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Sciences & Techniques: Les grands barrages

Publié le 11/11/2011

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Les grands barrages ont du plomb dans la turbine. Pendant longtemps, ils ont été le symbole d'une nature harnachée, domptée par la technique. Aujourd'hui, l'écologie et les droits de l'homme montent au créneau contre ces géants accusés du péché d'orgueil. Sur le flanc de la voûte du barrage de Tignes (Savoie), le plus haut de France, un Hercule peint s'étale, arc-bouté de tous ses muscles. Comme s'il retenait, à lui seul, les millions de tonnes d'eau qui poussent derrière la paroi. Rêve de puissance, où l'homme-dieu maîtrise, tranquille, les forces de la nature… La retenue de Tignes est construite en 1952, en pleine " barragemania " mondiale. A l'époque, l'économie a le feu aux fesses. Villes et usines poussent comme des champignons et réclament de l'électricité à cor et à cri. Le gisement est tout trouvé : c'est la " houille blanche ", cette énergie contenue dans les eaux des rivières et des fleuves. Pour les ingénieurs, pas de doute : cette puissance qui part à la mer a pour vocation principale de faire tourner des turbines.

« d'intérêts souvent antagonistes.

Produire de l'énergie, irriguer, casser les crues, soutenir le débit, attirer le touriste, ils doivent toutfaire, ce qui est impossible.

Leur gestion devient alors l'affaire de rapports de force et de compromis délicats… La bête noire des écolos Barrages à tout faire, barrages bienfaisants ? Les médailles ont toutes leurs revers.

Et aujourd'hui les barrages ont perdu leur auréole.On leur reproche leur gigantisme, source de multiples maux.

Première critique : ils coûtent les yeux de la tête, notamment aux paysdu tiers monde qui s'endettent pour les payer aux pays riches qui les construisent.

Alors même que leur rentabilité est douteuse.

Parexemple, le barrage de Zimapan, au Mexique, a été achevé alors que l'on sait déjà qu'il sera inutile, voire dangereux.

Où est la logique? Dans l'intérêt des entreprises d'études et de construction, des milliers de personnes embauchées… Critique plus prononcée : la formation des lacs de retenue oblige généralement des milliers de personnes à déguerpir.

Le Lubuagan,sur la rivière Chico, aux Philippines, a inondé les rizières de 100000 personnes ! L'Inde connaît depuis plusieurs années un importantconflit à cause du plus vaste projet de barrage jamais engagé, dans le bassin de la rivière Narmada.

Jugez un peu : 3000 petitsbarrages, plus 135 de taille moyenne et 30 mastodontes.

Coût pour la population locale : 500000 hectares noyés, un million depersonnes arrachées de leur terre ancestrale et promises aux bidonvilles de Bombay. L'impact écologique est également considérable, surtout en région tropicale.

Le lac artificiel du barrage Volta, au Ghana, couvre unesuperficie 15 fois plus importante que le lac Léman ! Quand l'eau monte, les animaux sont noyés par dizaines de milliers… Et commeil n'est pas rentable de couper tous les arbres promis à l'engloutissement, on les laisse, sur pied, pourrir de leur belle mort.

Résultat :les eaux deviennent acides, les poissons meurent, des maladies se développent.

Ce n'est pas tout.

Le lac accumule en son fond desmilliers de tonnes de limons, précieux fertilisants naturels perdus pour la vallée.

Et puis, ces sédiments finissent par en crasserturbines et conduites d'eau.

Alors, un beau jour, il faut vidanger : on ouvre toutes grandes les portes pour larguer les dépôts, emportéspar l' eau .

Le cadeau est brutal pour l'aval… Bref, on est aujourd'hui beaucoup plus précautionneux que naguère lorsqu'il s'agit d'ériger une muraille en travers d'un cours d'eau.Finies les envolées lyriques des bétonneurs sûrs de leurs calculs.

On préfère de petites retenues modestes mais moins nuisibles.

Etsurtout, on y réfléchit à deux fois.

Le bassin de la Loire en donne un bon exemple.

Malgré de fortes pressions, les mouvementsécologistes, soutenus par de nombreux habitants, sont récemment parvenus à faire annuler deux projets de barrages qui semblaientacquis.

Signe des temps ? C'est une réflexion globale sur l' environnement qui l'a emporté contre des intérêts économiques locaux.

La Loire bien vivante, la qualité de son eau , ses poissons, ses paysages bons pour le tourisme ont pesé plus lourd que l'irrigation de quelques hectares supplémentaires et l'installation de supermarchés en zones inondables.. »

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