La décadence chez Baudelaire
Publié le 07/09/2013
Extrait du document
Ce serait une grave erreur de considérer cette «modernité«
comme l'expression d'une adhésion à une époque dont Baudelaire
détestait la vulgarité. En se laissant imprégner par le
charme d'un moment éphémère et voué à l'oubli, le poète,
pas plus que le peintre, n'a voulu témoigner en faveur de
!'Histoire. Le geste qui extrait un bref morceau de cette
histoire est un geste d'agression et non de consentement. Ce
n'est pas cette réalité en elle-même qui l'intéresse, c'est le
processus de métamorphose à l'oeuvre dans le temps. Ce n'est
pas la durée qui captive son regard, c'est le passage.
«
recherche de la vérité, enclose sous l'apparence faussement
stable et sécurisante de la vie, a besoin pour capter son objet
de la lumière du soir, celle du dernier rayon du
«soleil qui se
couche
»11• Le peintre et le poète de la modernité ne sont pas
les prophètes de l'avenir,
ils sont les témoins extasiés et dé
senchantés du dernier éclat d'une humanité mourante, de ce
que l'on appellera plus tard
«la décadence»:
«Mais
le soir est venu.
C'est l'heure bizarre et douteuse
où les rideaux du ciel se ferment, où les cités s'allument.
Le gaz fait tache
sur la pourpre du couchant.
Honnêtes
ou déshonnêtes, raisonnables ou fous, les hommes se
disent:
"Enfin la journée est finie!" Les sages et les
mauvais sujets pensent au plaisir, et chacun court dans
l'endroit de son choix boire la coupe de l'oubli.
M.G.
restera
le dernier partout où peut resplendir la lumière,
retentir la poésie, fourmiller la vie, vibrer la musique;
partout où une passion peut
poser son œil, partout où
l'homme naturel et l'homme de convention se montrent
dans une beauté bizarre, partout où le soleil éclaire les
joies rapides de
l'animal dépravé! "Voilà, certes, une
journée bien remplie", se dit certain lecteur que nous
avons tous connu, "chacun de nous a bien assez de génie
pour la remplir de la même façon." Non! peu d'hommes
sont doués de la faculté de voir; il y en a moins encore
qui possèdent la puissance d'exprimer.
Maintenant, à
l'heure où les autres dorment, celui-ci est penché
sur sa
table,
dardant sur une feuille de papier le même regard
qu'il attachait tout à l'heure sur les choses, s'escrimant
avec son crayon, sa plume, son pinceau, faisant jaillir
l'eau du verre au plafond, essuyant sa plume
sur sa
chemise, pressé, violent, actif, comme s'il craignait que
les images ne lui échappent, querelleur quoique seul, et
se bousculant lui-même.
Et les choses renaissent sur le
papier, naturelles et plus que naturelles, belles et plus
que belles, singulières et douées d'une vie enthousiaste
comme l'âme de l'auteur.
La fantasmagorie a été ex
traite de la nature.
Tous les matériaux dont la mémoire
s'est encombrée se classent, se rangent, s'harmonisent et
subissent cette idéalisation forcée qui est
le résultat d'une perception enfantine, c'est-à-dire d'une percep
tion aiguë, magique à force d'ingénuité!»
La restitution de cette beauté fugitive qui est le fruit de la vie
moderne n'est pas une reproduction mécanique, elle met en.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Texte d’étude : Charles Baudelaire, « L’Ennemi », Les Fleurs du Mal (1857): Le temps mange-t-il la vie ? (HLP Philo)
- Analyse linéaire Bac Français A une passante de Baudelaire
- explication linéaire charogne baudelaire
- Baudelaire, A un passante, analyse linéaire
- Le poison, Charles Baudelaire