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l'histoire qui montrera ce qui était vrai ou faux.

Publié le 30/10/2013

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histoire
l'histoire qui montrera ce qui était vrai ou faux. Ce qui est « raisonnable «, c'est ce qui est « doué de vie «. -- Ce qui continuera à vivre, c'est ce qui est juste, c'est ça ? -- Ou vice versa : ce qui est juste, c'est ce qui continuera à vivre. -- Si ça ne te gêne pas, j'aurais bien aimé avoir un petit exemple. -- Eh bien, il y a cent cinquante ans, de nombreuses personnes revendiquèrent l'égalité des droits entre les hommes et les femmes. Mais d'autres s'insurgèrent contre cette égalité. Si nous nous penchons aujourd'hui sur l'argumentation des deux parties, il est très difficile de dire qui avait les arguments les plus « raisonnables «. Nous ne devons jamais oublier qu'il est toujours facile de dire « après coup « ce qu'il convenait de faire dans telle ou elle situation. Il s'avère que ceux qui prônaient l'égalité des droits entre les hommes et les femmes avaient raison. Plus d'un pourtant serait gêné de lire noir sur blanc l'opinion de son grand-père à cette même époque. -- Ça ne m'étonne pas. Et qu'en pensait Hegel ? -- De l'égalité entre les sexes ? -- C'était bien de ça qu'on était en train de parler, non ? -- Tu veux une citation ? -- Volontiers ! -- « La différence qu'il y a entre l'homme et la femme est celle qu'il y a entre l'animal et la plante, a-t-il écrit L'animal orrespond davantage au tempérament masculin, la plante davantage à celui de la femme. Car la femme a davantage n développement paisible, dont le principe est l'unité indéterminée de la sensibilité. Si les femmes sont à la tête du ouvernement, l'État est en danger, car elles n'agissent pas selon les exigences de l'universalité, mais au gré des nclinations et des opinions contingentes. La formation de la femme se fait, on ne sait trop comment, par imprégnation e l'atmosphère que diffuse la représentation, c'est-à-dire davantage par les circonstances de la vie que par 'acquisition des connaissances. 'homme, par contre, ne s'impose que par la conquête de la pensée et par de nombreux efforts d'ordre technique. « -- Merci, je n'en demandais pas tant ! -- Mais cette citation est un exemple excellent pour montrer à quel point la conception du « raisonnable « est en perpétuelle évolution. Elle révèle aussi que Hegel était un enfant de son siècle, comme nous tous. Nos conceptions, pparemment si « évidentes «, ne résisteront guère elles aussi à l'épreuve du temps. -- Tu n'aurais pas un exemple ? -- Non. 311 -- Et pourquoi ça ? -- Parce que je parlerais de quelque chose qui serait déjà en train de changer. Je ne peux pas te dire que c'est une diotie de conduire puisque la voiture pollue la nature. Tant de gens l'ont déjà dit. Ce serait un mauvais exemple. 'histoire se chargera elle-même de montrer que nos prétendues évidences ne résistent pas au jugement du temps. -- Je comprends. -- Soit dit en passant, nous pouvons noter que c'est justement parce que les hommes au temps de Hegel clamaient si fort l'infériorité de la femme que le mouvement de libération des femmes a pu voir le jour. -- Comment ça ? -- Les hommes ont avancé, selon Hegel, une « thèse «. Et s'ils avaient éprouvé le besoin de le faire, c'est que le ouvement de libération des femmes avait déjà commencé. Quel intérêt y aurait-il eu à défendre un point sur lequel tout le monde tombait d'accord ? Plus leurs propos étaient virulents, plus l'antithèse ou la « négation « était forte. -- Je vois. -- Tu peux donc affirmer que rien ne vaut d'avoir des opposants énergiques pour progresser. Plus les détracteurs eront puissants, plus la réaction qu'ils provoqueront sera violente. C'est ce qu'on appelle « apporter de l'eau au oulin «. -- J'ai l'impression que mon moulin tourne vraiment à plein maintenant. -- De manière purement logique ou philosophique, il y aura souvent une tension dialectique entre deux concepts. -- Un exemple, s'il te plaît ! -- Si je réfléchis au concept « être «, je suis contraint d'introduire le concept contraire, à savoir « ne pas être «. Il est mpossible de réfléchir à ce qu'on est sans penser dans le même temps qu'on n'est pas éternel. La tension entre « être et « ne pas être « sera résolue dans le concept de « devenir «. Car pour que quelque chose devienne, il faut que ette chose à la fois soit et ne soit pas. -- Je comprends. -- La raison de Hegel est donc une raison dynamique. A l'image de la réalité qui n'est faite que de contrastes, il est logique qu'une description de la réalité soit contradictoire. Tiens, par exemple : on raconte que le célèbre chercheur en physique atomique, Niels Bohr, avait un fer à cheval au-dessus du pas de sa porte. -- Cela porte bonheur. -- Mais c'est de la pure superstition et Niels Bohr était tout sauf superstitieux. Un ami vint lui rendre visite un jour et rapporta la 312 conversation suivante : « Tu ne crois tout de même pas à ce genre de choses ? « dit-il. « Non, répondit Niels Bohr, ais je n'ai pas entendu dire que ça ne marche pas. « -- Ça me laisse sans voix. -- La réponse était assez dialectique, d'aucuns diraient même contradictoire. Niels Bohr déclara un jour qu'il existait eux types de vérités : les vérités superficielles où le concept opposé est faux de manière évidente et les vérités plus rofondes où le contraire peut aussi être juste. -- Quel genre de vérités ? -- Si je dis par exemple que la vie est brève... -- Eh bien je suis d'accord. -- Mais je peux à une autre occasion tendre mes bras vers le ciel et dire que la vie est longue. -- Tu as raison. C'est vrai aussi. -- Pour finir, tu vas entendre parler d'un exemple où la contradiction dialectique peut provoquer une action immédiate entraînant à son tour un changement. -- Je t'écoute. -- Imagine une fille qui n'arrêterait pas de répondre : « Oui, Maman «, « Bien, Maman «, « Comme tu veux, Maman «, Je le fais tout de suite, Maman «. -- J'en ai des frissons. -- Puis un jour la mère en a assez que sa fille soit obéissante à ce point et s'écrie, excédée : « Arrête de toujours dire ui ! « Et la fille de répondre : « Non, Maman ! « -- Moi, je lui aurais fichu une bonne paire de claques. -- Ah bon ? Et qu'aurais-tu fait si à la place elle avait répondu : « Oui, Maman « ? -- C'aurait été une drôle de réponse. Peut-être que je lui aurais fichu une paire de claques aussi. -- En d'autres termes, la situation est bloquée. La contradiction est tellement poussée à l'extrême que seul un vénement extérieur peut dénouer cette situation. -- Tu veux parler de la gifle ? -- Oui, mais il faut mentionner un dernier point à propos de la philosophie de Hegel. -- Je t'écoute, tu sais. -- Tu te souviens que nous avons dit que les romantiques étaient des individualistes. -- « Le chemin mystérieux va vers l'intérieur... « -- Eh bien cet individualisme rencontra sa « négation « ou sa contradiction dans la philosophie de Hegel. Ce dernier souligna l'importance des « forces objectives «, c'est-à-dire selon lui la famille 313 et l'État Bien sûr Hegel ne perdait pas de vue l'individu pris isolément, mais il l'incluait en tant que partie organique ans une communauté. La raison ou l'Esprit du monde ne se révèlent que dans les rapports des hommes entre eux. -- Explique-toi ! -- La raison se révèle avant tout dans la langue. Et nous naissons au monde avec une langue. La langue française peut rès bien vivre sans monsieur Dupond, mais monsieur Dupond ne peut pas vivre sans la langue française. Ce n'est pas 'individu qui crée la langue, mais bien la langue qui crée l'individu. -- Vu sous cet angle... -- De même que l'individu naît au monde dans une certaine langue, il naît aussi dans un certain contexte historique. t personne ne peut avoir une relation « libre « vis-à-vis de ce contexte. elui qui ne trouve pas sa place dans l'État est une personne antihistorique. Cette pensée était, tu t'en souviens, mportante pour les grands philosophes d'Athènes. Pas plus qu'on ne peut concevoir un État sans citoyens, on ne peut oncevoir de citoyens sans État. -- Je comprends. -- L'État, selon Hegel, est « plus « qu'un simple citoyen, voire plus que l'ensemble des citoyens. Il est impossible, elon lui, de s'abstraire de la société. Celui qui se contente de hausser les épaules quand on lui parle de la société dans laquelle il vit et qui préfère vivre « pour lui-même « est un imbécile. -- Je ne sais pas si je suis entièrement d'accord, mais bon. -- Ce n'est pas l'individu qui selon Hegel « vit pour lui- même «, mais l'Esprit du monde. -- L'Esprit du monde vit pour lui-même ? -- Hegel dit que l'Esprit du monde retourne à lui-même en trois étapes successives. Il entend par là que l'Esprit du onde prend conscience de lui-même en trois stades. -- Raconte ! -- Tout d'abord, l'Esprit du monde prend conscience de lui dans l'individu. C'est ce que Hegel appelle la raison subjective. Un degré supérieur est celui de la famille et de l'État, ce que Hegel appelle la raison objective parce que c'est une raison qui se révèle au contact des hommes entre eux. Mais il existe encore un dernier degré... -- Je suis curieuse de savoir ce que c'est. -- La plus haute forme de connaissance de soi, l'Esprit du monde l'atteint dans la Conscience absolue. La Conscience absolue, c'est l'art, la religion et la philosophie. Et, de ces trois domaines, la philosophie est la forme la plus élevée de a raison, puisque dans la philosophie l'Esprit du monde réfléchit à sa propre activité au cours de l'histoire. e n'est donc que dans la philosophie que l'Esprit du monde se 314 réalise, atteint la parfaite égalité avec lui-même. Tu peux aller jusqu'à avancer que la philosophie est le « miroir « de 'Esprit du monde. -- C'était tellement étrange, tout ce que tu viens de me dire, qu'il va me falloir un peu de temps pour digérer. Mais j'ai bien aimé la dernière image que tu as employée. -- Quand j'ai dit que la philosophie était le miroir de l'Esprit du monde ? -- Oui, c'était une belle image. Tu crois que ça a un rapport avec le vieux miroir en laiton ? -- Oui, puisque tu me poses la question. -- Qu'est-ce que tu veux dire ? -- Je pense que ce miroir a une signification particulière étant donné qu'il croise constamment notre chemin. Alors tu as peut-être une idée de ce qu'il signifie ? -- Non, non. Je dis simplement que le miroir ne pas sans arrêt s'il n'avait pas une signification particulière pour Hilde t son père. ais laquelle, ça, seule Hilde peut le savoir. -- C'était de l'ironie romantique ? -- C'est une question sans réponse, Sophie. -- Pourquoi ? -- Ce n'est pas nous qui menons le jeu. Nous ne sommes que les victimes sans défense de ce genre d'ironie. Si un nfant attardé gribouille quelque chose sur un papier, ce n'est pas le papier qui pourra te dire ce que représente le essin. -- J'en ai froid dans le dos. 315 Chapitre 28
histoire

« logique qu’une description delaréalité soitcontradictoire.

Tiens,parexemple :on raconte quelecélèbre chercheur en physique atomique, Niels Bohr, avait unfer àcheval au-dessus dupas desaporte. — Cela porte bonheur. — Mais c’estdelapure superstition etNiels Bohrétaittoutsauf superstitieux.

Unami vint luirendre visiteunjour et rapporta la 312 conversation suivante:« Tu necrois toutdemême pasàce genre dechoses ?» dit-il.

«Non, répondit NielsBohr, mais jen’ai pasentendu direqueçane marche pas.» — Ça me laisse sansvoix. — La réponse étaitassez dialectique, d’aucunsdiraientmêmecontradictoire.

NielsBohrdéclara unjour qu’il existait deux types devérités :les vérités superficielles oùleconcept opposéestfaux demanière évidente etles vérités plus profondes oùlecontraire peutaussiêtrejuste. — Quel genre devérités ? — Si je dis par exemple quelavie est brève... — Eh bien jesuis d’accord. — Mais jepeux àune autre occasion tendremesbras versleciel etdire quelavie est longue. — Tu asraison.

C’estvraiaussi. — Pour finir,tuvas entendre parlerd’unexemple oùlacontradiction dialectiquepeutprovoquer uneaction immédiate entraînantàson tour unchangement. — Je t’écoute. — Imagine unefillequin’arrêterait pasderépondre :« Oui, Maman »,«Bien, Maman »,«Comme tuveux, Maman », « Je lefais tout desuite, Maman ». — J’en aides frissons. — Puis unjour lamère enaassez quesafille soitobéissante àce point ets’écrie, excédée :« Arrête detoujours dire oui !» Et lafille derépondre :« Non, Maman !» — Moi, jelui aurais fichuunebonne pairedeclaques. — Ah bon ?Et qu’aurais-tu faitsiàla place elleavait répondu : « Oui, Maman »? — C’aurait étéune drôle deréponse.

Peut-être quejelui aurais fichuunepaire declaques aussi. — En d’autres termes,lasituation estbloquée.

Lacontradiction esttellement pousséeàl’extrême queseul un événement extérieurpeutdénouer cettesituation. — Tu veux parler delagifle ? — Oui, mais ilfaut mentionner undernier pointàpropos delaphilosophie deHegel. — Je t’écoute, tusais. — Tu tesouviens quenous avons ditque lesromantiques étaientdesindividualistes. — « Le chemin mystérieux vavers l’intérieur...

» — Eh bien cetindividualisme rencontrasa«négation »ou sa contradiction danslaphilosophie deHegel.

Cedernier souligna l’importance des«forces objectives »,c’est-à-dire selonluilafamille 313 et l’État BiensûrHegel neperdait pasdevue l’individu prisisolément, maisill’incluait entant quepartie organique dans unecommunauté.

Laraison oul’Esprit dumonde neserévèlent quedans lesrapports deshommes entreeux. — Explique-toi ! — La raison serévèle avanttoutdans lalangue.

Etnous naissons aumonde avecunelangue.

Lalangue française peut très bien vivre sansmonsieur Dupond,maismonsieur Dupondnepeut pasvivre sanslalangue française.

Cen’est pas l’individu quicrée lalangue, maisbienlalangue quicrée l’individu. — Vu sous cetangle... — De même quel’individu naîtaumonde dansunecertaine langue,ilnaît aussi dansuncertain contexte historique. Et personne nepeut avoir unerelation «libre »vis-à-vis dececontexte. Celui quinetrouve passaplace dansl’État estune personne antihistorique.

Cettepensée était,tut’en souviens, importante pourlesgrands philosophes d’Athènes.Pasplus qu’on nepeut concevoir unÉtat sans citoyens, onnepeut concevoir decitoyens sansÉtat. — Je comprends. — L’État, selonHegel, est«plus »qu’un simple citoyen, voireplusquel’ensemble descitoyens.

Ilest impossible, selon lui,des’abstraire delasociété.

Celuiquisecontente dehausser lesépaules quandonluiparle delasociété dans laquelle ilvit etqui préfère vivre « pour lui-même »est unimbécile. — Je ne sais passije suis entièrement d’accord,maisbon. — Ce n’est pasl’individu quiselon Hegel «vit pour lui-même »,mais l’Esprit dumonde. — L’Esprit dumonde vitpour lui-même ?. »

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