Les Chants de Maldoror
Publié le 07/04/2013
Extrait du document
«
«Je cherchais une â me qui me resse mblât, et je ne po uva is pas la
t rou ver .,.
/
EXTRAITS -------~
Dès le début du premier chant,
le lecteur est mis en garde
Lecteur, c'est peut-être la haine que tu veux
que j'invoque dans le commencement de cet
ouvrage
! Qui te dit que tu n'en renifleras
pas , baigné dans d'innombrables voluptés,
tant que tu voudras,
avec tes narines or
gueilleuses, larges et maigres,
en te renver
sant de ventre,pareil à un requin , dans l'air
beau
et noir, comme si tu comp renais l' im
portance de cet acte et l'importance
non
moindre de ton appétit légitime, lentement et
majestueusement, les rouges émanations
?
Le destin de Maldoror n'es t pas exempt
d'une certaine ironie
Il cacha son caractère tant qu'il put, pen
dant un grand nombre d'années; mais,
à la
fin,
à cause de cette concentration qui ne lui
était pas naturelle, chaque
jour le sang lui
montait
à la tête ; jusqu'à ce que, ne pou
vant plus supporter une pareille
vie, il se
jetât résolument dans la carrière du mal ...
atmosphère douce
! Qui l'aurait dit !
Lorsqu'il embrassait un petit enfant, au vi
sage rose,
il aurait voulu lui enlever les
joues avec un rasoir,
et il l'aurait fait très
souvent, si Justice, avec son long cortège de
chdtiments, ne l'en eût chaque fois empêché.
\.4, ...
·-...
-...
.::-.....:...~ -:
Maldoror cherche la vitalité nécessaire
à la révolte dans l'adolescence
Législateurs d'institutions stupides, inven
teurs d'une morale étroite, éloignez-vous de
moi, car
je suis une âme impar-
tiale.
Et vous,
jeunes adoles -
cents , ou
plutôt jeunes filles,
expliquez-moi comment et pour-
quoi (mais , tenez-vous
à une
convenable distance,
car, moi
non plus ,
je ne sais pas résister
à mes passions) la vengeance a
germé dans vos cœurs,
pour
avoir attac hé au flanc de l' hu-
manité une pareille couronne de
blessures.
Vous la faites rougir
de ses
fils par votre conduite,
(que, moi,
je vénère!) ; votre
prostitution, s'offrant au pre -
mier
ve nu, exerce la logique des
penseurs les plus profonds , tan-
dis que votre sensibilité exagé-
rée comble la mesure de la
stupéfaction de la femme elle
même .
Êtes-vous d'un
e nature
moins ou plus terrestre que celle
de vos semblables
?
Le mal qu'il incarne est une
force omniprésente presque invisible
C'était Maldoror.
Magnétisant les floris
santes capitales, avec un fluide pernicieux ,
il les amène dans un
état léthargique où
elles sont incapables
de se surveiller
comme
il le faudrait.
État d 'autant plus
dangereux qu'il n' e st pas soupçonné .
Aujourd 'hui
il est à Madrid ; demain il sera
à Saint-Pétersbourg ; hier il se trouvait à
Pékin .
Mais , affirmer exactement l' endroit
actuel que remplissent de te rreur les ex
ploits de ce poétique Rocambole est un tra
vail au-dessus des forces possibles de mon
épaisse ratiocination .
« C'est un homm e
o u une pie rre ou un arbre .•.
,.
NOTES DE L'ÉDITEUR
« On trouve chez Lautréamont ce refus de
la conscience rationnelle, ce retour à
l 'élémentaire qui est
l'une des marques des
civilisations
en révolte contre elles-mêmes .
Il ne
s'agit plus de paraître, par un effort
obstiné
de la conscience, mais de ne plus
être
en tant que conscience.
Toutes les créatures des
Chants sont
amphibies parce que Maldoror refuse la
terre
et ses limitations.
» Albert Camus,
L'Hom me révolté, Gallimard, 1951.
« De phrases de révolte en incantations
maléfiques, Maldoror,
cette" âme placée
entre les frontières
de la folie et les pensées
de fureur qui tuent d'une manière lente ",
poursuit son cheminement complexe.
Le
lecteur atterré s •interroge sur les raisons
d'une telle haine, autant qu 'il est surpris et
déconcerté en face d'un langage qui lui est
étranger, tant il remet en cause de façons de
penser , de sentir et de lire.
» Jérôme
Bancilhon,
Lautréamont , Œuvres poétiques
complètes,
Robert Laffont, 1980.
« Faire des phrases déclaratives sur
Lautréamont, construire le personnage qui
serait
l'auteur de ce pseudonyme, donner
un" sens" aux Chants,( ...
) c'est rester
dans un champ
de lecture que transforme
radicalement l'apparition
d'une écriture
comparable
à l 'invention d'une langue
inédite
qu'il est d'abord nécessaire
d'apprendre pour en
parler.
» Philippe
Sollers,
L ' Écriture et/' ex périen ce des
limites,
Seuil, 1968.
1 Poruait imoginaire pot F .
Vallotoo I coll .
Violle1 2.
3, 4 , S gravures de Salvador Dalf / 6d.
E.
&: C .
Braillard, Geœve.
197S LAUTRÉAMONT 02.
»
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