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Ce que la communication va changer à l'information.

Publié le 29/04/2011

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Nous vivons actuellement une mutation dont les répercussions seront profondes sur nos modes de consommation de l'information : le passage d'une société d'information à une société de communication. La première débute avec l'imprimerie et se poursuit avec l'édition, les journaux et magazines, la radio, le cinéma et la télévision. Sa structure est pyramidale : l'information part du sommet pour atteindre la base, les acheteurs, qui la reçoivent de manière passive. Dans la société de communication, l'accent est mis sur les réseaux interpersonnels et l'accès sélectif aux informations. Chacun peut en être à la fois le producteur et le consommateur, grâce notamment aux nouvelles technologies. Dans la société d'information, la monotonie peut résulter de plusieurs facteurs combinés. L'information est calibrée pour la plus grande masse possible d'acheteurs, ce qui nivelle évidemment les styles et les contenus. (...) Qu'est-ce qui émerge du bruit de fond ? Dans le langage des ingénieurs des communications, l'information est un « signal « sur un bruit. Afin d'améliorer le rapport signal/bruit, on peut soit réduire le bruit de fond, ce qui est difficile, soit renforcer le signal. D'où l'importance, dans les médias, des titres, des « scoops «, des « petites phrases «, des controverses, des polémiques qui relancent l'information, assurent un suivi et fidélisent le lecteur. La variété sur fond de routine est une des clés de l'actualité. Elle se nourrit à plusieurs sources et s'inspire de différents modèles. Pourquoi les enfants aiment-ils tant les « clips « publicitaires? Parce que le message est court, clair, vivant, varié, original, souvent drôle, facile à retenir. Tous les attributs d'une bonne information. La répétition d'un même thème ajoute à l'intérêt car on s'attend à certains effets. La petite phrase, sorte de slogan politico-publicitaire « lâché « — mais parfois soigneusement préparé — par une personnalité politique, s'inscrit dans cette logique... Elle se distingue du bruit de fond, et possède donc, à ce titre, toutes les qualités d'une « information « au sens que lui donnent les ingénieurs de la communication. (...) Un autre moyen de créer artificiellement de la variété est représenté par le hit-parade. Hit-parade des hommes politiques, des films, des livres, des villes, des acteurs... Formule également inépuisable : faire du neuf avec du répétitif. Mais il y a aussi, malheureusement, le sinistre attrait de la «mort en direct«... Otage exécuté devant les caméras; aviateur dont le parachute ne s'ouvre pas ; personne sautant du vingtième étage d'un hôtel en feu. La répétitivité de la mort des autres est le moyen d'évacuer l'angoisse de la nôtre. Moment unique et singulier, pourtant mille fois éprouvé par personnes interposées. Comme le dit Michel Serres (l), il n'y a dans la vie que deux instants qui comptent : maintenant et l'instant de notre mort. Maintenant, c'est ce que l'on peut « tenir dans sa main «. L'instant de sa mort, celui où le temps s'arrête. Le reste coule comme l'eau. Pour décrire un moment particulier, il faut le choisir par rapport à un système de valeurs, différent selon chacun. Pour les médias modernes, le « maintenant « c'est l'actualité la plus brûlante. L'autre temps, celui de la mort, c'est la répétition de celle des autres. Sommes-nous toujours dupes de ces artifices? Peut-on réduire la distorsion entre information bruit de fond et information artificielle ? Dans le contexte actuel de la société d'information, modifier un tel état de fait paraît utopique, voire naïf. Mais d'autres systèmes se mettent en place : les structures pyramidales de la société d'information sont doublées par les structures en réseaux de la société de communication. L'information n'est plus seulement « descendante «, elle remonte à plusieurs niveaux, elle s'échange « horizontalement « entre créateurs et consommateurs d'information. Aidés en cela par les nouveaux moyens de communication individuels, Minitel, micro-ordinateurs et réseaux télématiques grand public; et, bientôt, réseaux câblés en fibres optiques... Au lieu de l'homogène adapté au plus grand nombre, c'est à une explosion de la variété que nous allons progressivement assister : pour tous ceux qui pratiquent déjà la télématique grand public, de nouveaux espaces sont à conquérir, où idées et talents compteront bientôt plus que pouvoir ou statut social. Les créations des uns pourront être portées à la connaissance des autres. L'information mutuelle sur les sujets les plus divers, les échanges de services trouveront dans ces réseaux des bases nouvelles de développement. Joël de Rosnay, L'Expansion, 11 janvier 1985. Vous résumerez le texte en 180 mots. Une marge de 10 % en plus ou en moins est admise. Vous indiquerez à la fin de votre résumé le nombre de mots employés. Expliquez le sens dans le texte des expressions suivantes : — l'accès sélectif aux informations ; — réduire la distorsion. Pensez-vous que l'information, qu'elle soit écrite, radiodiffusée ou télévisée, consiste seulement à « faire du neuf avec du répétitif « ?  

(1) Michel Serres : philosophe contemporain.   

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