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OBJECTIVITÉ

Publié le 02/04/2015

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OBJECTIVITÉ_______________________________

La notion d'objectivité est liée aux problèmes que les développements de la mécanique ont posé à la théorie de la connaissance. Pour la philosophie antique, comme pour la philosophie classique, l'objet de la connaissance, c'est sa matière, c'est-à-dire une certaine région de l'Erre ; les conditions dans lesquelles elle se déploie et se légitime, ne sont que le processus par lequel l'Etre arrive à la pensée.

La problématique de l'objectivité est en totale rupture avec cette problématique ontologique ; elle suppose qu'on ne qualifie pas d'objective la connaissance tirant sa vérité de son adéquation à une

réalité donnée. La physique galiléenne doit pour penser la réalité utiliser des instruments mathématiques, et donner un statut ontolo‑

gique équivalent aux corps, éléments auxquels le sens commun accorderait volontiers la qualité d'êtres réels, aux trajectoires, aux

poids, aux vitesses, parce que leur expression numérique doit être composable. La fiction cartésienne d'une étendue mathématique

constituant l'être de la matière ou la tentative leibnizienne d'identifier la substance à la force, ne sauraient tenir devant I.. mécanique newto‑

nienne posant des éléments qui, comme la gravitation, ont d'une part l'opacité d'un fait, et ne prennent d'autre part leur sens qu'au

sein d'une construction mathématique. C'est à partir de cette physique que la philosophie kantienne pose pour la première fois la question moderne de l'objectivité.

1. La mécanique newtonienne a le double caractère de se référer à une réalité indépendante du sujet individuel, et de poser des éléments de représentation, dont elle postule la validité, la nécessité et l'imiversalité. On ne sort pas du monde des représentations « empiriques «, et pourtant certaines d'entre elles seulement sont des connaissances et peuvent être dites objectives. Elles se distinguent des autres tant par leur coexistence dans une expérience que par la manière dont elles sont unifiées. La solution kantienne consiste à poser la dualité des éléments constitutifs de la représentation ; celle-ci provient tant de la forme concep­tuelle, que d'une donnée sensible. L'objectivité est déter­minée par ce qui peut apparaître au sujet de la connais­sance ; à ce sujet transcendantal duquel dépend l'universalité ainsi que la nécessité de la connaissance, correspond un objet transcendantal, forme déterminée a priori de ce qui peut nous être donné comme objet.

La thèse kantienne souffre d'un double défaut : plaçant la détermination de l'objectivité dans la structure du sujet, elle la ferme à l'histoire ; en en faisant la forme par laquelle la réalité est pensée comme phénomène, elle en postule l'unité.

2. La mécanique einsteinienne remet en question la détermi­nation des objets de la physique par des masses invariables évoluant dans un espace et un temps uniformes. La méca­nique quantique (de Broglie, 1924) en admettant la nécessité pour penser un phénomène comme la lumière de poser la dualité de sa nature comme onde (interférences) et comme particule (émission discontinue de l'énergie) récuse le rôle des images immédiates dans la pensée scientifique ; tandis que le principe d'indéterminisme de Heisenberg entraîne à concevoir la causalité sous une forme non classique. L'impossibilité à la fois logique et expérimentale d'unifier ces divers développements de la physique, et par conséquent de poser qu'ils se réfèrent à un même objet (cf. la distinction radicale entre macro et microphysique), conduit inéluctablement à distinguer ce qu'une science prend pour objet et ce qui constitue l'être de la réalité.

 

Cette situation nouvelle entraîne Bachelard à récuser l'éternité d'un sujet et d'un objet transcendantaux, et à reconnaître qu'« il faut désormais se placer au centre où l'esprit connaissant est déterminé par l'objet précis de sa connaissance, et où, en échange, il détermine avec plus de précision son expérience « : c'est admettre que la reflexion sur l'objectivité doit passer par l'étude de l'activité scienti­fique. Il s'ensuit qu'elle n'est pas donnée une fois pour toutes, et de façon universelle : une science déterminée délimite au cours de son histoire son ou ses objets, et la forme d'objectivité qui lui est propre.

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