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Emmanuel KANT, De la faculté de prévoir (praevisio)

Publié le 27/02/2008

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Il y a plus d'intérêt à posséder cette faculté que toute autre, puisqu'elle est la condition de toute pratique possible et des desseins auxquels l'homme applique l'usage de ses forces. Tout désir comporte une prévision, douteuse ou certaine, de ce que ces forces permettent. On ne tourne les yeux vers le passé (souvenir) que pour rendre possible la prévision du futur. En général si nous regardons autour de nous, c'est du point de vue du présent, pour nous décider ou nous préparer à quelque chose. La prévision empirique est l'attente des cas similaires, et ne requiert pas une connaissance rationnelle des causes et des effets, mais seulement le souvenir des faits observés et de la manière dont ils ont coutume de se succéder ; ce sont les expériences répétées qui font naître l'habileté ; le régime des vents et des climats intéresse beaucoup le marin et le laboureur. Mais une telle prévision n'atteint rien de plus que ce qu'on appelle le calendrier des paysans ; on en vante les prédictions si elles se réalisent en partie ; on les oublie si elles ne se réalisent pas ; ainsi conservent-elles toujours un certain crédit. Il serait à croire que la providence a voulu brouiller inexorablement le jeu des températures, pour que les hommes, mal au courant des précautions à prendre en chaque saison, soient obligés d'avoir recours à l'entendement pour être prêts à toutes les éventualités. Vivre au jour le jour (sans prévoir ni se préoccuper) ne fait pas grand honneur à l'entendement humain ; c'est le cas du Caraïbe qui le matin vend son hamac et le soir se désole de ne savoir Où dormir pendant la nuit. Emmanuel KANT, De la faculté de prévoir (praevisio).
  • Kant aborde le thème de la prévision, en particulier de la prévision empirique.
  • Il soulève le problème de l’efficacité des prévisions empiriques.
  • Les enjeux de la question sont donc plus largement liés à la question de la méthode empirique en générale. En particulier, c’est la validité des prévisions dans les sciences empiriques qui est mise en jeu.
  • Il défend la thèse selon laquelle les prévisions empiriques n’ont qu’une efficacité illusoire. Il faut donc leur préférer un autre type de prévision qui fait appel à l’entendement.
  • Trois moments qui articulent l’argumentation peuvent être dégagés : premièrement, la faculté de prévoir celle qui possède le plus grand intérêt pratique. Le second moment consiste en une critique des prévisions empiriques. Le troisième conclut la nécessité de fonder sur l’entendement les prévisions.

 

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« Il oppose alors la connaissance rationnelle des causes et des effets au souvenir des faits, dont relève la prévisionempirique.

Le souvenir peut être incertain voir complètement faux, alors que la connaissance est certaine.

Laconnexion entre une cause et son effet est nécessaire, alors que la connexion entre faits que l'on ne lie que parl'habitude de leur observation est contingente.

C'est ici qu'apparaissent les enjeux de la critique kantienne : eneffet, c'est l'empirisme dans son ensemble qui est visé (cf.

la critique de Hume).

Il ne peut en aucune manièreaboutir à des connaissances indubitables.

Tout au plus ces expériences aboutissent-elles à l'habileté.

La prévisionempirique relève en quelque sorte de l'art (du moins de l'habileté) alors que la prévision authentique que sous-entend Kant, c'est-à-dire celle que nous devons rechercher puisque le prévision est la plus importante des facultés,relève de la connaissance. Kant va plus loin en prenant l'exemple du marin et du laboureur, qui fondent empiriquement, c'est-à-dire, sur desobservations répétées, leurs prévisions.

C'est ici que réside la véritable réfutation de la prévision empirique : eneffet, l'efficacité de celle-ci ne peut être que constatée a posteriori .

L'inefficacité, de plus, passe pour une exception.

La prévision empirique est reconduite à une sorte de divination.

Kant sous-entend que la véritableprévision doit être a priori , c'est-à-dire, réalisée avant toute expérience.

C'est le couple conceptuel a priori – a posteriori qui permet de distinguer nettement la prévision authentique de la prévision empirique.

Ce qui est nécessaire doit en effet être déduit avant toute expérience. III – Fondation de la prévision authentique sur l'entendement Si la prévision empirique est inefficace, comment alors fonder un type de prévision authentique, efficace ?L'inefficacité peut encore être le produit d'un mauvais tour de la providence.

Comment alors de jouer d'elle ? Kantnous place simplement en face d'un fait indéniable : pour être prêts, les hommes, face à la providence, ont du faireappel à leur entendement.

Etre prêt, cela signifie s'être préparé ou s'être préoccupé : il s'agit bien de prévisionspratiques.

C'est bien l'entendement qui constituera le moyen de se jouer des tours de la providence. Réciproquement, ne pas prévoir, c'est bien refuser d'utiliser son entendement.

Autrement dit, l'entendement est lafaculté qui doit entrer en jeu dans toute prévision authentique qui accède à une connaissance (des causes et deseffets). Conclusion : La prévision empirique relève plus de la divination que de la véritable prévision.

L'argumentation de Kant vise, pardelà la prévision pratique, toute activité qui croirait prévoir quelque chose de manière empirique.

Autrement dit,c'est la validité des sciences empiriques (qui prétendent bien prédire le réel) qui est mise en question.

Le secondintérêt du texte est le suivant : l'entendement apparaît intimement lié à tout type de prévision, et non seulement àla prévision théorique (scientifique par exemple).

Il joue donc un rôle pratique primordial, et déterminant pour l'actionet pas seulement pour la connaissance. KANT (Emmanuel). Né et mort à Königsberg (1724-1804).

Fils d'un sellier d'origine écossaise, il fit ses études à l'Université de Königsberg, et s'intéressa davantage à la physique et à la philosophie qu'à la théologie.

En 1755, ilest privat-dozent de l'Université de sa ville natale, puis il est nommé professeur extraordinaire de mathématiques etde philosophie.

En 1770, il devient titulaire de la chaire de logique et de métaphysique.

Il vécut dans une demi-retraite pendant onze ans ; puis, commença la publication de ses grands livres, les trois Critiques.

La Révolutionfrançaise l'enthousiasma, et l'on raconte qu'il ne se détournait de sa promenade, minutieusement réglée, que pouren aller apprendre les nouvelles.

Il fut, en 1793, réprimandé par Frédéric-Guillaume II pour deux ouvrages sur lapolitique et la religion.

A la mort du Roi, il reprit sa plume et dévoila l'affaire.

Kant mourut le 12 février 1804, aprèsune très longue agonie.

— A ses débuts, Kant fut un disciple de Leibniz et de Wolff.

Il considère la science commeun fait, dont la possibilité, plus que l'existence, doit nous préoccuper.

La lecture de Rousseau lui fait aussiconsidérer la moralité comme un fait.

Nous retrouvons, en conclusion du système kantien, comme postulats, lescroyances dont Kant a ruiné la valeur dogmatique.

Lui-même a défini son entreprise ainsi : « J'ai remplacé le savoirpar la foi.

» — Le monde sensible est seul donné à notre expérience et à notre connaissance : ce sont les faits, lesdonnées de la sensation.

Le monde intelligible est une« illusion théorique».

Le pouvoir de la raison pure est illusoire.Les principes de l'entendement pur ne sont pas applicables aux noumènes, mais seulement aux phénomènes ; c'estla dialectique transcendante.

La raison doit reconnaître ses propres limites ; limiter la raison, c'est réaliser sonobjectivité.

— La connaissance se ramène à deux éléments : le monde sensible, ou phénomènes liés à l'espace et autemps et le monde intelligible, ou chose en soi, noumènes, pur objet de pensée.

L'intuition et le concept sont lessources de la connaissance.

— Mais, intellectuellement, il nous est impossible de parvenir à la connaissance dumonde intelligible.

— L'espace et le temps sont les conditions de toute connaissance ; pour qu'un objet possède une. »

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