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On pourrait parler aussi de Carlo Magno, ce personnage qui appartient également à l'histoire italienne : le roi des Francs n'a-t-il pas été le roi des Lombards qui vivaient à peu près là où se trouve aujourd'hui la Lombardie ?

Publié le 06/01/2014

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histoire
On pourrait parler aussi de Carlo Magno, ce personnage qui appartient également à l'histoire italienne : le roi des Francs n'a-t-il pas été le roi des Lombards qui vivaient à peu près là où se trouve aujourd'hui la Lombardie ? Contentons-nous de descendre le long de la côte méditerranéenne pour aller jusqu'à Rome, où eut lieu le grand événement de la vie de Charlemagne, on vient de l'écrire, durant la nuit de Noël de l'an 800. Voici donc un avatar de plus : Carolus Magnus - chez les successeurs de saint Pierre, on parle latin. Carolus a placé le Christ au centre de son action et de son empire, il est un des grands hommes de l'histoire du christianisme, mais son apport à celle-ci est ambiguë. L'Église en fera d'abord un saint : saint Charlemagne, le patron des écoliers et celui de l'université de Paris, où on le fête encore parfois. Mais la canonisation a eu lieu à un moment compliqué et elle sera tout bonnement annulée plus tard : celui qui y a procédé est un « antipape », c'est-à-dire un de ces pontifes intronisés d'autorité par les empereurs d'Allemagne quand ils voulaient se débarrasser des papes « officiels » du Vatican. On retrouve là un trait essentiel de l'histoire médiévale, la grande rivalité qui opposera durant des siècles la couronne et la tiare, l'empereur et le pape, le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel, pour savoir lequel devait avoir la prééminence sur l'autre. Cette rivalité prend sa source du vivant même de Charlemagne. On peut la dater précisément du fameux Noël. « L'empereur, disent ses biographes, est sorti furieux de la cérémonie. » Pourquoi ? En déposant la couronne sur la tête du roi sans le prévenir avant et en le faisant acclamer ensuite par l'assistance, le pape a voulu montrer que le pouvoir sacré de faire les empereurs lui appartenait. Charles aurait voulu l'inverse, se faire acclamer d'abord, puis couronner, pour montrer que sa dignité impériale était d'abord temporelle. D'ailleurs, s'il a décidé de bâtir sa capitale à Aix et non de s'installer à Rome, c'est bien pour montrer où est le vrai pouvoir. Dans les trois ou quatre siècles qui suivent, la querelle entre le trône et l'autel, entre le « sacerdoce et l'empire », comme on dira, n'en finit plus de se vider à coups de guerres, d'excommunications, de dépositions, d'humiliations publiques et de fausses réconciliations. Elle structure toute l'histoire du Moyen Âge dans la moitié de l'Europe. Il faudra attendre le xive siècle pour qu'un roi de France, ce petit provincial de l'autre rive du Rhône, soit devenu enfin assez puissant pour mettre son nez à son tour dans les affaires romaines. 6 Le partage de l'Empire carolingien ou les surprises de Verdun Les traités, les dates et la division du temps en périodes sont essentiels en histoire. Parfois, pour mieux comprendre la complexité des réalités historiques, on gagne aussi à s'en éloigner. Tentons-en l'expérience. Nous venons de parler de Charlemagne. Dans tous les bons livres, le chapitre qui suit s'impose : il traite de sa succession. Pour l'essentiel, elle se jouera en 843, lorsque ses héritiers réussiront enfin à se mettre d'accord sur le partage de son immense empire, en se retrouvant dans une petite ville qui est alors située en son centre : Verdun. Repères - 814 : mort de Charlemagne à Aix-la-Chapelle - 840 : mort de son fils et successeur, Louis le Pieux ; début de la lutte pour l'Empire entre ses trois fils - 842 : « Serments de Strasbourg », Louis le Germanique et Charles le Chauve jurent de rester unis contre Lothaire - 843 : traité de Verdun, partage de l'Empire carolingien entre les trois frères Le vieux chef franc est mort très vieux, cela présente un avantage : un seul de ses nombreux enfants lui survit. Il devient empereur à son tour, on l'appelle Louis le Pieux, ou Louis le Débonnaire. Les problèmes se posent à la génération suivante. Oublions les complexités de l'affaire, les fils qui ne sont pas du même lit, les clans aristocratiques qui se disputent derrière les prétendants, la guerre entre les héritiers qui commence du vivant même du pauvre Débonnaire et ne l'épargne pas : il est humilié, maltraité, détrôné puis remis en selle par ses propres enfants. Gardons l'essentiel. À sa mort, en 840, trois fils se disputent l'héritage : Lothaire, l'aîné, à qui a été promis la couronne impériale, et deux cadets, Louis, que l'on appellera bientôt Louis le Germanique, et Charles, surnommé le Chauve. Dans un premier temps, les deux cadets font alliance contre le plus vieux. En 841, à Fontenay-en-Puisaye, un petit village situé non loin d'Auxerre, dans l'Yonne, leurs troupes unies infligent une cuisante défaite à celles de Lothaire. Un an plus tard, en 842, à Strasbourg, Charles et Louis renouvellent leur promesse d'entraide mutuelle. Ce sont les « serments de Strasbourg » que nous possédons toujours, et qui sont encore essentiels pour une raison qui dépasse de loin les sombres querelles familiales des temps carolingiens. Les deux princes avaient tenu chacun à s'exprimer de façon à être compris par les soldats de l'autre. Les textes que nous gardons sont donc écrits en trois langues : le latin, qui était commun à tous, le tudesque, un ancêtre de l'allemand parlé dans la région du Rhin d'où venaient les troupes de Louis, et une langue romane, celle de l'armée de Charles le Chauve, que l'on peut considérer comme l'ancêtre du français. Tous les linguistes les connaissent : au titre de l'histoire des langues, ils sont d'une richesse incomparable. En 843, après bien des tractations entre les deux frères et l'aîné, après l'expertise pointilleuse d'un comité qui a évalué les ressources, les productions agricoles, les richesses en évêchés, en villes, en monuments, de chaque comté, de chaque province, les trois frères enfin réconciliés s'entendent sur un partage de ce qu'ils considèrent comme leur patrimoine. Ils viennent sceller l'accord dans une ville fort commode, située aux confins de leurs futures possessions respectives : Verdun. L'Empire est divisé en trois portions égales, découpées dans le sens nord-sud. À Charles le Chauve échoit la Francie occidentale, sise à l'ouest des quatre rivières dont on a déjà fait mention, l'Escaut, la Meuse, la Saône et le Rhône. Louis, qu'on appellera pour cette raison le Germanique, obtient la partie la plus à l'est, la Francie orientale - grosso modo, là où sont aujourd'hui l'Allemagne et l'Autriche. Et Lothaire garde la couronne impériale, et la capitale qui va avec, Aix-la-Chapelle, et reçoit une large bande médiane qui part des bouches du Rhin et descend jusqu'au centre de l'Italie où est l'autre pôle du pouvoir terrestre : Rome. En son honneur on appellera cette portion la Lotharingie - d'où vient, en français, notre Lorraine. Seulement Lothaire meurt vite, la malédiction de l'héritage se poursuit entre ses propres enfants et leurs oncles, ses frères, qui reprennent les querelles et se disputent les décombres de cette Francie médiane. Elles ne cesseront pas de si tôt. Voilà donc la configuration dont le traité de 843 pose les bases : à l'ouest, une entité que l'on appellera un jour le royaume de la France ; à l'est, une préfiguration de l'Allemagne, et entre les deux une succession disparate de provinces qui, des siècles plus tard, passeront de l'une à l'autre (l'Alsace par exemple), ou deviendront des États après avoir réussi à conquérir leur indépendance (la Suisse au Moyen Âge, la Belgique au
histoire

« 6 Le partage de l’Empire carolingien ou les surprises deVerdun Les traités, lesdates etladivision dutemps enpériodes sontessentiels enhistoire.

Parfois,pourmieux comprendre lacomplexité desréalités historiques, ongagne aussiàs’en éloigner.

Tentons-en l’expérience.

Nous venons deparler deCharlemagne.

Danstouslesbons livres, lechapitre quisuit s’impose : iltraite desasuccession. Pour l’essentiel, ellesejouera en843, lorsque seshéritiers réussiront enfinàse mettre d’accord surlepartage de son immense empire,enseretrouvant dansunepetite villequiestalors située enson centre : Verdun.

Repères – 814 : mortdeCharlemagne àAix-la-Chapelle – 840 : mortdeson filsetsuccesseur, LouislePieux ; débutdelalutte pour l’Empire entresestrois fils – 842 : « Serments deStrasbourg », LouisleGermanique etCharles leChauve jurentderester uniscontre Lothaire – 843 : traitédeVerdun, partagedel’Empire carolingien entrelestrois frères Le vieux cheffranc estmort trèsvieux, celaprésente unavantage : unseul deses nombreux enfantsluisurvit.

Il devient empereur àson tour, onl’appelle LouislePieux, ouLouis leDébonnaire.

Lesproblèmes seposent àla génération suivante.Oublionslescomplexités del’affaire, lesfils qui nesont pasdumême lit,les clans aristocratiques quisedisputent derrièrelesprétendants, laguerre entreleshéritiers quicommence duvivant même dupauvre Débonnaire etne l’épargne pas :ilest humilié, maltraité, détrônépuisremis enselle parses propres enfants.

Gardons l’essentiel.

Àsa mort, en840, trois filssedisputent l’héritage : Lothaire,l’aîné,àqui a été promis lacouronne impériale, etdeux cadets, Louis,quel’onappellera bientôtLouisleGermanique, et Charles, surnommé leChauve. Dans unpremier temps,lesdeux cadets fontalliance contreleplus vieux.

En841, àFontenay-en-Puisaye, unpetit village situénonloind’Auxerre, dansl’Yonne, leurstroupes uniesinfligent unecuisante défaiteàcelles de Lothaire.

Unanplus tard, en842, àStrasbourg, CharlesetLouis renouvellent leurpromesse d’entraide mutuelle. Ce sont les« serments deStrasbourg » quenous possédons toujours,etqui sont encore essentiels pouruneraison qui dépasse deloin lessombres querelles familiales destemps carolingiens.

Lesdeux princes avaient tenuchacun à s’exprimer defaçon àêtre compris parlessoldats del’autre.

Lestextes quenous gardons sontdonc écrits entrois langues : lelatin, quiétait commun àtous, letudesque, unancêtre del’allemand parlédanslarégion duRhin d’où venaient lestroupes deLouis, etune langue romane, celledel’armée deCharles leChauve, quel’onpeut considérer commel’ancêtre dufrançais.

Tousleslinguistes lesconnaissent : autitre del’histoire deslangues, ils sont d’une richesse incomparable. En 843, après biendestractations entrelesdeux frères etl’aîné, aprèsl’expertise pointilleuse d’uncomité quia évalué lesressources, lesproductions agricoles,lesrichesses enévêchés, envilles, enmonuments, dechaque comté, dechaque province, lestrois. »

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