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Alain - Propos sur le Bonheur ?

Publié le 03/11/2009

Extrait du document

alain

« On dit que la plupart des hommes tombent en quelque sorte à genoux sur la seule mention de l’argent. Je n’ai vu rien de tel. Je vois bien que les hommes ont besoin d’argent et s’occupent premièrement à en gagner ; cela veut dire seulement que l’homme mange au moins deux fois par jour, et choses semblables. Mais un homme qui ne pense qu’à manger et à gagner, cela est rare ; c’est une sorte de monstre. Et pareillement, celui qui ne pense qu’à étendre ses affaires, et à ajouter des millions à des millions est une sorte de monstre. Quant aux opérations intellectuelles que suppose cette manie d’acquérir, elles sont tellement communes et faciles que personne ne les jugera au-dessus de soi. Où donc courent les hommes dès qu’ils sont assurés de leur pâtée? Ils courent au stade, et ils acclament un homme fort, un homme agile, un homme courageux ; ce sont des valeurs qui ne s’achètent point, des valeurs estimées bien plus haut que l’argent. Ou bien ils vont au concert, et crient de tout leur coeur et casseraient les banquettes en l’honneur de quelque artiste ; et certes ils savent que le plus riche des hommes ne peut s’offrir cette gloire. Quant aux puissances de pur esprit, nul ne les méconnaît ; nul ne les mesure aux millions. Personne ne demande si Einstein est bien riche «.

Introduction :

On dit bien souvent que l’argent ne fait pas le bonheur, bien qu’il y contribue. Au-delà de ce simple aphorisme populaire c’est la question de la valeur intrinsèque d’une chose qui se fait jour. La question est donc de savoir ce qui réellement de la valeur et ce que l’on peut envier ou désirer. Est-ce l’argent ou autre chose ? L’argent est-elle la nouvelle idole moderne ? Alain s’inscrit en faux contre cette idée et c’est bien ce que l’ensemble du texte exprime. Ainsi, bien que l’on pense souvent que l’argent est une valeur suprême, on peut largement en douter et voir qu’il existe d’autres valeurs incommensurablement supérieures à l’argent comme la gloire, la connaissance et le génie. Dès lors, à l’aune d’une recherche de bonheur, l’activité appropriée est sans doute plus celle qui aura le plus de valeur que celle de moindre valeur. On peut dire alors que le texte s’articule autour de trois moments d’égale importance conceptuelle mais non visuellement : la thèse combattue (1èrepartie : du début du texte à « Je n’ai vu rien de tel «), la remise en cause de la valeur argent (2nd partie : de « Je vois bien que les hommes ont besoin d’argent « à « que personne ne les jugera au-dessus de soi «), enfin, la mise au jour d’une valeur supérieure (de « Où donc courent les hommes dès qu’ils sont assurés de leur pâtée ? « à la fin de l’extrait). C’est suivant ces trois points que nous entendons rendre compte du texte.

alain

« l'argent est superfétatoire et illusoire.b) Seconde concession, Alain reconnaît que les hommes ne sont pas simplement des animaux qui se satisfont de leurs besoins.

En ce sens, il y a sans doute une distinction fondamentale entre l'homme et l'animal même si elle estsous-jacente pour Alain ici.

L'homme est cet être qui désire au-delà du besoin.

Toute la stratégie argumentative deAlain est donc d'avancer lui-même les objections que l'on pourrait lui opposer afin de les prévenir et de les parerpour mieux en montrer le manque flagrant de fondement et de sens.

L'homme serait donc cet être rempli d'un videpour reprendre la thématique pascalienne du néant et des deux infinis.

L'homme se satisfaisant seulement de sesbesoins serait une sorte de monstre.

Outre le fait que c'était sans doute la ligne de conduite des cyniques grecs, iln'en reste pas moins que la monstration nous place dans le champ social.

Le monstre est celui qui doit être montreren tant qu'il est l'anormal c'est-à-dire littéralement celui qui échappe à la norme.

Or ici il s'agit bien d'une normesociale plus que biologique ; l'ermite n'est pas loin de ce monstre.c) Mais inversement, et c'est là que l'argument est retourné par Alain , l'avare qui est celui qui aime l'argent pour l'argent jusqu'à en entasser des sommes folles n'en demeure pas moins un monstre.

Il est en dehors du champ duraisonnable et du besoin.

Si le monstre qui n'en reste qu'au besoin se réduit à l'animal, l'avare est tout aussimonstrueux par son défaut en dénaturant son humanité.

Or son défaut est bien la marque d'un dépassement de lanorme telle que la société, c'est-à-dire la moyenne des comportements humains raisonnables peut comprendre etjustifier.

Cette monstruosité ne relève pas de l'ingéniosité selon Alain ce qui pourrait justifier un tel comportement.

Ils'agit d'opérations intellectuels très simples que chaque homme peut acquérir simplement.

Tout homme a donc ensoi la capacité de devenir multimillionnaires.

Pourtant tout le monde ne l'est pas.

Pourquoi ? Transition : Ainsi l'argent n'est pas une valeur en soi.

En suivant le raisonnement d'Alain on peut effectivement se demander sil'argent devait bien être ce gage de bonheur pourquoi tout le monde ne cherche pas à devenir milliardaire alors qu'ille peut ? III – La valeur intrinsèque du génie a) Alain de manière ironique s'interroge alors sur l'occupation que peuvent avoir ces personnes puisqu'elles n'ont pas la manie de l'appât du gain et qu'elles recherchent ou désirent au-delà des besoins ; d'où cette référencefamilière à la « pâtée » qui insiste bien sur l'idée de besoin fondamentale sans autre lien sensitif ou affectif.

Laréponse se trouve alors dans le divertissement, ce qui explique en partie notre référence précédente à Pascal et ses Pensées .

En effet, au-delà du besoin l'homme cherche à s'occuper.

Cette remarque a non seulement une portée sociale, mais aussi anthropologique et métaphysique.

Profondément ce que recherche l'homme est la distraction quilui offre la joie et du bonheur.

Mais le fond de l'argumentation de Alain est de voir que ce que l'homme recherche cesont les vrais valeurs, c'est-à-dire celles qu'il n'est pas aisé d'obtenir.

Ainsi l'argent n'en fait-il pas partiecontrairement au courage, à la force ou la vertu.b) L'argent n'est pas dénué de toute valeur mais elle en manque terriblement ou du moins n'a pas l'éclat et la valeurd'autres qui sont plus rares et difficiles à trouver.

Cependant, au-delà de cette recherche du divertissement, leshommes recherchent et honorent ce qui n'est pas commun ou qui relève du génie.

Et c'est bien ce qui expliquecette référence finale à Einstein.

La question n'est pas tant celle du divertissement que de la valeur que l'hommerecherche ou qu'il veut observer et envier.

L'homme riche peut certes faire envie au pauvre, mais aussi le génie.

Ormalgré tout l'or du monde, l'homme riche ne pourra prétendre être un génie, sauf cas exceptionnel.

Ainsi par cettegradation du stade avec ses vertus, au concert puis à l'esprit intellectuel, Alain semble indiquer que la vraie valeurse trouve non seulement dans les vertus, la culture mais surtout que la valeur suprême et intrinsèque est laconnaissance.

C'est en ce sens que cette gradation affirme la première fois une comparaison possible entre cesvaleurs et l'argent bien que celui-ci soit de moindre importance, l'impossibilité d'un rapport entre l'argent et la gloiremais surtout l'irrémédiable incommensurabilité entre l'argent et le génie de la connaissance d'un pur esprit. Conclusion : L'argent n'est pas l'objet de toutes les attentions des hommes.

S'il est nécessaire, il n'en reste pas moinssecondaire ou du moins sa valeur est largement inférieure au courage, à la force etc., à la gloire, mais surtout augénie de l'esprit.

Ainsi ce que l'on reconnaît comme une valeur intrinsèque est la puissance du génie et la valeur dela connaissance.

Dès lors, à l'aune de Propos sur le Bonheur, on peut saisir alors que l'homme doit tendre vers laconnaissance c'est-à-dire vers les richesses de l'esprit plutôt que vers les richesses matérielles.. »

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