Devoir de Philosophie

Qu'est-ce que l'irrationnel dans un monde régi par la raison ?

Publié le 09/02/2004

Extrait du document

LE SOLIPSISME CHEZ DESCARTES A ce moment de sa réflexion (découverte du cogito), Descartes possède une certitude indubitable. Il est; et son être c'est sa pensée. Car le doute, appuyé sur l'hypothèse du malin génie, a séparé de moi non seulement le monde, mais encore mon corps et mes sens, a exorcisé tout ce qui est simplement «mien» pour ne laisser subsister dans sa présence indubitable que ce qui est «moi», c'est-à-dire ma conscience, ma pensée. Certitude d'être et de penser, inaliénable mais unique encore. « Je suis une chose qui pense » mais « les choses que je sens et que j'imagine ne sont peut-être rien du tout hors de moi et en elles-mêmes. » Doutant du monde, certain de sa pensée et de sa seule pensée, Descartes adopte provisoirement l'attitude que les philosophes nomment «solipsisme» et qui représente la pointe extrême de l'idéalisme : il n'est pas pour moi d'autre être que ma propre pensée. Le solipsiste est-il, comme disait Schopenhauer, «un fou enfermé dans un blockhaus imprenable » ? Le moi peut-il sortir de lui-même ? Nous sommes vraiment seuls et dans l'ignorance. L'explication subjectiviste conduit ainsi tout droit au solipsisme selon qui je ne peux jamais savoir avec certitude ce que les autres pensent ou expérimentent, et même qu'ils existent ! Pour tout ce que j'en sais, c'est que je suis le seul à percevoir, expérimenter; bref, à exister.

« Le Tractatus est un classique de la philosophie du XXe siècle.

Il est très court, ne comportant que 70 pages.

Il consiste en une séries deremarques portant sur l'essence du langage (c'est-à-dire sur ce qui fait qu'un langage est un langage), la nature du monde, de la logique,des mathématiques, de la science.

Il se clôt par des commentaires portant sur des questions touchant le mysticisme : la nature de lamorale, de l'art et de la religion.

Son écriture est d'une grande exactitude logique combinée à une intensité poétique remarquable.L'ouvrage est divisé en plusieurs parties grâce d'un système de numération décimale allant de 1 à 7 qui permet aux pensées expriméesde s'emboîter les unes dans les autres. Le but du Tractatus est de tracer une limite claire à ce qui peut être dit par le langage.

Ce qui se trouve à l'extérieur des limites dulangage ainsi tracées concerne tout ce qui a de l'importance dans la vie: la valeur, le bien et le beau, ce qui nous dépasse, Dieu.Wittgenstein considère que ce qui importe dans la vie ne peut être ni vrai ni faux.

Tout ce qui est vrai ou faux est de l'ordre des faits, et latotalité des faits c'est le monde (T.

1.11).

Or la valeur, ce qui est important, réside en dehors du monde (T.

6.41).

Et puisque le langageréfléchit le monde, il ne peut en parler.

Tout ce que peut faire un langage bien formé, dit Wittgenstein, c'est d'énoncer des faits : " Letableau est vert ”, " Je demeure à Montréal .

À ce compte, seules les sciences sont habilitées à dire ce qui est vrai ou faux.

Il ne sauraitdonc y avoir, selon l'auteur du Tractatus, quelque chose comme des " sciences ” morales, esthétiques et religieuses, dont l'objet porteraitsur les valeurs, le bien, le beau, ou Dieu, etc.

À strictement parler, ceci ne peut être dit par le langage, cependant que le langage lemontre. Qu'en est-il de la philosophie ? Selon Wittgenstein, les philosophes avant lui essayaient de dire ce que le langage ne peut pas dire; d'oùles éternelles controverses des philosophes.

Platon par exemple s'est demandé si le Bien est (ou existe).

Cette question n'a pas designification immédiate.

Car comment doit-on comprendre le sens du verbe " être ” ici ? Ce mot important en philosophie peut parexemple prendre le sens de l'identité, comme dans " Platon est (identique) à l'auteur de l'allégorie de la caverne ”.

Ou encore, il peutprendre le sens de l'attribution, comme dans " Platon est barbu ”; ou celui de l'exemplification, comme dans " Platon est (exemple de) unphilosophe ”; ou bien de la constitution, " Platon est fait (constitué) de chair, de sang et d'os ”, etc.

Bien qu'être l'auteur de l'allégorie dela caverne, être barbu, être un philosophe et être fait de chair et de sang, soient toutes des propriétés de Platon, il est clair que chacuneest différente et aucune n'a plus d'importance qu'une autre. Dans un langage logiquement bien formé, comme par exemple le symbolisme logique qu'ont mis au point Frege et Russell, les différentssens du mot " est ” devraient apparaître clairement, soutient Wittgenstein.

Malheureusement, notre langue ne possède pas la clarté quepossède le langage logique, de sorte que les philosophes, comme Platon qui se demande si le Bien est ou encore si le Bien est la mêmechose que le Beau, deviennent facilement la proie des nombreux pièges que la langue leur tend.

Remarquons que dans la question dePlaton, on peut se demander si le " Bien ” est un nom désignant un " objet ” (le bien), comme le font habituellement les noms communsdans notre langue.

Une langue idéale, claire et précise, nous dit Wittgenstein dans le Tractatus, devrait éviter aux philosophes de poserdes questions dont le sens n'est pas bien clair.

La philosophie, justement, est cette activité dont le but essentiel est la clarification dulangage. En dévoilant le la logique de la langue, Wittgenstein croyait dans le Tractatus avoir résolu les problèmes philosophiques d'une manièredécisive.

Toutefois, qu'en est-il des phrases elles-mêmes du Tractatus qui cherchent à dire ce qui ne peut être dit? Wittgenstein affirme àla toute fin de son ouvrage que celui qui l'a parcouru reconnaîtra qu'elles sont elles-mêmes frappées de non-sens : " Sur ce dont on nepeut parler, il faut garder le silence.

” (T.

6.54 et 7) Le Tractatus se clôt donc par l'abolition de la philosophie. La seconde philosophie de Wittgenstein : à la recherche de la sagesse du langage ordinaire Il est clair que le modèle idéal de la langue qui domine tout le Tractatus est celui de la logique symbolique.

Lorsque Wittgenstein revint àla philosophie après dix années d'absence, il rejeta ce modèle en faveur d'un modèle de la langue proche de son usage quotidien. En logique formelle ou symbolique, on ne considère que les énoncés dits " déclaratifs ” : " Aujourd'hui, il pleut.

”, " Wittgenstein étaitautrichien.

”, " Platon était l'élève de Socrate.

”, etc.

Qu'en est-il des phrases interrogatives ou des exclamations, exprimant descommandements et des requêtes, telle " Peux-tu me passer le sel ? ” ? Dans cet exemple, je ne cherche pas à savoir si vous avez laforce ou si vous êtes en mesure de me passer le sel, mais que vous me le passiez ! Généralement, quelqu'un énonce cette phraselorsqu'il est à table avec d'autres personnes, et sa signification ne pose alors aucun problème.

Si je dis " Robert a acheté La Presse.

”,cette phrase est ambiguë, car elle peut signifier au moins deux choses : 1) Robert a acheté un exemplaire du journal La Presse; 2)Robert acheté l'entreprise éditant La Presse.

Pour désambiguïser la signification de cette phrase banale, diverses informations concernantle contexte de son énonciation apparaissent essentielles: qui l'énonce ? dans quelles circonstances ? quelles actions accompagnentgénéralement l'énonciation de cette phrase, etc.

On pourrait multiplier les exemples montrant que le modèle logique ou déclaratif de lalangue est un modèle étroit et limité, inapte finalement à saisir la richesse et la variété de la signification des mots de la langue.Wittgenstein a attiré l'attention des philosophes sur les dimensions non-linguistiques du langage, en mettant en évidence le fait qu'enutilisant le langage nous faisons en réalité une multitude de choses, et pas seulement une seule et unique chose : énoncer des faits. Supposons que quelqu'un dise : " Le tableau est vert.

” Pour un philosophe empiriste, " Le tableau est vert ”, signifie que le tableau estde la couleur correspondant à la sensation de vert qu'il a présent dans son esprit et qu'évoque à chaque fois pour lui le mot "vert”,sensation par ailleurs qui est la même pour quiconque comprend le mot.

L'explication de la signification que nous propose le philosopheempiriste -- ou de quiconque croit que la signification d'un mot est une expérience ou une idée interne et personnelle en principeincommunicable -- est de nature subjectiviste, au sens où elle renvoi à l'expérience personnelle et privée de chacun.

Et il faut admettreque cette explication est plutôt étrange parce qu'elle fait appel à l'expérience de chacun qui est strictement personnelle et privée.

Aussi,une question se pose de façon aiguë: comment pouvons savoir en toute certitude que nous avons bel et bien tous la même expérienceinterne personnelle de " vert ” lorsque nous regardons le tableau au mur de la classe; ou la même expérience de " douleur ”, quand, parexemple, nous sommes tenaillés par un terrible mal de dents ? Bon nombre d'étudiants répondraient que nous n'avons en fait aucunmoyen de le savoir... LE SOLIPSISME CHEZ DESCARTESA ce moment de sa réflexion (découverte du cogito), Descartes possède une certitude indubitable.

Il est; et son être c'est sa pensée.Car le doute, appuyé sur l'hypothèse du malin génie, a séparé de moi non seulement le monde, mais encore mon corps et mes sens, aexorcisé tout ce qui est simplement «mien» pour ne laisser subsister dans sa présence indubitable que ce qui est «moi», c'est-à-dire maconscience, ma pensée.

Certitude d'être et de penser, inaliénable mais unique encore.

« Je suis une chose qui pense » mais « leschoses que je sens et que j'imagine ne sont peut-être rien du tout hors de moi et en elles-mêmes.

» Doutant du monde, certain de sapensée et de sa seule pensée, Descartes adopte provisoirement l'attitude que les philosophes nomment «solipsisme» et qui représentela pointe extrême de l'idéalisme : il n'est pas pour moi d'autre être que ma propre pensée.

Le solipsiste est-il, comme disaitSchopenhauer, «un fou enfermé dans un blockhaus imprenable » ? Le moi peut-il sortir de lui-même ? Nous sommes vraiment seuls et dans l'ignorance.

L'explication subjectiviste conduit ainsi tout droit au solipsisme selon qui je ne peuxjamais savoir avec certitude ce que les autres pensent ou expérimentent, et même qu'ils existent ! Pour tout ce que j'en sais, c'est que jesuis le seul à percevoir, expérimenter; bref, à exister.

Le subjectivisme conduit donc à cette position extraordinaire, à peine concevable :je suis le seul à exister; les autres ne sont peut-être au fond qu'une projection de soi...! Cette position est bien entendu absurde.

Il y aquelque chose qui ne tourne pas rond en quelque part, et selon Wittgenstein, ce qui ne va pas c'est la théorie subjectiviste de lasignification elle-même : croire que la signification des mots dans la langue soit " insufflée ” pour ainsi dire par un acte interne etpersonnelle du locuteur. Les jeux de langage, comme tous les jeux, ont leurs propres règles.

La tâche du philosophe, nous dit Wittgenstein, est de nous rappelerdes règles d'usage des mots qui exercent sur les philosophes une grande fascination et qui sont à la source de graves malentendus.Décrire la " grammaire ” de nos jeux de langage, voilà, selon Wittgenstein, la tâche du philosophe.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles