Devoir de Philosophie

L'état de nature ?

Publié le 13/04/2004

Extrait du document

  • La conception de Rousseau

* C'est ce que Rousseau reprochera à Hobbes : d'avoir conçu l'état de nature sur le modèle des relations sociales. L'état de nature ne peut être un état de guerre, car celui-ci est finalement déjà un mode de relation entre les hommes. L'homme naturel, par hypothèse, vivrait en lui-même, sans devoir se régler sur le jugement d'autrui comme le fait l'homme hâtivement socialisé. Ce dernier est toujours « hors de lui-même «, il ne croit posséder qu'à la mesure de la privation d'autrui. La société devient un système de dépendances mutuelles où le pouvoir sur les autres est une illusion de liberté.* Finalement, l'état de nature reste une hypothèse où chacun projette sa vision de l'envers de la société. Ce rêve d'un en-deçà du social montre par l'absurde qu'il n'y a de nature que dans un rapport imaginaire à sa propre situation historique. Dans Le Contrat social, Rousseau présente cette opposition sous la forme suivante :   « Ce passage de l'état de nature à l'état civil produit dans l'homme un changement très remarquable, en substituant dans sa conduite la justice à l'instinct, et donnant à ses actions la moralité qui leur manquait auparavant «. En résumé, dans l'état de nature il n'y avait pas encore « d'homme « il y avait seulement un animal avantageusement organisé. Le passage à la société opère une véritable conversion qui fait de l'animal humain un être humain à part entière.

L'état de nature est un état fictif ou supposé de l'homme avant qu'il ne vive en société. Il s'oppose à l'état civil, ou état social. Des philosophes comme Rousseau ou Hobbes ont thématisé cette distinction.

« être divisée et doit être détenue par une « personne unique », il envisage ces trois situations (un seul, uneassemblée, la totalité du peuple).

Le fait que ses préférences aillent à la monarchie dont le roi détient effectivementle pouvoir (qui s'oppose à la monarchie parlementaire où le parlement détient une part de la souveraineté) nel'empêche pas de penser que, dans les trois cas, la souveraineté doit être quasi absolue et indivisible.Enfin, dans l'exposé qui précède, nous avons parlé de l'Angleterre, alors qu'en toute rigueur, il aurait fallu parler duRoyaume-Uni.

Nous avons suivi en cela, et continuerons à suivre, l'usage populaire.

A strictement parler, le motGrande-Bretagne convient mieux parce qu'en 1603, Jacques VI Stuart, roi d'Écosse, devient Jacques I" d'Angleterre.Même s'il faudra attendre 1707 pour qu'ait lieu la fusion des couronnes, on date de 1603 le début du Royaume-Uni.Si l'on devait résumer en une seule phrase l'oeuvre politique de Hobbes, la phrase étudiée ici, qui figure au chapitre13 de Léviathan, est certainement celle qui conviendrait le mieux :« II apparaît clairement par là qu'aussi longtemps que les hommes vivent sous un pouvoir commun qui les tient enrespect, ils sont dans cette condition qui se nomme guerre, et cette guerre est la guerre de chacun contre chacun.»Les éléments fondamentaux sont mis en place :— parce que l'homme est poussé par un insatiable appétit de domination et qu'il cherche aussi à se protéger contreles agressions d'autrui par des actions préventives, la situation (« état de nature ») qui précède la vie en société seramène à une guerre perpétuelle ;— la paix entre les hommes ne peut être obtenue que si tout le monde se soumet à une autorité (« un pouvoircommun ») qui contraint (« les tient en respect ») les hommes à ne plus attenter à la vie d'autrui.Le passage de l'état de nature à la société se présente comme le remplacement d'une crainte par une autre.

Dansl'état de nature, l'homme craint son semblable qui peut à chaque instant le tuer ou le déposséder.

Dans la vie ensociété, l'individu craint un pouvoir fort qui garantit sa sécurité mais qui lui demande une obéissance quasi absolue.Pour que ce passage de l'état de nature à la société puisse avoir lieu, il est donc nécessaire que soit mis fin à « laguerre de chacun contre chacun » par un contrat « de chacun avec chacun ».Dans le système de Hobbes, l'autorité du souverain (individu, assemblée ou totalité du peuple) ne repose pas surune délégation d'autorité par Dieu, mais sur une convention, un contrat.Ce contrat n'est pas, comme cela se trouve chez certains prédécesseurs de Hobbes ou comme chez Rousseau, uncontrat liant gouvernant(s) et gouvernés.

Le contrat hobbesien est un contrat qui ne lie que les gouvernés entreeux.

Chacun de ceux-ci dit à l'autre en substance : j'accepte de ne pas attenter à ta vie et, en échange, tut'engages à faire de même.

Pour garantir cet accord, nous acceptons d'obéir à une autorité dont la fonction serad'imposer le respect des termes du contrat.La seule limite de cette autorité, et en même temps de cette obéissance, va découler de la «fin » de cetteconvention, c'est-à-dire de son objectif.

Chacun abandonne l'essentiel de sa liberté au profit de sa sécurité.

Chacunréfrène sa volonté de puissance (Freud dirait ses pulsions agressives) pour ne pas être tué ou blessé par autrui.

Enconséquence, pour Hobbes, si le pouvoir souverain veut attenter à ma vie (ou me blesser, m'emprisonner et autresactions qui peuvent entraîner la mort), je me trouve en état de légitime défense et j'ai le droit de résister.

Certainesnuances sont apportées à ce droit de résistance ; ainsi, s'il y a promesse de pardon, je dois m'incliner.

De plus, sesmodalités de mise en oeuvre pourraient être mieux précisées.

Mais l'essentiel est qu'il demeure un droit de résistancese rattachant à l'idée que l'organisation sociale a pour but de protéger le corps de l'homme et qu'elle perd son senssi, portant atteinte à ce corps, elle recrée la situation de l'état de nature qu'elle avait pour mission de supprimer.L'individu concerné pourra alors protéger sa vie de la même manière qu'il l'aurait fait à l'état de nature.Nous ne sommes pas dans un système totalitaire qui exige l'anéantissement de l'individu au profit de la collectivité.L'organisation sociale a pour but de protéger l'individu.

Le pouvoir qui fait régner l'ordre est quasi absolu à seule find'éviter la guerre civile qui n'est, en fait, qu'un retour à l'état de nature.

Mais quasi absolu seulement, car cepouvoir souverain est limité par un principe de cohérence qui veut qu'il ne fasse pas ce qu'il a pour fonctiond'empêcher.On voit donc apparaître ici, conjointement au souhait d'un pouvoir concentré et fort, l'idée de droits inaliénables del'être humain, la nécessité d'un respect de l'individu dans son corps, éléments qui peuvent être perçus comme lesprémisses des droits de l'homme.Le meilleur résumé de la façon dont s'établit le contrat est à chercher dans Léviathan, l'oeuvre majeure de Hobbes.Au chapitre 17, celui-ci écrit :« La seule façon d'ériger un tel pouvoir commun, apte à défendre les gens de l'attaque des étrangers, et des tortsqu'ils pourraient se faire les uns aux autres, et ainsi à les protéger de telle sorte que par leur industrie et par lesproductions de la terre, ils puissent se nourrir et vivre satisfaits, c'est de confier tout leur pouvoir et toute leurforce à un seul homme, ou à une seule assemblée, qui puisse réduire toutes leurs volontés, par la règle de lamajorité, en une seule volonté.Cela revient à dire : désigner un homme, ou une assemblée, pour assumer leur personnalité ; et que chacun s'avoueet se reconnaisse comme l'auteur de tout ce qu'aura fait ou fait faire, quant aux choses qui concernent la paix et lasécurité commune, celui qui a ainsi assumé leur personnalité, que chacun, par conséquent, soumette sa volonté etson jugement à la volonté et au jugement de cet homme ou de cette assemblée.Cela va plus loin que le consensus, ou concorde : il s'agit d'une unité réelle de tous en une seule et même personne,unité réalisée par une convention de chacun avec chacun passée de telle sorte que c'est comme si chacun disait àchacun : "J'autorise cet homme ou cette assemblée, et je lui abandonne le droit de me gouverner moi-même, àcette condition que tu lui abandonnes ton droit et que tu autorises toutes ses actions de la même manière."Cela fait, la multitude ainsi unie en une seule personne est appelée une REPUBLIQUE, en latin CIVITAS.

Telle est lagénération de ce grand LEVIATHAN, ou plutôt, pour en parler avec plus de révérence, de ce dieu mortel, auquelnous devons, sous le Dieu immortel, notre paix et notre protection.

» Pour Hobbes, le propre de cette souveraineté est qu'elle est indivisible.

Sur ce point, il s'oppose aux tendances,. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles