Pourtant c'est dans son imagination qu'il a cherché son bonheur. Il nous a dit que « le pays des chimères est le seul digne d'être habité ». C'est qu'il avait renoncé à l'orgueil et même aux curiosités de l'intelligence sceptique et critique. Ainsi nous subordonnerons le mal du siècle de Chateaubriand aux traits de caractère dont ils semblent n'être que la conséquence. Par contre nous mettrons sur le même plan l'imagination, la sensibilité, l'intelligence qui semblent bien s'être également partagé son âme. Nous ferons ensuite une nouvelle revue de ce que nous savons de sa vie et de son oeuvre. Et nous nous apercevrons (bien entendu vous pouvez vous en être aperçu tout de suite) qu'il n'a pas été seulement un écrivain; il a été ambassadeur, ministre; il a écrit des oeuvres politiques, des oeuvres historiques (Vie de Rancé); c'est-à-dire qu'il a été un homme actif et non pas un poète, un romancier enfermé dans sa vie intérieure. C'est là un trait de son caractère qui est important, qui explique la vigueur de certaines de ses oeuvres (les Mémoires d'outre-tombe, etc.), mais qui, littérairement, reste subordonné aux autres.

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