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Comment devient-on ethnologue ?

Publié le 07/12/2011

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C'est une question qui ne se posait pas à la veille de la Première Guerre mondiale. Il y avait des « exploratéurs«, gens étranges dont Tartarin de Tarascon donne une image à peine caricaturée, et un journal qui leur était consacré. Le musée du Trocadéro, à qui le Louvre avait cédé, ne sachant qu'en faire, ses collections « exotiques «, passait pour une annexe du musée des monstruosités. Qui pouvait s'intéresser aux nègres ou aux Peaux-Rouges, aux Chinois ou aux Australiens ? En fait, l'ethnologie, comme science, est un peu née du hasard, comme beaucoup de sciences. La preuve en est l'histoire du docteur Paul Rivet auquel le Musée de l'Homme consacre jusqu'au mois de septembre, dans le hall d'entrée, une exposition rétrospective due à Mme Soustelle.· On y découvre non seulement un personnage hors du commun, à qui la recherche américaniste doit d'exister, non seulement en France mais dans le reste du monde, mais aussi un homme d'une rare qualité d'esprit, d'une profonde curiosité et d'une intelligence créatrice qui n'avait d'égale que sa modestie.

« tion, a vécu en Amérique presque toute la durée du conflit.

Il y a fait connaître l'œuvre de la France dans le domaine de la recherche américaniste, comme il a contribué à la formation de nouveaux chercheurs nationaux dont allait dépendre l'ex­ traordinaire évolution d'une discipline jusqu'alors peu connue, ou mème délaissée.

Des photographies, des lettres manuscrites, des articles, des documents divers, rassemblés ici pour la première fois, permettent d'évoquer la vie et l'œuvre de cet homme exceptionnel qui fut à la fois un savant, un écrivain, un professeur de talent, un homme politique mème, un orateur et un merveil­leux propagandiste pour son pays.

Cette exposi­ tion, visible dans le hall du Musée, fait partie des présentations régulièrement offertes au public, grâ­ ce auxquelles, pour la seule curiosité, il peut décou­ vrir un peuple, une culture, un art ou un homme.

Cette fois, il s'agit d'un homme.

On connaissait son nom ; on connaissait moins bien la réalité de son activité.

Il y a là de quoi éveiller des vocations.

Paul Rivet est mort en 1958.

A la recherche de l'Homme de Néandertal Le Néandertalien a été le premier fossile humain retrouvé.

Cela s'est passé en 1828, en Belgique.

D'autres individus du mème type ont été mis au jour par la suite, en particulier dans la vallée de Néandertal, aux environs de Düsseldorf en 1856.

Le type en ayant été nettement reconnu, défini, il prit le nom du site sur lequel il avait été découvert.

Depuis lors, de nombreuses autres découvertes analogues ont été faites, en particulier en France sur le gisement de la Ferrassie, en Dordogne, où les fouilles, qui n'ont jamais été interrompues depuis 1909, ont permis la découverte des restes d'un homme, d'une femme, de cinq enfants et d'un fœtus.

C'est à partir de l'étude de ce gisement uni­ que, dont la plupart des individus sont dans un état remarquable de conservation, que Jean-Louis Heim, professeur à l'Institut de Paléontologie humaine et maître assistant au Musée de l'Homme publie le premier volume d'une vaste enquète sur le sujet: Les hommes fossiles de La Ferrassie aux éditions Masson.

On sait que les Néandertaliens ont vécu approximativement entre les soixante- ~ quinzième et trente-cinquième millénaires.

Mais, s'ils appartiennent à la lignée de l'Homo sapiens, ils en constituent un cas à part, une variété qui ne devait pas avoir d'avenir.

Le Sapiens sapiens, qui est le dernier né de la longue évolution humaine, celui des dernières glaciations, celui qui engendre la grande civilisation paléolithique, sous-tendue d'une pensée dont la technique et l'art témoignent, prendra, non pas le relai, puisqu'il n'y a pas de relais à prendre, mais la direction du monde.

C'est lui le gagnant.

Néandertal est le vaincu.

Pourquoi? Physiquement, il ne diffère guère de nous.

Sa taille oscille autoure d'un mètre soixante-dix ; il semble assez trapu, fort, musclé.

C'est la tète qui diffère.

Celle du Néandertal est beaucoup plus grosse que la nôtre, avec un crâne singulièrement développé ; l'os maxillaire est puissant, les bourre­ lets sus-orbitaire fortement accentués.

Le mystère de ce frère à la lignée avortée reste entier.

Pourquoi n'a-t-il pas «réussi» dans la vie ? Ce qui est proba­ ble, c'est qu'on a affaire, avec lui, à un rameau parallèle à celui du Sapiens sapiens, de mème père, l'Homme de Mauer, ou Homo erectus qui apparaît vers 700 000, celui qu'on appelle le Pithécanthro­ pe.

Les découvertes qui s'echelonnent autour du stade des cent mille ans avant notre ère font appa­ raître l'existence de deux groupes humains, proches et différents, celui qui deviendra le Néandertal et celui qui sera le Sapiens sapiens.

S'il y a eu des métissages, comme le laissent penser quelques découvertes faites récemment en Palestine, ils n'ont été qu'épisodiques.

Ce qui est certain, c'est que vers trente mille ans avant notre ère, le rameau néander­ talien a entièrement disparu.

Cette disparition, que rien, au fond, ne permet de comprendre, a été expli­ quée de différentes manières.

L'homme de Néan­ dertal aurait, par exemple, été particulièrement adapté aux climats froids, comme certains ani­ maux vivant à son époque, et l'extraordinaire déve­ loppement de ses sinus, justement en rapport avec le climat, ne lui aurait pas permis de survivre à des températures plus· élevées ...

C'est un peu de la science-fiction.

On a avancé d'autres hypothèses.

La plus intéressante considère que l'Homo sapiens sapiens, mieux adapté aux temps nouveaux, plus apte à se batt~e contre le gros gibier, plus inventif dans le domaine industriel, a tout simplement éli­ miné son rival néandertalien, mème sans lui faire la guerre, par la seule loi de la survie.

Le malheureux Néandertalien a été un peu la risée des préhistoriens pendant plusieurs généra­ tions.

Il est temps de revenir sur cette idée.

Le frère du sapiens était doué, intelligent ; il savait fabri­ quer des armes et des outils d'une précision et d'une perfection qui ne déméritent en rien des œuvres de son vainqueur.

Il avait déjà une pensée métaphysique, comme le montrent les tombes retrouvées, avec les corps couchés dans la position du chien de fusil, selon une certaine orientation, avec un décor qui alliait les pierres et les os, et utili­ sait aussi, comme dans un site irakien, Shanidar, des fleurs, dont on a retrouvé les pollens.

On a parlé ici de la survie possible du Néandertal dans certaines régions perdues au monde ; la question reste posée.

Qui pourrait croire que la préhistoire est une discipline austère ?. »

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