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L'illusion: cours de philo

Publié le 23/03/2015

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illusion

« Notre objet, dit Kant, n'est pas ici de traiter de l'apparence empi­rique... nous n'avons affaire qu'à l'apparence transcendantale' qui influe sur des principes dont l'usage n'est jamais appliqué à l'expérience — auquel cas nous aurions au moins une pierre de touche pour vérifier leur valeur —, mais qui nous entraîne nous-mêmes, malgré tous les aver­tissements de la Critique, tout à fait en dehors de l'usage empirique des catégories [ou concepts purs de l'entendement ; \"catégorie\" est un terme employé par Aristote] et nous abuse avec l'illusion d'une extension de l'entendement pur « (Critique de la raison pure, p. 252). Les catégories n'ont d'usage légitime qu'à l'intérieur des limites de l'expérience possible. Or Kant montre que l'illusion transcendantale a inévitablement tendance à outrepasser le champ de l'expérience. Quand bien même la Critique dénoncerait l'illusion, elle ne pourrait pas empêcher la tendance à l'illusion. « L'apparence transcendantale ne cesse pas, même après qu'on l'a découverte et que la Critique transcendantale en a clairement montré la vacuité... C'est là une illusion qu'il nous est impossible d'éviter..., 

Pour le savoir, examinons d'abord ce que l'on appelle l'illusion sensible, c'est-à-dire l'illusion qui intervient au niveau des sens. L'illusion d'optique en est un cas privilégié. Un bâton parfaitement droit, une fois plongé dans l'eau, m'apparaît cassé. Je sais bien que ce phénomène est dû à des lois optiques relativement simples, mais vais-je dire en le voyant que je me trompe et que je suis dans l'erreur ? De même, je sais pertinem­ment que le soleil n'est pas en réalité tel qu'il m'apparaît, mais là encore, suis-je dans l'erreur lorsque je perçois le soleil ainsi ? Pourrais-je d'ailleurs le percevoir autrement ? Dans une de ses Fables, La Fontaine a


repris ces deux exemples fort classiques'. Écoutons-le :

J'aperçois le soleil : quelle en est la Figure ? [la forme]

Ici-bas ce grand corps n'a que trois pieds de tour ;

Mais si je le voyais là-haut dans son séjour,

Que serait-ce à mes yeux que l'oeil de la Nature ?

Sa distance me fait juger de sa grandeur ;

Sur l'angle et les côtés ma main la détermine.

L'ignorant le croit plat : j'épaissis sa rondeur ;

Je le rends immobile, et la terre chemine.

Bref, je démens mes yeux en toute sa machine :

Ce sens ne me nuit point par son illusion.

Mon âme, en toute occasion,

Développe le vrai caché sous l'apparence ;

[...]

Quand l'eau courbe un bâton, ma raison le redresse :

La raison décide en maîtresse.

 

Fables, Livre VII, 18 : Un animal dans la lune

illusion

« L'illusion 17 A propos des thèmes de l'illusion et du jeu chez Nietzsche, nous conseillons la lecture de La Philosophie de Nietzsche, de Fink.

Toujours du même auteur, on lira avec fruit Le Jeu comme symbole du monde 1 (les deux ouvrages aux éditions de Minuit2).

Pour ce qui est de l'illusion transcendantale chez Kant, les élèves se reporteront à la Critique de la raison pure (P.

U.F., cf.

surtout p.

251 sq.) ou aux Prolégomènes à toute métaphysique future qui pourra se présenter comme science (Vrin).

On trouvera dans la Phénoménologie de l'esprit de Hegel (Aubier-Montaigne, cf.

surtout le tome P) , de très précieuses indications sur une dimension importante de l'illusion.

Pour savoir comment la psychanalyse apporte une contribution à la question de l'illusion, on lira /'Avenir d'une illusion, de Freud (P.U.F.).

Signalons aux élèves qui désireraient consulter le texte allemand que celui-ci existe dans une collection de poche: Die Zukunft einer Illusion (Fischer Taschenbuch Verlag volume n° 6054, avec Massenpsychologie und !ch Analyse).

On consultera la Phénoménologie de la perception de Maurice Merleau-Ponty (Gallimard, collection« Tel», cf.

en particulier l'introduction et la deuxième partie).

Nous suggérons de lire Les Illusions perdues de Balzac.

Ce roman offre en effet de merveilleux exemples qu'il serait judicieux d'analyser.

En ce qui concerne l'illusionnisme, indiquons le texte de J.

S.

Bhownagary : L'illusionnisme ou Magie blanche, in : Jeux et Sports, Encyclopédie de la Pléiade, Gallimard, p.

1021 à 1083.

Signalons enfin Effets et formes de l'illusion, Nouvelle Revue de Psychanalyse (n° 4, automne 1971, Gallimard).

Remarques sur le sujet La difficulté de ce sujet réside dans son apparente clarté.

En effet la tentation peut être grande de répondre immédiatement non à la question posée en assortissant cette réponse de simples exemples.

Si l'on procède ainsi, l'on ne tardera pas à tourner en rond.

Nous conseillons non seulement d'analyser, dans différents contextes, le concept d'« illusion», mais encore d'étudier, ne serait-ce que succinctement, le concept d'« erreur».

C'est même par l'étude de ce dernier concept que nous suggérons de commencer.

Ensuite, nous pensons qu'il serait bon de progresser de façon régulière dans l'analyse de l'illusion en partant de l'illusion sensible et de l'illusionnisme pour aboutir au rapport métaphysique entre le jeu et l'illusion.

l.

Sur la notion de jeu, prise en un sens très fort, il faut lire Le Jeu du monde de Kostas Axelos (éd.

de Minuit).

2.

Eugen Fink, mort en 1975, fut l'élève de Husserl.

On comparera ce que dit Fink sur le jeu chez Nietzsche avec ce qu'en dit Heidegger : cf.

Nietzsche (Gallimard, tome I p.

262 et tome II p.

305).

a.

Cf.

la nouvelle traduction de Jean-Pierre Lcfevre (Aubier) et celle de Gwendoline Jarczyk et Pierre-Jean Labarrière (Gallimard).. »

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