Devoir de Philosophie

L'habitude, ses avantages et ses inconvénients ?

Publié le 13/03/2005

Extrait du document

     b. Le philosophe grec Aristote a lui aussi considéré l'habitude comme l'acquisition de manière d'être. L'éducation (en grec Paiedeia) est largement le fruit de l'habitude. Et c'est par l'expérience et le temps que l'habitude se forge, et forme en l'individu des dispositions lui permettant d'être vertueux, et de vivre raisonnablement parmi les hommes. L'habitude (hexis) chez Aristote, qu'il présente dans l' Ethique à Nicomaque, est une disposition permanente caractérisant la vie pratique et morale de l'homme.      c. Hegel caractérise l'habitude comme étant une « seconde nature » (Philosophie du droit, § 151). Selon lui l'habitude est un élément essentiel de l'existence de l'esprit en l'homme. L'habitude comme processus d'intégration (de l'esprit dans la conscience) permet à l'homme de se reconnaître immédiatement à l'intérieur des conduites morales, religieuses etc. L'habitude est bien une acquisition par l'individu de règles de vie, lui permettant de vivre en société avec l'autre.

     On peut noter pour commencer que l’habitude se distingue de l’instinct qui désigne une impulsion innée, inconsciente, poussant un animal ou un être humain à se comporter d’une certaine façon (instinct de conservation, manger etc.). L’habitude présente au contraire l’acquisition de conduites par la répétition. L’homme et l’animal ont la capacité de contracter de nouvelles habitudes leur permettant de s’adapter à leur milieu. Par ailleurs l’habitude de considérer la manière dont des choses ou des phénomènes se produisent procure à l’homme une forme de certitude ; par exemple, à voir le soleil se lever tous les jours, l’homme en vient à penser qu’il est nécessaire que le soleil se lève tous les jours. L’habitude s’établit autant du côté de la théorie (on affirme la nécessité de tel effet relativement à certaines causes) que du côté pratique (à force d’exercices on finit par intégrer des conduites et à les reproduire machinalement). L’habitude ancre ainsi le sujet humain dans des schémas de penser et d’agir ; mais n’y a t-il pas là, au regard du côté mécanique de l’habitude, la marque d’un arrêt de la réflexion au sujet des savoirs acquis théoriques et pratiques ?

« "Le soleil ne se lèvera pas demain, cette proposition n'est pas moinsintelligible et elle n'implique pas plus contradiction que l'affirmation : ilse lèvera.

Nous tenterions donc en vain d'en démontrer la fausseté.

Sielle était démonstrativement fausse, elle impliquerait contradiction etl'esprit ne pourrait jamais la concevoir distinctement.C'est donc peut-être un sujet digne d'éveiller la curiosité que derechercher quelle est la nature de cette évidence qui nous assure de laréalité d'une existence et d'un fait au-delà du témoignage actuel dessens ou des rapports de notre mémoire.

[...]Tous les raisonnements sur les faits paraissent se fonder sur la relationde la cause à l'effet.

C'est au moyen de cette seule relation que nousdépassons l'évidence de notre mémoire et de nos sens.Si donc nous désirons nous satisfaire au sujet de la nature del'évidence qui nous donne la certitude des faits, il faut que nousrecherchions comment nous arrivons à la connaissance de la cause etde l'effet.J'oserai affirmer, comme une proposition générale qui n'admet pasd'exception, que la connaissance de cette relation ne s'obtient, enaucun cas, par des raisonnements a priori ; mais qu'elle naîtentièrement de l'expérience quand nous trouvons que des objetsparticuliers sont en conjonction constante l'un avec l'autre." DavidHume, Enquête sur l'entendement humain (1748), trad.

A.

Leroy,Aubier-Montaigne Ce que défend ce texte: Ce texte de Hume s'interroge sur la manière dont la science établit ce qu'elle appelle les lois de la nature.

Lorsqu'unchimiste nous dit que tel phénomène (par exemple l'ébullition de l'eau) est dû à telle cause (la chaleur), il établit unerelation de cause à effet qui s'exprime sous la forme d'une loi chimique simple : l'eau bout à cent degrés.

Commentpouvons-nous être sûrs, pourtant, qu'à chaque fois que nous porterons de l'eau à cent degrés elle se mettra àbouillir, et cela même en supposant l'avoir déjà vérifié un très grand nombre de fois?Pour rendre encore plus sensible l'importance de cette question, Hume choisit ici un exemple emprunté à laconnaissance commune, une évidence telle que celle qui consiste à dire : «le soleil se lèvera demain».

Cettebanalité que personne ne songerait à mettre en doute soulève pourtant les mêmes difficultés que les lois les plusabstraites de la science.

Comment la raison sait-elle que le soleil se lèvera demain? Comment peut-elle aujourd'huiprouver qu'il se lèvera bien demain?Ces questions sont légitimes car celui qui affirme que le soleil se lèvera demain n'a pas plus d'arguments pour leprouver que celui qui affirmerait le contraire.

Tous les deux en sont, au moment où ils parlent, au même point.

Leursdeux propositions sont compréhensibles et ne comportent pas de contradiction, c'est-à-dire ne comportent pas determes qui se contredisent entre eux.

Une phrase qui se contredit est une absurdité qu'on ne peut jamais concevoir.Or l'expression «le soleil ne se lèvera pas demain» se conçoit clairement car sa forme logique n'est pas incohérente :«Nous tenterions donc en vain d'en démontrer la fausseté.»Comment alors savons-nous que cette phrase est fausse, et que le soleil se lèvera bien demain? On ne peut secontenter ici de répondre : «parce qu'on le voit», étant donné qu'il s'agit d'un événement qui ne s'est pas encoreproduit et qui est donc «au-delà du témoignage actuel des sens».

Hume remarque alors que dans la science un seultype de connaissance dépasse précisément l'évidence de nos sens : c'est celle qui porte sur la relation de la causeà l'effet, et qui permet au chimiste d'établir ses lois.

La proposition «le soleil ne se lèvera pas demain» a donc lemême caractère que les lois de la science et ce sont bien elles qui sont visées par ce texte.Abandonnant cet exemple, Hume expose alors clairement la nature du problème en jeu: «il faut que nousrecherchions comment nous arrivons à la connaissance de la cause et de l'effet», c'est-à-dire comment nousétablissons cette liaison nécessaire qui transforme un phénomène en «cause» d'un autre phénomène qu'on appelle«effet».Pour Hume, la réponse tient en ces termes : la connaissance de cette relation naît de l'expérience uniquement etnon pas d'un raisonnement.

Or seuls les raisonnements peuvent nous livrer des résultats absolument nécessaires,comme en mathématiques, résultats qui n'ont pas besoin d'être confrontés à l'expérience et ne risquent pas de subirson démenti.

C'est pourquoi on doit dire que les raisonnements nous livrent des vérités a priori.

Si ce n'est pas leraisonnement qui établit la relation de la cause et de l'effet mais l'expérience sensible, qu'est-ce qui fonde alors lacertitude de l'invariabilité des lois physiques ?Pour Hume, cette certitude est en réalité fondée sur l'habitude.

Nous avons eu l'habitude d'observer un certainnombre de fois la conjonction de deux phénomènes quelconques et nous généralisons, sous l'effet de cettefréquence, cette conjonction que nous proclamons loi universelle et relation invariable de cause à effet. Ce à quoi s'oppose cet extrait: Cette conception très audacieuse cherche à démystifier les certitudes de la science dans ce qui constitue sonprincipe le plus essentiel : le principe de causalité.Celui-ci ne cacherait, en réalité, qu'une simple opinion, liée à l'habitude que nous avons de voir se produire laconjonction de deux phénomènes, sans que rien ne puisse garantir que cette conjonction se produira toujours.

C'estcontre ce texte et l'image qu'il donne de la science comme fragile édifice que Kant réagira dans sa philosophie.

Il. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles