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Boileau avant l'Art Poétique.

Publié le 27/04/2011

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   I. — Jeunesse de Boileau : son éducation, son frère Gilles Boileau. — Ses relations : Furetière ; sa Nouvelle Allégorique. — Le choix d'épigrammes de Nicole. — L'état de la littérature en 1660 : tragédie, comédie, romans, poésie précieuse et burlesque, épopées. Gloire de Chapelain.    II. — Les Satires : premiers essais de Boileau. Les attaques contre les écrivains : absence d'idée directrice. Publication des premières Satires (1666) : la polémique se précise ; les raisons de ses jugements.    I    Le Ier novembre 1636, un mois avant la représentation du Cid, dans l'île de la Cité, naissait à Paris Nicolas Boileau. Il était le quinzième enfant de Gilles Boileau, greffier de grand'chambre au Parlement de Paris. Il appartenait à une famille parisienne qui pouvait remonter jusqu'à un Jean Boileau, notaire royal, anobli en 1371.    Sa mère, Anne de Niellé, fille d'un procureur, seconde femme de son père, mourut quand Nicolas avait dix-huit mois. La tristesse d'une enfance privée de tendres soins ne paraît pas avoir altéré le caractère du petit Colin : il semblait devoir être fort doux. « Celui-là est un bon garçon, disait son père, qui ne dira jamais de mal de personne «. Prophétie que démentit bien l'avenir.

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« Par ce rappel des relations entretenues par Boileau avec Furetière, je n'entends pas faire supposer que celui-ci futnécessairement le guide littéraire du poète en quête de sa voie.

Furetière nous apparaît comme un symbole : il nousreprésente l'esprit, les tendances du moment : il y avait dans l'air un certain nombre d'idées que l'on admettaitvolontiers, et que l'on croyait pratiquer.

En fait, il y avait loin de la théorie à la réalité, et ce fut précisémentl'honneur de Boileau et le service qu'il rendit de reconnaître cette divergence et de ne s'embarrasser d'aucunrespect pour les renommées établies en exprimant violemment ses jugements. Dans sa thèse La formation de l'idéal classique, M.

Bray a fortement montré que toutes les idées que Boileau a faitsiennes ont été exprimées avant lui, se trouvent éparses en différents ouvrages.

Il n'est guère certain toutefoisque/jeune débutant, Boileau ait pâli sur des traités ou des préfaces qui n'avaient rien de bien vivant et d'attirant.

Ilse plaisait assurément davantage aux écrits d'un Régnier ou de ses maîtres Horace, Juvénal et Martial.

Or justementen 1659, parut à Paris, chez Claude Savreux, un recueil : Epigrammatum delectus, choix d'épigrammes qui dut bienattirer son attention.

Il était précédé d'une dissertation latine fort étendue et méthodiquement divisée en chapitres,intitulée : De vera pulchritudine et adumbrata in qua ex certis principiis rejectionis et selectionis Epigrammatumcausae reddentur : De la vraie et de la fausse beauté, où d'après des règles certaines de rejet et de choix on peutjuger des épigrammes.

Ce travail est généralement attribué au janséniste Nicole, qui déclare dans la préface avoir «puisé ces règles du goût non point dans son propre esprit ni seulement dans les livres des Anciens, mais, ce qui estde beaucoup préférable, dans les entretiens des hommes remarquables par leur culture générale et que leurexpérience de la vie mondaine éclairait sur la vraie politesse ».

On peut penser que Pascal est entre autres désignépar ces termes.

Il y a en effet des rapports frappants entre certaines remarques des Pensées et les idéesdéveloppées dans la dissertation. Mais il n'y a pas des rapports moins frappants entre ces idées et celles que Boileau marquera de son coin dans sesvers.

Il me paraît juste de citer certains passages qui nous prouveront qu'à ses débuts même, il trouvait formulél'essentiel de ses idées Dès les premières lignes, il est fait appel à la raison, comme seule capable de nous dirigeravec certitude : « Il est surprenant que les hommes même qui ont de l'érudition s'accordent si peu dans le jugement qu'ils font de labeauté des ouvrages d'esprit.

Il n'y a pas d'autre cause de cette contrariété que le peu de soin qu'on a de consulterla raison et de se régler sur des principes certains, chacun se tenant à ses préjugés et aux opinions qu'il aembrassées sans réflexion.

Il est arrivé de là que peu de gens se sont mis en peine de se former une idée du Beau,qui peut leur servir de règle dans leurs jugements.

Pour les déterminer en faveur d'un écrit, c'est assez qu'il aitdonné dans leur goût par quelque endroit : et néanmoins il n'y a rien qui nous trompe tant que cette manière dejuger, parce que la beauté fausse et apparente ne manque jamais de plaire à des esprits déjà prévenus de faussesopinions, ce que la vraie beauté ne fait pas ordinairement.

De là vient qu'il n'est rien de si difforme qui ne plaise àquelqu'un ; et rien au contraire de si universellement beau qui ne déplaise à quelque autre...

Pour nous tirer donc dela foule, et nous délivrer de l'inconstance des opinions, il faut recourir à la lumière de la raison.

Comme cette raisonest unique, simple et toujours certaine, elle nous fera découvrir le vrai beau dans les ouvrages d'esprit... La même raison, si nous la voulons suivre, nous conduira à la Nature.

C'est d'elle que nous apprendrons que leschoses sont universellement belles, lorsqu'elles s'accordent avec leur propre nature, de même qu'avec la nôtre... Il s'ensuit de là que la vraie beauté n'est ni changeante, ni passagère, mais certaine, constante et de tous lessiècles.

Car encore qu'il se trouve des esprits assez mal faits pour la dédaigner, ceux-là ne sont qu'en petit nombreet peuvent être ramenés à la vérité par la force de la raison ; au lieu que la fausse beauté, bien qu'elle trouvequelques amateurs, ne les retient pas longtemps, parce que la nature, qu'on ne peut entièrement effacer, leur endonne insensiblement le dégoût...

» (ch.

I). Nicole considère successivement l'harmonie, le choix des mots et les sentiments. La poésie, dit-il, n'est qu'un discours harmonieux. « Si c'est un grand défaut à un poète de négliger le plaisir des oreilles, puisque les vers n'ont été inventés que pourles flatter agréablement, ce n'en est pas un moindre de donner trop à ce plaisir.

Ceux qui n'ont d'autre vue que desatisfaire l'oreille tombent d'ordinaire dans ce vice et négligent le bon sens et la raison.

C'est de là que nous sontvenues tant de bagatelles pleines d'harmonie et vides de sens » (ch.

III). Dans l'expression, Nicole recommande de suivre l'usage, mais non la mode. « Il est naturel d'avoir de la répugnance pour les mots peu propres et inusités, et d'aimer au contraire ceux qui sontpropres et du bel usage : car dès là qu'une chose est opposée à la raison, elle blesse notre esprit.

Or il est contre laraison de rejeter des termes que l'usage nous présente pour nous servir de ceux que le même usage a bannis... Il faut seulement éviter de se servir de certaines locutions nouvelles, qu'on voit de temps en temps naître à la Couret dans les ruelles, et que l'usage n'a pas encore reçues ; car, ces nouveaux mots ont une trop courte durée pourmériter d'être employés dans un ouvrage solide, sans compter qu'ils font paraître une affection vicieuse, et qui ôtele poids et l'autorité à un discours sérieux » (ch.

V).. »

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