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Faut-il de la passion en politique ?

Publié le 03/02/2004

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La question est donc ici celle de l'opportunité/de la nécessité du recours de la passion en politique. Autrement dit, comment faut-il, en politique, employer, réguler les passions, si on ne fait pas le choix de les réprimer totalement ?Répondre à cette question demande de poser d'abord celle des conséquences de la présence des passions en politique : par exemple, si l'on schématise, la présence de la colère dans la vie politique pourra amener à des instabilités, à une absence de garantie de la justesse de toutes les décisions prises ; la présence de la joie pourrait renforcer le corps politique. Il semble donc possible de faire un certain usage des passions en politique. La question est celle de la pertinence, ou de l'éventuel danger de cet usage : la politique ne doit-elle pas justement être une activité abritée de tout ce que les passions peuvent avoir d'instable et d'aléatoire ? Les passions ne sont-elles pas un moteur bien trop puissant, susceptible d'aliéner les esprits des membres du corps politique ? (on pourra donner l'exemple de l'organisation nazie appelée « Kraft durch Freude «, « la force par la joie «). En même temps, ne pourrait-on pas concevoir une manière de régler l'usage des passions en politique pour profiter de la puissance de leur force motrice sans en subir les risques ? Ce sont autant de questions qui permettent d'aborder ce sujet.Références utiles : Spinoza, Traité théologico-politique.

La question est donc ici celle de l’opportunité/de la nécessité du recours aux passions en politique. Autrement dit, comment faut-il, en politique, employer, réguler les passions, si on ne fait pas le choix de les réprimer totalement ? Répondre à cette question demande de poser d’abord celle des conséquences de la présence des passions en politique : par exemple, si l’on schématise, la présence de la colère dans la vie politique pourra amener à des instabilités, à une absence de garantie de la justesse de toutes les décisions prises ; la présence de la joie pourrait renforcer le corps politique. Il semble donc possible de faire un certain usage des passions en politique. La question est celle de la pertinence, ou de l’éventuel danger de cet usage : la politique ne doit-elle pas justement être une activité abritée de tout ce que les passions peuvent avoir d’instable et d’aléatoire ? Les passions ne sont-elles pas un moteur bien trop puissant, susceptible d’aliéner les esprits des membres du corps politique ? (on pourra donner l’exemple de l’organisation nazie appelée « Kraft durch Freude «, « la force par la joie «). En même temps, ne pourrait-on pas concevoir une manière de régler l’usage des passions en politique pour profiter de la puissance de leur force motrice sans en subir les risques ? Ce sont autant de questions qui permettent d’aborder ce sujet.

« Introduction Dans la mesure où l'on associe d'emblée la notion de politique aux idées de débats, de discussions, de réflexions, denégociations, on semble faire de la discursivité le caractère premier de la politique.

On y associe ensuite les idées deconsultations, de référendums, de votes ; et l'on voit apparaître le consultatif et le représentatif comme undeuxième caractère déterminant pour nous la notion même de politique.

On retrouverait ainsi la trace, aujourd'hui,de l'origine étymologique du mot « politique » qui vient du grec ancien : la politique ne ferait qu'un avec la polis («cité »).

Ceux qui participent à la vie publique le font à titre d'égaux, et, la finalité du politique concernant tous lesmembres de la cité, la démocratie apparaît comme la tendance « naturelle » de tout régime politique si elle donne àchacun la possibilité de détenir, à part égale, le droit de raisonner sur la communauté ou la chose publique.Liant d'emblée la notion de politique avec la notion de discursivité d'une part, et l'idée de démocratie d'autre part,on renvoie avant tout le politique à l'idée d'une rationalité pratique destinée et effectivement appropriée à larésolution des problèmes que pose l'établissement de règles et de lois pour tous.

Le politique, en effet, se pense enfonction de l'idée de communauté qui est un universel et dont la prise en compte permet à l'individu de dépasser laconsidération de son seul intérêt particulier : la communauté regroupe des individus devant se reconnaîtremutuellement comme des agents pouvant à contribuer au bonheur commun.

L'État, de par son unité et sonorganisation, est censé exprimer l'unité de cette communauté rationnelle face à la société civile multiforme etdivisée.

Comme l'affirme Spinoza, « ce n'est pas pour tenir l'homme par la crainte et faire qu'il appartienne à unautre, que l'État est institué ; au contraire, c'est pour libérer l'individu de la crainte [...] » et faire qu'il use d'uneraison libre en la cultivant de plus en plus.

Le domaine du politique semble donc exclure les passions de sa définitionet de son horizon, en particulier les passions « tristes » comme la crainte, la haine...

en un mot toutes celles quipoussent les hommes à se considérer réciproquement comme des rivaux irréconciliables et à se nuire mutuellement.Mais comment le politique, qui a à voir avec la nature commune et la nature singulière des individus, peut-ileffectivement exclure les passions ? Les passions ne sont-elles pas irréductibles ? Ici se pose le problème de lapossibilité concrète de concevoir non pas seulement l'activité politique (« la » politique) mais aussi bien le moded'existence de toute organisation politique (« le » politique) sans motivations et horizons passionnels.

Mais dequelles passions peut-il s'agir ? Peut-on parler de « passion de la politique » qui serait celle du bien commun ? Leproblème s'approfondit : la passion, si elle découle de l'intérêt et du désir particulier d'un individu, semble cependantbien contraire à l'idée même du politique qui est l'affaire de tous.

Cependant, les hommes ne sont-ils pas passionnésdu fait même de leur commerce, de leur communauté ? Les passions humaines ne sont peut-être pas simplement «individuelles » et individualisantes, elles créent peut-être du lien social en permettant l'identification entre lesindividus.

Dans la mesure où le politique vise l'accord entre les individus — quelle que soit d'ailleurs la nature desmotivations de ces derniers —, il apparaît alors possible de subordonner la notion de passion à celle de politique etde souligner, à rebours d'une tradition classique, non seulement le rôle nécessaire des passions dans le domainepolitique, mais peut-être aussi leurs effets vertueux.

On voit ici se dégager l'enjeu d'une telle réflexion : celui des'interroger sur le type de rationalité qu'implique le domaine politique. 1.

L'essence rationnelle de l'organisation politique A.

L'opposition classique entre passion et raison L'opposition conceptuelle entre la raison et les passions renvoie à l'antique opposition entre le logos et le pathos quePlaton a largement contribué à fixer.

Si le logos renvoie aux notions d'ordre, d'harmonie, de clarté, d'universalité, devie, le pathos se rapporte à un champ qui est le strict négatif du premier : celui du désordre, de la dysharmonie, del'obscurité, de l'inconstance, de la maladie, de la folie.

Les passions perturbent totalement le rapport naturel etserein de l'âme individuelle à l'ordre des réalités qui la dépassent (ainsi l'univers, la nature, la cité), et entraventdangereusement toute activité de compréhension.

Cette opposition se retrouve dans l'usage contemporain, où «passions » au pluriel signifie le désordre et la violence d'un emportement jugé contraire à ce que l'on pouvaitattendre de l'individu.La situation mettant en jeu la force d'une passion a toujours un caractère contradictoire pour l'individu lui-même,car la passion est à l'origine d'une action que le sujet ne peut pas revendiquer comme sienne absolument, et qui,pourtant, vient de lui.

Le point important ici est l'idée selon laquelle tout mouvement passionnel est l'occasion d'unconflit dans l'individu, ce qui permet ainsi à Platon de distinguer dans l'individu plusieurs instances, ou forces,différentes : l'élément concupiscible (epithumia), l'élément irascible (thumos) et l'élément rationnel (noûs).L'opposition entre l'epithumia et le noûs est déterminante, la première recevant même le nom d'âme pour être bienséparée de la dernière : elle est « une autre espèce d'âme, celle qui est mortelle et qui comporte en elle-même despassions terribles et inévitables 2 », établie pour le corps.

L'« âme » passionnelle est donc en son principe inférieureà l'âme rationnelle.La passion, selon la perspective platonicienne, est l'affaire d'un homme, et plus précisément, l'affaire d'une partieseulement de son âme, partie qu'il ne maîtrise pas, ou très imparfaitement et aléatoirement.

Peut-on concevoir alorsqu'il faut de la passion en politique ? B.

Cette opposition recoupe la distinction entre le droit légitime et la force arbitraire Si l'on poursuit notre analyse en suivant la réflexion platonicienne, il faut souligner que l'interrogation sur l'essencedu politique met au premier plan le problème du régime le plus conforme à l'idée de justice qui ne peut être «reconnue » que par la raison, c'est-à-dire par une vue qui n'est pas obscurcie par les désirs particuliers d'un homme,ou de quelques-uns, au détriment de ou indifféremment aux autres membres de la cité.

Il y a un exemple de régime. »

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