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L'IMAGINATION CRÉATRICE

Publié le 16/03/2011

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   A) L'imagination littéraire    1° C'est d'abord une intuition par laquelle cristallisent, autour d'un noyau soudain, les futurs détails de l'œuvre :    « Tout s'allie et se forme, et tout va naître ensemble... « Chénier. Bien entendu, cette intuition est précédée par toute une série d'antécédents : activité des sens, activité de l'esprit, lectures, adhésion ou résistance à une ambiance intellectuelle, à un milieu social. Mais le point génétique de l'œuvre est dans ce frêle organisme nouveau qui agit à la manière d'un germe, et qui attire à lui tout ce qui pourra le nourrir. Cela est vrai même dans le cas d'œuvres abstraites : « Quand j'ai découvert mes principes, tout ce que je cherchais est venu à moi; jusque-là je suivais mon objet sans former de dessein, je ne connaissais ni les règles ni les exceptions, je ne trouvais la vérité que pour la perdre «... Montesquieu, Esprit des Lois.

« François de Curel entrevoit d'abord des fantômes, qui seront ses futurs protagonistes. C'est sans doute à l'importance des images visuelles que se rattache le rôle des stupéfiants ou excitants dans lagenèse d'œuvres littéraires dont ils sont censés avoir favorisé l'éclosion : le punch d'Hoffmann, l'opium de DeQuincey; les pommes pourries de Schiller. 5° Le développement du germe. Gœthe : « Un aperçu authentique doit être considéré comme une maladie qui a été incubée.

» Vigny : « Lorsqu'une idée neuve, juste, poétique, est tombée, je ne sais d'où dans mon âme, rien ne peut l'enarracher; elle y germe comme le grain dans une terre labourée sans cesse par l'imagination.

En vain je parle, j'agis,j'écris, je pense même sur d'autres choses : je la sens pousser en moi ; l'épi mûrit et s'élève, et bientôt il faut queje moissonne.

» Zola fait dire à Sandoz, dans l'Œuvre : « Le germe apporté dans le crâne mange la cervelle, envahit le tronc, les membres, ronge le corps entier...

» B) L'invention de l'hypothèse scientifique La véritable psychologie est dans une psychologie concrète, qui au lieu du moi abstrait, faisceau de facultés ou defonctions, étudie l'homme complet, enraciné dans une famille, dans un milieu, et pris dans la totalité de sesinstincts; cf.

Mauss : « Quand nous étudions des faits spéciaux ou des faits généraux, c'est toujours au fond àl'homme complet que nous avons affaire.

Par exemple, rythmes et symboles mettent en jeu non pas simplement lesfacultés esthétiques ou imaginatives, de l'homme, mais tout son corps et toute son âme à la fois.

Dans la sociétémême, quand nous étudions un fait spécial, c'est au caractère psychophysiologique total que nous avons affaire.

» L'invention a sa source dans un besoin qui est sentiment d'une lacune dans l'économie de nos idées, sentiments,actes; d'où inquiétude mentale, activité d'abord désordonnée qui s'engage dans des directions diverses successives,presqu'aussitôt abandonnées qu'adoptées.

On se pose cent questions, qu'on rejette pour les reprendre ensuite,jusqu'à ce qu'on ait réussi à poser un vrai problème, à trouver le point précis sur lequel porte l'incompréhension ou ladésadaptation.

Or « les énoncés de vrais problèmes, de problèmes précis, et réellement suggestifs ou révélateurs,ne se forment pas d'eux-mêmes.

» (Le Roy.) Il y a donc intention vague, tâtonnements dans un domaine mal délimité : on évite certaines routes, on est guidévers d'autres (car les habitudes ne sont pas abandonnées); une question en amène une autre d'où une proliférationde questions, dont quelques-unes peuvent être mal posées ou insignifiantes : solutions partielles, idées neuves nonliées, etc.

Tous les conseils qu'on peut donner sur l'invention se résument, selon E.

Le Roy, en ceci : incorporer ennous l'idée à l'inconscient jusqu'au point où devenue notre réalité et notre substance, elle agit par nous comme uneforce naturelle. Donc : 1° Construction imaginative : a - préparation : inquiétude mentale, tâtonnements ; b - recherche obstruée, soutenue par une forte énergieaffective; c - naissance de l'idée directrice.

2° Développement : travail facile où l'idée se précise et se complète, avec le concours des méthodes assimilées etdu savoir acquis. 3° Abstraction, qui dégage, par exemple, l'identité des fonctions fuschiennes dans la géométrie euclidienne et dansles géométries non-euclidiennes, l'identité de certaines transformations dans les deux sortes de géométrie.L'inventeur extrait une idée générale impliquée dans des idées plus spéciales. Cette psychologie de l'hypothèse n'a rien de commun avec la logique de l'hypothèse, où l'on se demande le rôle del'hypothèse dans une théorie scientifique, sa valeur d'explication, sa portée, son rapport avec le réel, etc.... »

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