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FOLIE__________________________________________

Publié le 02/04/2015

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folie

FOLIE__________________________________________

Traditionnellement le fou de cour ou de théâtre (cf. Shakespeare) est ce personnage, autorisé à tenir un discours lucide et vérace que les conventions et les inhibitons interdisent aux princes et aux courtisans. Le statut d'un tel discours est ambigu. Reçu comme langage de la déraison, il est mis à distance par le rire ou le mépris qui disent son altérité radicale par rapport à une raison qu'il menace sournoi­sement. Mais il est aussi en de brefs instants reconnu comme le dévoi­lement d'une vérité qu'étouffe le carcan des gestes et des paroles habituelles. Une Histoire de la folie (Michel Foucault) montre comment la société a pris peu à peu «ses distances « vis-à-vis de ceux qu'on marque du nom de « fous «, « déments «, ou « insensés « : le premier « grand renfermement « des fous est contemporain du rationalisme cartésien. L'institution psychiatrique, l'asile, a été l'instrument moderne de cette mise à distance. L'interné l'est pour deux raisons :

1 — Son comportement ne correspond plus aux normes de vie dans notre société (étrangeté par rapport aux normes médico-légales, révolte contre la famille, « inadaptation au travail «, etc.).

 

2 — Son discours ne correspond plus aux normes du discours rationnel (il est en dehors des situations conventionnelles où il est permis de délirer : poésie, rêves, jeux de mots, etc.). En le considérant comme « malade «, on lui applique une thérapeutique visant à opérer sa réinsertion sociale. Le malade est pris en charge par un repré­sentant de la norme : policier, psychiatre, psychologue, éducateur ; il lui faut guérir et travailler. L'asile possède nécessairement une structure coercitive, c'est toujours le désir du malade qu'il s'agit d'occulter. En reconnaissant que la maladie est toujours posée comme déviation par rapport à un ordre social, on remarque qu'elle est inséparable de cet ordre. On peut dès lors envisager de rechercher la causalité de la « maladie « dans la structure sociale elle-même (cf. Deleuze et Guattari :« L'Anti-Oedipe «,Capitalisme et schizophrénie, 1972) ; dans cette perspective (Cooper, Laing, Estesson, Basaglia), il n'y aurait pas de solution possible au problème psychiatrique en dehors d'un changement de société. On peut néanmoins créer des lieux où la parole du psychotique est reçue : les entreprises de psychothérapie institutionnelle d'inspiration analytique répondent à cette optique (clinique de la Borde, école de Bonneuil, des Saumes). Le but thérapeutique n'y est pas la réadaptation, mais la ressaisie par le malade de son propre désir : ce que cherche le patient est un témoin et un support à cette parole étrangère qui s'impose à lui (Maud Mannoni).

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