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Faut-il renoncer à ses désirs?

Publié le 11/04/2005

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Peut-on ramener la diversité empirique du désir sous un seul concept appelé le Désir ? Un renoncement au Désir est-ce possible ?   A :Pour Platon le désir est essentiellement défini comme manque. Dans Le Banquet le désir est associé à l'Amour : « l'Amour parce qu'il est manque des bonnes et des belles choses, désire ces mêmes choses dont il manque » Eros ne saurait être un dieu car le désir tient le milieu entre le savoir et l'ignorance ; il est donc avant tout un démon. Tel est le mythe de la naissance d'Eros livré par Diotime dans le Banquet 201d-207c : l'Amour est fils de Pénia (manque) et de Poros (expédient). Or la philosophie est définie comme aspiration vers le savoir dont le premier moteur est l'Amour. Ainsi toute connaissance passe tout d'abord nécessairement par un désir de connaître dont l'apprenti philosophe fait l'expérience.   B : Pour Spinoza le désir est associé à la force au conatus c'est-à-dire ce qui pousse toute chose à persévérer dans son être. Le désir chez Spinoza ne s'apparente pas au manque mais au trop plein. Le Désir est ce qui constitue l'essence de l'homme.

Analyse du sujet :

  • Le sujet prend la forme d’une question fermée : il s’agira d’y répondre par « oui « ou « non «, avec les nuances qui s’imposent, de manière argumentée et en invoquant des références appropriées.
  • Le désir est la recherche de quelque chose en vue d’une satisfaction. Cette recherche n’est pas nécessairement consciente : l’objet du désir peut demeurer flou. On peut même ne pas savoir ce que l’on désir. Ce que nous avons appelé « recherche « n’est donc pas une enquête ou une investigation méthodique et théorique mais consiste plutôt en une attraction éprouvée et non calculée.
  • Le désir se distingue donc de la volonté par son caractère essentiellement passif : le désir suppose le manque, l’absence de ce qui est désiré.
  • S’il est passif et suppose le manque, le désir n’est pourtant pas assimilable au besoin. Mieux vaut dire qu’il s’accompagne d’un besoin ou de l’impression d’un besoin. Pour le dire autrement, il n’est pas toujours un besoin naturel, comme la faim : je peux désirer manger même après m’être largement rassasié.
  • Le désir, s’il recherche un objet pour se satisfaire, ne s’évanouie pourtant pas quand l’objet est obtenu, si bien qu’il reste indéfiniment insatisfait. Il est donc essentiellement démesure.

 

 

Problématisation :

Pour répondre à la question de notre sujet, il nous faut déterminer si il existe une raison qui suffirait à prétendre qu’il faut renoncer à nos désirs. Quelle peut-être cette raison ?

Une première raison pourrait être que le désir nous oblige à renoncer à quelque chose de plus important que lui en s’y opposant, en entravant sa réalisation. Le premier problème est donc :

I – Nos désirs nous empêchent-ils de bien vivre ?

 

Supposons que nos désirs ne constituent en aucune manière un frein pour l’existence, pour la vie heureuse, etc. Il reste qu’il peut tout de même exister quelque chose de supérieur aux désirs qui permettrait de mener une vie encore meilleure. Alors se justifierait pleinement l’affirmation selon laquelle il faut renoncer à nos désirs en vue de cette autre chose. Par exemple, la recherche du bien ne permet-elle pas de mener une vie plus heureuse que nos désirs qui sont une recherche de la satisfaction ?

II – Faut-il rechercher le bien ou la satisfaction ?

« Le désir est une erreur de jugement et il dépend de nous comme tous les troubles de notre âme.

Il faut le supprimer en raisons de son principe ( erreur de jugement ) qui l'oppose à toute rationalité.

A ce souhait irraisonné qu'est ledésir et qui entraîne ces affections comme l'indigence, la haine, la rivalité, la colère , l'amour, les stoïciens opposenttrois bonnes affections : la joie, la prudence, la volonté .

La joie est le contraire du plaisir car elle est un désirraisonné.

La prudence est le contraire de la crainte car elle est une fuite raisonnée.

Enfin la volonté s'oppose audésir car elle est un souhait raisonné.

Or malgré ces trois bonnes affections on constate que le désir n'est pastotalement supprimer car la joie est définie comme un désir raisonné.

En fait ce qui surgit ici est une sorte deparadoxe éthique qui pourrait être résumé ainsi : pour renoncer aux désirs il faut le désirer.

B : Pour Platon le désir provient de la partie inférieure de l'âme qu'est l'épithumia.

Pour ne pas mener une vied'esclave c'est-à-dire borner sa vie à combler ses désirs l'homme devra exercer un contrôle sur ceux-ci.

Pour Platonl'âme est composée de trois parties : la partie désirante (épithumia), la partie irascible (thumos), et la partierationnelle (logos).Ainsi maîtriser ses désirs revient à subordonner la partie désirante à la partie rationnelle enempruntant la force de la partie irascible.

L'âme sera dite juste lorsque chaque partie accomplira la fonction qui luiest propre.

Donc maîtriser ses désirs c'est mener une vie juste.

III Des désirs au Désir Les désirs peuvent faire l'objet d'un choix voire aussi d'un contrôle.

Mais qu'en est-il du Désir .

Peut-on ramener ladiversité empirique du désir sous un seul concept appelé le Désir ? Un renoncement au Désir est-ce possible ? A :Pour Platon le désir est essentiellement défini comme manque.

Dans Le Banquet le désir est associé à l'Amour : « l'Amour parce qu'il est manque des bonnes et des belles choses, désire ces mêmes choses dont il manque » Erosne saurait être un dieu car le désir tient le milieu entre le savoir et l'ignorance ; il est donc avant tout un démon . Tel est le mythe de la naissance d'Eros livré par Diotime dans le Banquet 201d-207c : l'Amour est fils de Pénia (manque) et de Poros (expédient).

Or la philosophie est définie comme aspiration vers le savoir dont le premiermoteur est l'Amour.

Ainsi toute connaissance passe tout d'abord nécessairement par un désir de connaître dont l'apprenti philosophe fait l'expérience.

B : Pour Spinoza le désir est associé à la force au conatus c'est-à-dire ce qui pousse toute chose à persévérer dans son être.

Le désir chez Spinoza nes'apparente pas au manque mais au trop plein.

Le Désir est ce qui constituel'essence de l'homme.

Il est ce par quoi l'homme se rapporte aux choses maisaussi à lui-même.

Il ne s'agit pas de régler les désirs car c'est le Désir quirègle.

En effet le Désir produit de la valeur, il juge : « nous ne désironsaucune chose parce que nous la jugeons bonne, mais au contraire nous lajugeons bonne parce que nous la désirons.

»( Ethique, III, 9, scolie ).

Nous ne désirons pas une chose parce que nous la jugeons bonne mais nousla jugeons bonne parce que nous la désirons.

Le désir produit ses objets etn'est pas produit par eux.

Spinoza opère une véritable révolutioncopernicienne en invalidant la thèse (platonicienne) d'une objectivité absoluedes valeurs.

Les choses ne sont pas bonnes en elles-mêmes, pour elles-mêmes, mais relativement à notre désir et à notre constitution.Pourquoi les hommes intervertissent l'ordre des choses ? Pourquoi tiennent-ilsla représentation d'une fin jugée bonne comme cause première du désir ?Réponse: comme pour l'illusion du libre-arbitre, par ignorance des causes dudésir.

L'illusion est le fruit d'une conscience partiale, partielle qui se croit totale.

Par exemple, j'ai conscience de vouloir habiter une maison.

Donc je crois que l'habitation est cause finale de mon désir.

Jenourris l'illusion qu'il existe un objet désirable en soi.

En réalité, j'oublie que c'est le désir d'une plus grande commodité,d'un plus grand confort qui n'a poussé à concevoir la maison comme moyen adéquat à mon désir. Remontant la chaîne de tous mes désirs, je m'aperçois qu'ils ne sont que des modalités d'un désir premier de se conserveret de persévérer dans son être.

Spinoza rattache le désir ou conatus à cet effort.

Le conatus ne se résume pas pourautant à l'instinct de conservation car l'homme ne se résume pas à la simple survie biologique mais exprime l'essence danstoute sa richesse et sa complexité.

Persévérer dans son être, c'est tendre à se réaliser, s'épanouir, à actualiser sonessence. Le désir est bien l'essence de l'homme.

Tous nos désirs particuliers ne sont que des modes d'expression et de réalisationde ce désir premier de persévérer dans notre être.

Tout désir est donc au fond désir de soi.

Cet obscur objet du désir,c'est moi-même. Conclusion :. »

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