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Est-il légitime qu'une oeuvre d'art fasse l'objet d'un échange marchand ?

Publié le 22/02/2012

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Introduction L'oeuvre d'art semble exclure, de par sa spécificité, tout trafic, tout échange, tout commerce, comme si sa beauté interdisait que l'argent entre en ligne de compte dans l'estimation de sa valeur. En cela, on peut considérer comme contraire au droit et à la morale l'idée même de faire de l'oeuvre d'art l'objet d'un échange marchand. Le beau ne s'achèterait pas et ne se monnayerait pas. Cependant, ne peut-on aussi considérer l'oeuvre d'art comme un travail qui met en oeuvre des techniques, demande des efforts et apporte aux hommes un plaisir spécifique et essentiel passant par la contemplation de la beauté ? Dans ce cas, ne serait-il pas juste que l'oeuvre d'art soit rétribuée et que l'artiste puisse « vivre de l'art » ? Or comment évaluer ce qui semble interdire toute évaluation objective et quantifiable ? Autrement dit, comment un échange commercial pourrait-il avoir lieu dans le domaine du beau ?

« Transition Mais l'idée que l'oeuvre d'art ne puisse être que le produit d'un génie désintéressén'est peut-être qu'une illusion, et derrière l'oeuvre d'art se cache peut-être un réelsavoir-faire qui pourrait faire l'objet d'une juste estimation. II Possibilité de voir dans l'oeuvre d'art un travail à échanger II-1 Rapport possible entre art et techniqueTout d'abord, l'idée que l'art ne nécessite aucun travail n'est peut-être qu'uneillusion, laquelle serait liée au fait que le propre de l'art est justement de rendreinvisible tout le travail qu'il suppose.

C'est d'ailleurs ce que suggère Nietzsche, pourqui le génie a une part d'illusion, puisque nous y croyons lorsque nous ne savons pasexpliquer la genèse d'une oeuvre.

En ce sens, l'oeuvre d'art supposerait un réel travail,comme le montrent d'ailleurs les esquisses et les manuscrits, mais ce travail sauraitdisparaître une fois l'oeuvre achevée.

Ainsi, comme le souligne Nietzsche, l'apparencede facilité qui nous fait croire à une improvisation ne serait peut-être en fait que lerésultat d'un énorme travail.

Or cet important travail pourrait légitimement fairel'objet d'un échange puisque dans l'évaluation du bien échangé le critère principal estjustement celui du travail accompli. II-2 Utilité possible du beauDe même, poser que l'art ne doit viser que le beau ne lui retire pas pour autanttoute valeur.

Il serait même dangereux de confondre l'inutile avec ce qui n'a pasde valeur.

En effet, certaines choses, bien qu'inutiles, sont pourtant essentielles àl'homme, comme le jeu, l'amour, le bonheur par exemple.

Or le beau semble lui aussifaire partie de ce qui compte beaucoup pour la culture humaine, comme si l'hommeavait besoin de la beauté « pour ne pas mourir de la vérité » (Nietzsche).

Baudelaire,notamment par le biais de ses poèmes, montre à quel point l'art, en visant le beau,« rend l'univers moins hideux et les instants moins lourds ».

Le beau est donc unefaçon pour l'homme de transformer le monde selon un certain idéal, et également d'endécrire la noirceur pour mieux s'en délivrer.

Lorsqu'il affirme que « l'art ne reproduitpas le visible, il rend visible », P.

Klee suggère d'une certaine façon que les artistes etles oeuvres d'art « servent » à nous montrer ce que nous devrions voir mais que seulsquelques-uns voient.

Or ne s'ensuit-il pas que l'oeuvre d'art mérite d'être « payée »dans la mesure où elle nous permet de porter sur nous-mêmes et sur le monde unnouveau regard ? II-3 Objectivité possible du plaisir esthétiqueNous pouvons donc tomber d'accord pour dire qu'une oeuvre d'art est belle sijustement elle nous montre ce que nous ne savons pas voir.

Dans ce cas, il semblepossible d'apprécier à sa juste valeur une oeuvre d'art, puisque le plaisir esthétiqueparaît être un critère qui permet de mesurer l'oeuvre d'art.

Ainsi, une oeuvre qui nousémeut et qui provoque en nous ce que Kant appelle le « libre jeu des facultés », àsavoir le plaisir d'une harmonie entre notre pensée, notre sensibilité et notre imagination,sera une oeuvre belle.

Or cette harmonie qu'elle provoque et qui nous fait dire« c'est beau ! » est, selon Kant, à la fois subjective et universelle : c'est en effet moiqui éprouve l'émotion mais en même temps je la suppose chez autrui.

C'est dire que,selon Kant, il y a bien un « sens commun » qui nous permet de tomber d'accord surla beauté d'une oeuvre : parler de chef-d'oeuvre à propos de Mozart ou de Van Gogh,c'est bien en effet avancer l'idée d'une universalité possible en matière de goût.Dès lors, dans la mesure où il est possible d'évaluer la beauté d'une oeuvre d'art eninterrogeant le « sens commun », il s'ensuit qu'il est donc possible et même juste derétribuer l'oeuvre d'art pour sa beauté. TransitionCependant, même s'il semble juste de « récompenser » une oeuvre qui demandedu travail et qui nous apporte un plaisir rare, il n'en demeure pas moins que ce plaisirsemble plutôt difficile à « estimer ». III Les conditions d'une juste évaluation de l'oeuvre d'art. »

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