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Désirer est-ce renoncer à la raison ?

Publié le 27/02/2008

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Car le vulgaire est incapable de voir en quoi consiste le vrai mal de la passion et du plaisir. Celui-ci n'est pas un effet de la passion, qui serait à son tour une passion, comme la souffrance ou la tristesse accompagnant les conséquences de l'excès d'un plaisir, mais tient à la nature ontologique de la passion et du plaisir eux-mêmes. En effet, toute passion, en fonction même de son intensité, fait croire à l'être et à la vérité de son objet. Un courtisan considérera la faveur du roi comme le bien le plus réel de tous, bien qu'il ne soit que vanité. La condamnation de la passion ou du plaisir n'est donc pas l'effet d'un quelconque « moralisme » mais a pour seul motif leur puissance falsificatrice. Car la violence de la passion dote d'une pseudo-consistance ontologique des objets qui sont ceux du corps, c'est-à-dire sensibles. C'est ainsi que le tyran qui est le plus esclave de tous (de ses désirs) s'imagine que son pouvoir est réel. C'est pourquoi le plaisir et la peine sont comme un « clou » qui attache l'âme au corps, c'est-à-dire font du corps et de ses passions comme la mesure de la vérité et de l'être. Pour Platon, l'attachement de l'âme au corps et sa délivrance ne prennent sens que rapportés à la destinée essentielle de l'âme : être à proximité de la vérité.   « Je m'aperçois qu'un désir violent te pousse aux plaisirs de l'amour.

« puisqu'elles sont non seulement inutiles, mais nuisibles. Dans d'autres textes, Epicure distingue parmi les plaisirs , ceux qui sont naturels et nécessaires, ceux qui sont naturels mais non nécessaires, et enfin ceux qui ne sont ni naturels et non nécessaires.

Or, le sagerecherche les premiers et méprise les autres.

L ‘épicurisme est donc une morale du plaisir, mais dans les limitesdu simple besoin ; sa finalité est l'ataraxie ; sa méthode consiste à se contenter de peu, à ne désirer que cequi est nécessaire, et à fuir tout ce qui peut stimuler des impulsions artificielles et excessives, comme nous yinvite la fin de notre texte.

Contrairement à une réputation infondée, la morale épicurienne est doncincompatible avec les passions. [La raison est soumise aux passions.] Dans son Traité de la nature humaine, Hume observe que «rien n'est plus habituel en philosophie, etmême dans la vie courante, que de parler du combat de la passion et de la raison, de donner lapréférence à la raison et d'affirmer que les hommes ne sont vertueux que dans la mesure où ils seconforment à ses décrets.

Toute créature raisonnable, dit-on, est obligé de régler ses actions par laraison ; si un autre motif ou un autre principe entre en lutte pour diriger sa conduite, elle doit lecombattre jusqu'à complète soumission ou du moins jusqu'à ce qu'il soit amené à un accord avec ceprincipe supérieur» (Aubier, II, p.

522).

Or ce que Hume dit des passions vaut également pour les désirs.Une créature raisonnable ne peut donc en tant qu'elle est raisonnable, condamner ou approuver lesdésirs : être raisonnable ce n'est ni renoncer à ses désirs, ni souhaiter les satisfaire.

Hume rejette en effet l'opposition traditionnelle entre la raison d'une part, les désirs et les passions del'autre, ainsi que la prééminence supposée de la raison sur les désirs et les passions, en montrant«premièrement, que la raison ne peut être à elle seule un motif pour un acte volontaire, etdeuxièmement, qu'elle ne peut jamais combattre la passion sans la direction de la volonté» (id.). b) La raison ne peut s'opposer aux désirs Qu'est-ce en effet que la raison ? Au sens strict, c'est la faculté de former et de combiner logiquementdes concepts et des propositions.

La raison nous permet de dire si de telles combinaisons, ou jugements,sont cohérentes ou incohérentes, c'est-à-dire si ces jugements sont formellement vrais ou faux.

D'autrepart, en confrontant ces jugements à l'expérience, la raison nous permet de dire s'ils correspondent àdes faits, c'est-à-dire s'ils sont réellement vrais ou faux. HUME : LA RAISON EST ÉTRANGÈRE À LA MORALE Malebranche, comme Descartes, voit dans la raison une faculté debien juger en général, c'est-à-dire de distinguer tant le bien dumal que le vrai du faux.

Mais n'est-ce pas là une conceptionerronée de la raison ? En effet (comme le remarque ici Hume àpropos des passions) la raison étant la faculté de raisonner, c'est-à-dire de combiner logiquement des concepts ou des propositions,elle ne peut se prononcer que sur le vrai et le faux, et non pas surle bien et le mal. « Si une passion ne se fonde pas sur une fausse suppositionet si elle ne choisit pas des moyens impropres à atteindre lafin, l'entendement ne peut ni la justifier ni la condamner.

Iln'est pas contraire à la raison de préférer la destruction dumonde entier à une égratignure de mon doigt.

Il n'est pascontraire à la raison que je choisisse de me ruinercomplètement pour prévenir le moindre malaise d'un Indienou d'une personne complètement inconnue de moi.

Il estaussi peu contraire à la raison de préférer à mon plus grandbien propre un bien reconnu moindre.

Un bien banal peut, enraison de certaines circonstances, produire un désir supérieur à celui qui naît du plaisir le plus grand et le plus estimable ; et il n'y a là rien de plusextraordinaire que de voir, en mécanique, un poids d'une livre en soulever un autre de centlivres grâce à l'avantage de sa situation.

Bref, une passion doit s'accompagner de quelque fauxjugement pour être déraisonnable ; même alors ce n'est pas la passion qui est déraisonnable,c'est le jugement.

» ordre des idées 1) Thèse centrale : la raison ne peut juger une passion par elle-même, en tant que fait, mais seulementles jugements qui accompagnent (éventuellement) cette passion, comme- la supposition de l'existence d'objets qui n'existent pas en réalité (par ex.

une peur fondée sur. »

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