Connaître l'avenir
Publié le 01/04/2012
Extrait du document
La question de l'au-delà est immanente à toute religion. La caractérisation de cet « àvenir après la mort « est au coeur des problématiques religieuses. Il est en effet une interrogation essentielle de l'homme : celle de son à-venir, des choses futures qui (lui) adviendront, et les religions, quelle que soit leur réponse, lui donnent à voir une conception de cet avenir. La présence des prophètes et des oracles, mais aussi la recherche scientifique
(physique, biologie) sont autant de signes de notre constante volonté de connaître l'avenir. Notre quête de vérité semble orientée vers cette même connaissance. Car, en effet, selon le physicien déterministe Pierre-Simon de Laplace (17491827), si nous connaissions pour un instant donné « toutes les forces dont la nature est animée, et la situation respective des êtres qui la composent […], rien ne serait incertain pour [nous] et l’avenir [...] serait présent à [nos] yeux. « (Essai philosophique sur les probabilités, Introduction)....
«
Héloïse Hervieux LS3
*
« Connaître » vient du latin narrare , qui signifie « (faire) connaître, raconter ».
La
connaissance constitue donc dans un premier temps la capacité à parler d'un objet, à le
définir et à le décrire.
Mais l'avenir semble s'opposer pour deux raisons à sa saisie par le
langage.
Tout d'abord, ce qui est à venir est aussi à être, et par conséquent n'est pas encore.
Comment alors parler de ce qui n'est pas, comment raconter le néant ? Le vide, pure
absence, est indicible, ineffable.
S'il peut être intuité, il semble résister au langage.
Ensuite,
l'avenir est un temps, il est une partie du temps ; or, pour parler du temps il faut être dans le
temps : parler du temps prend du temps...
Notre existence dans le temps nous met donc
dans une position difficile : nous cherchons à parler de ce en quoi toutes nos actions,
jusqu'à notre parole, sont inscrites.
Le temps se déploie à mesure que nous tentons de
l'appréhender, de le comprendre ; nous voulons saisir l'instant : un mot et il n'est déjà plus ;
que dire alors de l'avenir ! Nous ne pouvons rien en dire, sinon qu'il n'est rien ; pour qu'il
soit, il faut qu'il soit présent ; s'il est présent, il n'est plus à venir.
Nous parlons de l'avenir
et il est déjà passé...
Il apparaît donc que l'avenir échappe à toute discursivité ; mais connaître, c'est aussi
pré-voir.
Pouvoir parler d'un objet, l' « avoir présent à l'esprit » (l'une des définitions de
« connaître » dans Le Petit Robert ), c'est pouvoir en faire le tour ; il faut que l'objet,
littéralement, se pro-stitue, c'est-à-dire qu'il se tienne devant nos yeux, ou notre conscience.
Mais se tenir hors de, c'est précisément exister ; et le temps existe-t-il ? Si l'on s'en tient à
la définition augustinienne du temps, « le passé n'est plus, l'avenir n'est pas encore »
( Confessions , XI, 14), et seul le présent est en quelque sorte, bien qu'il n'ait « aucune
étendue » et que « sa seule raison d'être [soit] de n'être plus ».
Dès lors, peut-on dire que
l'avenir est un objet possible de connaissance ? Et comment expliquer que certains
« voient » l'avenir (oracles, prophètes...), ou que tout simplement nous nous y projetions ?
Il y a bien en effet un phénomène de la conscience dont nous pouvons tous faire
l'expérience : nous pensons les choses à venir ; car comment nommer ces moments
d'espoir, d'attente, de désir, de peur, de projection, de prévention ou de prévision, sinon des
phénomènes présents d'appréhension par la pensée d'un avenir plus ou moins proche et
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