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Descartes: désir et liberté

Publié le 11/01/2004

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Il me semble que l'erreur qu'on commet le plus ordinairement touchant les désirs est qu'on ne distingue pas assez les choses qui dépendent entièrement de nous de celles qui n'en dépendent point: car, pour celles qui ne dépendent que de nous, c'est-à-dire de notre libre arbitre, il suffit de savoir qu'elles sont bonnes pour ne les pouvoir désirer avec trop d'ardeur, à cause que c'est suivre la vertu que de faire les choses bonnes qui dépendent de nous. Et il est certain qu'on ne saurait avoir un désir trop ardent pour la vertu, outre que ce que nous désirons en cette façon ne pouvant manquer de nous réussir, puisque c'est de nous seuls qu'il dépend, nous en recevons toujours toute la satisfaction que nous en avons attendue. Mais la faute qu'on a coutume de commettre en ceci n'est jamais qu'on désire trop, c'est seulement qu'on désire trop peu ; et le souverain remède contre cela est de se délivrer l'esprit autant qu'il se peut de toutes sortes d'autres désirs moins utiles, puis de tâcher de connaître bien clairement et de considérer avec attention la bonté de ce qui est à désirer.

Le problème est posé à partir de l'erreur et de la faute signalées par DESCARTES. Le texte semble répondre à la question suivante : la faute, relativement à la vertu, consiste-t-elle à trop désirer, à désirer trop  ardemment ? La vertu consiste-t-elle par conséquent en une simple limitation, ou modération, de nos désirs ?    La réflexion de DESCARTES contribue à déplacer la problématique morale de telle manière que la nécessité de la connaissance se substitue à celle de la modération.    Le problème est donc, pour DESCARTES, de savoir comment la connaissance intervient dans la constitution de la vertu : le savoir est-il déterminant, comme le pensait PLATON ?  

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« L'auteur reformule cette idée sous la forme suivante : l'on ne saurait trop désirer la vertu.

Celle-ci consiste en effetà faire les choses bonnes, ces dernières étant l'objet d'un savoir qui dépend de nous. DESCARTES ajoute ensuite un argument supplémentaire.

On ne saurait trop ardemment désirer les choses bonnes,car un tel désir est récompensé par la satisfaction. La vertu ne consiste pas en un devoir austère, mais elle conditionne la plus grande satisfaction qui soit, celle dontnous sommes seuls les artisans. L'auteur peut ensuite présenter sa thèse : la faute n'est pas de trop désirer dans une logique purementquantitative, mais de désirer trop peu ce que l'on sait être un bien. La conception de la vertu s'en trouve précisée.

La régulation des désirs est toujours présente, dans larecommandation cartésienne de se délivrer l'esprit de désirs inutiles. Mais la tâche la plus urgente revient à l'entendement, à la connaissance : il s'agit de connaître l'objet du désir, d'enconnaître la bonté, tâche qui dépend de nous, pour le désirer ensuite et faire effort vers lui. Si la vertu est bien affaire d'effort, de désir, de volonté, la clef en est détenue par l'entendement.

Il suffit, ditDESCARTES dans un texte célèbre, de bien juger pour bien faire. Si la faute désigne une défaillance de la volonté, elle s'enracine donc toujours dans une erreur qui consiste à seméprendre sur ce qui nous est véritablement bon et utile. B - PROBLEMATIQUE On pouvait souligner le paradoxe cartésien.

Souvent, l'on tient pour vertu la capacité à borner ses désirs, lapauvreté des désirs. Ainsi, pour EPICURE, est riche celui qui est pauvre en désirs.

Aussi s'étonnera-t-on de voir DESCARTES tenir pourfaute que l'on désire trop peu. Mais il ne parle pas de tous les désirs, du désir en général, mais du désir qui dépend de notre libre-arbitre.

Un teldésir ne s'impose pas à nous.

Il n'est pas de nature instinctive ou immédiate.

Il est au contraire le prolongementd'un acte de l'entendement qui me fait juger une chose bonne.

En effet, l'on ne saurait trop désirer son bien. C'est toute la complexité de l'analyse morale cartésienne qu'on trouve ici.

Il ne suffit pas de connaître le bien pour lefaire, contrairement à ce que pensait PLATON.

La volonté joue un rôle, et même le plus grand. Reste que la volonté doit se porter sur les objets que l'entendement désigne à son attention et dont il s'est aupréalable assuré de la bonté.

C'est la conception cartésienne de la générosité qui est ici esquissée. V - QUELQUES REFERENCES POSSIBLES - PLATON, Gorgias - EPICURE, Lettre à Ménécée - EPICTETE, Manuel - DESCARTES, Correspondance avec Elisabeth et Traité des passions VI - LES FAUSSES PISTES Ne pas voir la nature paradoxale de la thèse cartésienne.Comprendre "les choses qui dépendent de nous" comme l'introduction d'un principe arbitraire dans la moralité, telleque la conçoit DESCARTES. VII - LE POINT DE VUE DU CORRECTEUR Texte relatif à la philosophie morale.

L'absence d'exemples et d'illustrations laisse apparaître une simple charpentethéorique, dont la problématique ne pouvait être repérée que grâce à un minimum de connaissances en la matière.Somme toute, ce texte était assez difficile à traiter.. »

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