La critique de la technique est-elle vaine ?

Dissertation de philosophie Sujet : Y a-t-il un sens à critiquer la technique ? « L'homo faber « de Bergson se caractérise par un désir inextinguible de création. Engendrer des objets techniques est l'une des manifestations de son humanité, ce qui le démarque de l'animal et ce qui affirme sa domination sur la nature. La technique n'est donc pas vide de toute humanité. Au contraire, elle est l'expression d'une volonté humaine, insufflée dans un objet, tout comme Athéna introduit le souffle de la vie dans les corps d'argile modelés par Prométhée. Il faut toutefois dissocier deux types de technique : la technique artisanale et la technique moderne. La modernité de la technique réside dans l'utilisation qu'elle fait des mathématiques pour appréhender la nature comme un ensemble de forces maîtrisables. Depuis la fin du XIXe siècle, la technique est intimement liée à la science. On parle même de « technoscience «. Critiquer la technique moderne revient donc logiquement à critiquer la science, qui en constitue la source. On la juge coupable de la désacralisation du monde. Partout où le mythe intervenait comme facteur d'explication, la science, et par voie de conséquence la technique, l'ont remplacé. On peut en venir à se demander si la critique de la technique n'est-elle pas vaine ? La technique ne serait-elle pas hors de la portée de la critique ? Critiquer la technique, au sens large d'activité finalisée, relève-t-il du bon sens ou au contraire, du non sens ? Cette critique est-elle légitime ? Il s'agit de comprendre que la critique, au même titre que la technique, n'est pas un principe fixe. Sa définition diverge selon les points de vue, nous tacherons donc de nous pencher sur ces questions en ayant recours aux multiples significations de la critique. Dans un premier temps nous verrons pourquoi l'éthique qui découle de la technique est indissociable d'un jugement moral. Dans un second temps, nous nous attacherons à montrer que la technique peut être appréhendée comme dépassant l'homme, donnant lieu à une critique qui interroge non plus la finalité de la technique, mais son essence-même. Enfin dans un troisième temps, nous démontrerons que critiquer la technique c'est avant tout la renvoyer à ses propres contradictions. Une première conception de la critique, la plus répandue, mais aussi la plus sujette à débat, prétend assimiler la critique à un jugement moral. L'éthique, la science de la morale, prend donc le sens de critique dans la mesure où elle se propose d'encadrer le développement technique. Pour Jonas, l'éthique se rapporte à un enseignement du contrôle de notre pouvoir, de plus en plus nécessaire à cause d'un progrès technique qui ne peut être freiné. Tout comme Marcuse, pour qui «  l'horizon instrumentaliste de la raison s'ouvre sur une société rationnellement totalitaire «, Jonas trouve des éléments communs entre le développement technique et le totalitarisme, dans la mesure où « tout ce q...