L'art ne sert-il que de consolation ?
Publié le 16/03/2004
Extrait du document
Davantage, elles sont les seules choses à n'avoir aucune
fonction dans le processus vital de la société ; à proprement parler, elles
ne sont pas fabriquées pour les hommes, mais pour le monde, qui est destiné
à survivre à la vie limitée des mortels, au va-et-vient des générations. Non
seulement elles ne sont pas consommées comme des biens de consommations, ni
usées comme des objets d'usage : mais elles sont délibérément écartées des
procès de consommation et d'utilisation, et isolées loin de la sphère des
nécessités de la vie humaine"
Aristote
Le loisir, en revanche, semble contenir en lui-même le plaisir, le bonheur
et la félicité de vivre. Mais ce bonheur n'appartient pas aux gens occupés,
mais seulement à ceux qui mènent une vie de loisir : car l'homme occupé
travaille en vue de quelque fin, envisagée comme n'étant pas encore en sa
possession, alors que le bonheur est une fin, laquelle, au jugement de tous
les hommes, s'accompagne toujours de plaisir et non de peine. [...] On voit
ainsi clairement que certaines matières doivent être apprises et entrer dans
un programme d'éducation en vue de mener la vie de loisir, et que ces
connaissances et ces disciplines sont des fins en elles-mêmes, tandis que
celles qui préparent à la vie active doivent être regardées comme de pure
nécessité et comme des moyens en vue d'autres choses. Et c'est pourquoi nos
pères ont fait une place à la musique dans l'éducation, non pas comme une
chose nécessaire (elle ne l'est nullement), ni comme une chose utile (à la
façon dont la grammaire est utile pour gagner de l'argent, pour diriger une
maison, pour acquérir des connaissances et pour exercer de multiples
activités dans l'État, ou encore à la façon dont le dessin est réputé utile
pour mieux juger les oeuvres des artistes), ni non plus, comme la
gymnastique, en vue de nous procurer santé et vigueur (car nous ne voyons
aucun de ces deux avantages provenir de la musique) ; reste donc que la
musique sert à mener la vie de loisir, ce qui est la raison manifeste de son
introduction, car on la place au rang d'un passe-temps qu'on estime convenir
à des hommes libres. [...] On voit donc qu'il existe une forme d'éducation
dans laquelle les parents sont tenus d'élever leurs fils, non pas comme
étant utile ou nécessaire, mais comme libérale et noble.
Hegel
Éveiller l'âme : tel est,
dit-on, le but final de l'art, tel est l'effet qu'il doit chercher à
obtenir. C'est de cela que nous avons à nous occuper en premier lieu.
La conscience nous condamne à nous souvenir et à anticiper. Par ce fait, l’homme se retrouve rapidement confronté à l’idée de l’approche fatale de sa mort, il sait que cela ne peut être évité et cherche à pallier à cette mortalité par plusieurs succédanés. L’art en fait partie. C’est par l’art que l’homme peut expirer dépasser sa mort, son œuvre lui survivra probablement, il franchit sa propre frontière en laissant une trace, une sorte de prolongement de lui même. Cependant cette explication peut paraître morbide face à l’image positive que l’art inspire en général. Ne créons nous une œuvre uniquement pour pallier à une souffrance, celle de l’anticipation de notre propre mort?
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