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Les Chants de Maldoror

Publié le 07/04/2013

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Le comte de Lautréamont, de son vrai nom Isidore Ducasse (né en 1846), publia en 1868 Les Chants de Maldoror. Mais il ne vit paraitre que le premier chant, l'éditeur retardant la publication de cette oeuvre par trop originale. Ducasse mourut en 1870, et ce n'est qu'en 1890, à la faveur d'une nouvelle édition, la précédente non encore écoulée, que l'on découvrit cette oeuvre d'exception.

« «Je cherchais une â me qui me resse mblât, et je ne po uva is pas la t rou ver .,.

/ EXTRAITS -------~ Dès le début du premier chant, le lecteur est mis en garde Lecteur, c'est peut-être la haine que tu veux que j'invoque dans le commencement de cet ouvrage ! Qui te dit que tu n'en renifleras pas , baigné dans d'innombrables voluptés, tant que tu voudras, avec tes narines or­ gueilleuses, larges et maigres, en te renver­ sant de ventre,pareil à un requin , dans l'air beau et noir, comme si tu comp renais l' im­ portance de cet acte et l'importance non moindre de ton appétit légitime, lentement et majestueusement, les rouges émanations ? Le destin de Maldoror n'es t pas exempt d'une certaine ironie Il cacha son caractère tant qu'il put, pen­ dant un grand nombre d'années; mais, à la fin, à cause de cette concentration qui ne lui était pas naturelle, chaque jour le sang lui montait à la tête ; jusqu'à ce que, ne pou­ vant plus supporter une pareille vie, il se jetât résolument dans la carrière du mal ...

atmosphère douce ! Qui l'aurait dit ! Lorsqu'il embrassait un petit enfant, au vi­ sage rose, il aurait voulu lui enlever les joues avec un rasoir, et il l'aurait fait très souvent, si Justice, avec son long cortège de chdtiments, ne l'en eût chaque fois empêché.

\.4, ...

·-...

-...

.::-.....:...~ -: Maldoror cherche la vitalité nécessaire à la révolte dans l'adolescence Législateurs d'institutions stupides, inven­ teurs d'une morale étroite, éloignez-vous de moi, car je suis une âme impar- tiale.

Et vous, jeunes adoles - cents , ou plutôt jeunes filles, expliquez-moi comment et pour- quoi (mais , tenez-vous à une convenable distance, car, moi non plus , je ne sais pas résister à mes passions) la vengeance a germé dans vos cœurs, pour avoir attac hé au flanc de l' hu- manité une pareille couronne de blessures.

Vous la faites rougir de ses fils par votre conduite, (que, moi, je vénère!) ; votre prostitution, s'offrant au pre - mier ve nu, exerce la logique des penseurs les plus profonds , tan- dis que votre sensibilité exagé- rée comble la mesure de la stupéfaction de la femme elle­ même .

Êtes-vous d'un e nature moins ou plus terrestre que celle de vos semblables ? Le mal qu'il incarne est une force omniprésente presque invisible C'était Maldoror.

Magnétisant les floris­ santes capitales, avec un fluide pernicieux , il les amène dans un état léthargique où elles sont incapables de se surveiller comme il le faudrait.

État d 'autant plus dangereux qu'il n' e st pas soupçonné .

Aujourd 'hui il est à Madrid ; demain il sera à Saint-Pétersbourg ; hier il se trouvait à Pékin .

Mais , affirmer exactement l' endroit actuel que remplissent de te rreur les ex­ ploits de ce poétique Rocambole est un tra­ vail au-dessus des forces possibles de mon épaisse ratiocination .

« C'est un homm e o u une pie rre ou un arbre .•.

,.

NOTES DE L'ÉDITEUR « On trouve chez Lautréamont ce refus de la conscience rationnelle, ce retour à l 'élémentaire qui est l'une des marques des civilisations en révolte contre elles-mêmes .

Il ne s'agit plus de paraître, par un effort obstiné de la conscience, mais de ne plus être en tant que conscience.

Toutes les créatures des Chants sont amphibies parce que Maldoror refuse la terre et ses limitations.

» Albert Camus, L'Hom me révolté, Gallimard, 1951.

« De phrases de révolte en incantations maléfiques, Maldoror, cette" âme placée entre les frontières de la folie et les pensées de fureur qui tuent d'une manière lente ", poursuit son cheminement complexe.

Le lecteur atterré s •interroge sur les raisons d'une telle haine, autant qu 'il est surpris et déconcerté en face d'un langage qui lui est étranger, tant il remet en cause de façons de penser , de sentir et de lire.

» Jérôme Bancilhon, Lautréamont , Œuvres poétiques complètes, Robert Laffont, 1980.

« Faire des phrases déclaratives sur Lautréamont, construire le personnage qui serait l'auteur de ce pseudonyme, donner un" sens" aux Chants,( ...

) c'est rester dans un champ de lecture que transforme radicalement l'apparition d'une écriture comparable à l 'invention d'une langue inédite qu'il est d'abord nécessaire d'apprendre pour en parler.

» Philippe Sollers, L ' Écriture et/' ex périen ce des limites, Seuil, 1968.

1 Poruait imoginaire pot F .

Vallotoo I coll .

Violle1 2.

3, 4 , S gravures de Salvador Dalf / 6d.

E.

&: C .

Braillard, Geœve.

197S LAUTRÉAMONT 02. »

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