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Kant: L'expérience conditionne-t-elle la connaissance ?

Publié le 15/03/2006

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kant
Que toute notre connaissance commence avec l'expérience, cela ne soulève aucun doute. En effet, par quoi notre pouvoir de connaître pourrait-il être éveillé et mis en action, si ce n'est par des objets qui frappent nos sens et qui, d'une part, produisent par eux-mêmes des représentations et d'autre part, mettent en mouvement notre faculté intellectuelle, afin qu'elle compare, lie ou sépare ces représentations, et travaille ainsi la matière brute des impressions sensibles pour en tirer une connaissance des objets, celle qu'on nomme l'expérience ? Ainsi, chronologiquement, aucune connaissance ne précède en nous l'expérience et c'est avec elle que toutes commencent. Mais si toute notre connaissance débute AVEC l'expérience, cela ne prouve pas qu'elle dérive toute DE l'expérience, car il se pourrait bien que même notre connaissance par expérience fût un composé de ce que nous recevons des impressions sensibles et de ce que notre propre pouvoir de connaître (simplement excité par des impressions sensibles) produit de lui-même : addition que nous ne distinguons pas de la matière première jusqu'à ce que notre attention y ait été portée par un long exercice qui nous ait appris à l'en séparer. C'est donc au moins une question qui exige encore un examen plus approfondi et que l'on ne saurait résoudre du premier coup d'oeil, que celle de savoir s'il y a une connaissance de ce genre, indépendante de l'expérience et même de toutes les impressions des sens. De telles connaissances sont appelées a priori et on les distingue des empiriques qui ont leur source a posteriori, à savoir dans l'expérience. Cette expression n'est pourtant pas encore suffisamment déterminée pour marquer tout le sens contenu dans la question proposée. Car on dit bien - et l'usage le veut - de maintes connaissances sorties de sources expérimentales, que nous en sommes capables ou que nous les avons a priori, parce que ce n'est pas immédiatement de l'expérience que nous les dérivons, mais d'une règle générale, que nous avons toutefois elle-même empruntée à l'expérience. C'est ainsi qu'on dit de quelqu'un qui a sapé les fondements de sa maison, qu'il pouvait bien savoir a priori qu'elle s'écroulerait, c'est-à-dire qu'il n'avait pas besoin pour le savoir d'attendre cette expérience, l'écroulement réel. Il ne pouvait pourtant pas le savoir entièrement a priori. En effet, que les corps sont lourds et que, par suite, ils tombent quand on leur enlève ce qui les soutient, c'est ce qu'il fallait que l'expérience lui eût auparavant fait connaître.
Une des questions que traite la philosophie critique de Kant est celle de la connaissance. Cette philosophie rompt avec le dogmatisme et le scepticisme qui l’ont précédée, c’est pourquoi elle est critique (critique vient du grec krinein qui signifie séparer, se distinguer). Elle constitue une révolution dans la théorie de la connaissance et du sujet en posant le sujet comme à la fois constituant la connaissance et à la fois limité (ne pouvant tout connaître). Ce texte contient plusieurs des mots-clés du vocabulaire kantien comme la connaissance, l’expérience, les sens ou la faculté. Il nous introduit à une thèse principale de l’auteur selon laquelle il n’y a pas de connaissance sans expérience. Mais le sujet ne fait pas que recevoir des sensations, il est actif, il effectue une opération pour tirer de ses sensations une connaissance. De plus, Kant introduit un type de connaissance qui n’est pas empirique car elle fait appel aux formes pures mais qui n’est pas défectueuse comme la connaissance intelligible, il s’agit de la connaissance sensible.
La problématique du texte est la suivante : comment parvient-on à une connaissance ? La connaissance est-elle le résultat d’une activité ou d’une passivité du sujet ?
Dans un premier mouvement du texte, Kant explique la nécessité d’une certaine passivité du sujet qui reçoit l’expérience. Néanmoins, il s’agit bien d’un « pouvoir de connaître « que possède le sujet. Ce pouvoir lui permet, à partir de l’expérience, d’accéder à une connaissance empirique. Dans le second mouvement du texte, ce pouvoir est d’autant plus mis en valeur par un autre type de connaissance, la connaissance sensible.
 

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« ant : Que toute notre connaissance commence avec l'expérience, cela ne soulève aucun doute.

En effet, par quoi notre pouvoir de connaîtrepourrait-il être éveillé et mis en action, si ce n'est par des objets qui frappentnos sens et qui, d'une part, produisent par eux-mêmes des représentations etd'autre part, mettent en mouvement notre faculté intellectuelle, afin qu'ellecompare, lie ou sépare ces représentations, et travaille ainsi la matière brutedes impressions sensibles pour en tirer une connaissance des objets, cellequ'on nomme l'expérience ? Ainsi, chronologiquement, aucune connaissancene précède en nous l'expérience et c'est avec elle que toutes commencent.Mais si toute notre connaissance débute AVEC l'expérience, cela ne prouvepas qu'elle dérive toute DE l'expérience, car il se pourrait bien que mêmenotre connaissance par expérience fût un composé de ce que nous recevonsdes impressions sensibles et de ce que notre propre pouvoir de connaître(simplement excité par des impressions sensibles) produit de lui-même :addition que nous ne distinguons pas de la matière première jusqu'à ce quenotre attention y ait été portée par un long exercice qui nous ait appris à l'enséparer.C'est donc au moins une question qui exige encore un examen plus approfondiet que l'on ne saurait résoudre du premier coup d'oeil, que celle de savoir s'il ya une connaissance de ce genre, indépendante de l'expérience et même de toutes les impressions des sens.

De telles connaissances sont appelées a priori et on les distingue des empiriquesqui ont leur source a posteriori, à savoir dans l'expérience.Cette expression n'est pourtant pas encore suffisamment déterminée pour marquer tout le sens contenu dans laquestion proposée.

Car on dit bien - et l'usage le veut - de maintes connaissances sorties de sourcesexpérimentales, que nous en sommes capables ou que nous les avons a priori, parce que ce n'est pasimmédiatement de l'expérience que nous les dérivons, mais d'une règle générale, que nous avons toutefois elle-même empruntée à l'expérience.

C'est ainsi qu'on dit de quelqu'un qui a sapé les fondements de sa maison, qu'ilpouvait bien savoir a priori qu'elle s'écroulerait, c'est-à-dire qu'il n'avait pas besoin pour le savoir d'attendre cetteexpérience, l'écroulement réel.

Il ne pouvait pourtant pas le savoir entièrement a priori.

En effet, que les corps sontlourds et que, par suite, ils tombent quand on leur enlève ce qui les soutient, c'est ce qu'il fallait que l'expérience luieût auparavant fait connaître. Avez-vous compris l'essentiel ? 1 Suffit-il d'avoir l'expérience pour savoir ?2 A quoi sert l'expérience pour la connaissance théorique ?3 Y a-t-il des aspects de la connaissance indépendants de l'expérience ? Réponses: 1 - L'expérience est en tout cas le commencement de la connaissance.

C'est une condition nécessaire, même si ellen'est pas suffisante.2 - À vérifier ce qu'on pouvait savoir seulement en partie.

En effet, l'expérience confirme (ou infirme) ce qui n'étaitque théoriquement vrai.3- Oui.

D'une part les impressions sensibles, qui modifient la teneur de l'expérience.

D'autre part l'intellect, qui établitdes règles générales. Commentaire de texte Que toute notre connaissance commence avec l'expérience, cela ne soulève aucun doute.

En effet, parquoi notre pouvoir de connaître pourrait-il être éveillé et mis en action, si ce n'est par des objets qui frappent nossens et qui, d'une part, produisent par eux-mêmes des représentations, et d'autre part, mettent en mouvementnotre faculté intellectuelle, afin qu'elle compare, lie ou sépare ces représentations et travaille ainsi la matière brutedes impressions sensibles pour en tirer une connaissance des objets, celle qu'on nomme l'expérience ? Ainsi,chronologiquement, aucune connaissance ne précède en nous l'expérience et c'est avec elle que toutescommencent. Mais si toute notre connaissance débute avec l'expérience, cela ne prouve pas qu'elle dérive toute del'expérience, car il se pourrait bien que même notre connaissance par expérience fut un composé de ce que nousrecevons des impressions sensibles, et de ce que notre propre pouvoir de connaître (simplement excité par desimpressions sensibles) produit de lui-même, addition que nous ne distinguons pas de la matière première jusqu'à ce. »

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