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Une métaphysique expérimentale est-elle possible ?

Publié le 17/06/2009

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INTRODUCTION. - Il est bien difficile aux philosophes de s'accorder sur le sens à donner au terme « métaphysique «, ainsi que le montre la lecture des dix pages que le Vocabulaire de LALANDE consacre à ce sujet. Prenant ici le terme dans son acception classique, nous définirons la métaphysique comme une réflexion qui porte sur l'être et dont le caractère est de transcender l'expérience. Or, le caractère de transcendance qu'on accorde sans difficulté à la métaphysique pose pourtant un problème, celui de ses rapports avec l'expérience. La métaphysique peut-elle, doit-elle faire appel à l'expérience ? Pour répondre à cette question, il paraît utile de se situer successivement à deux points de vue : au point de départ de la réflexion métaphysique et à son terme. I. — LES CONDITIONS DE LA RÉFLEXION MÉTAPHYSIQUE Au point de départ de la réflexion métaphysique, comme au point de départ de toute réflexion, il faut bien des faits que seule l'expérience peut fournir, sans quoi la métaphysique, réduite à des images, ne vaudrait pas mieux qu'un conte. C'est donc à l'observation la plus scrupuleuse qu'est d'abord convié le métaphysicien. Là-dessus, tout philosophe sérieux est d'accord avec KANT, qui affirme ne pouvoir tolérer « que l'on joue de la vraisemblance et de la conjecture, ce qui convient aussi mal à la métaphysique qu'à la géométrie «. Mais sur quoi portera l'observation ?

« II.

— VALEUR D'UNE MÉTAPHYSIQUE FONDEE SUR L'EXPÉRIENCE En effet, au terme de la réflexion philosophique, on conclut à l'existence do la matière, de l'esprit et de Dieu.

Mais sil'on ne peut avoir aucune expérience de l'absolu, quelle est la valeur de ces conclusions ? Pour le sens commun,suivi par de nombreux philosophes, il n'y a pas de divorce entre la sensibilité et la raison.

On affirmera donc que sil'on ne connaît le tout de rien, du moins on ne peut dire que l'on ne connaisse rien du tout.

Nos connaissancesmétaphysiques sont donc rudimentaires, mais certaines. 1.

Objections de Kant. — Il convient toutefois de s'arrêter un peu aux objections de KANT, selon lequel il est impossible de fonder une métaphysique du type classique, parce qu'il y a solution de continuité entre le sensible etl'intelligible.

« Le sens commun n'est donc utilisable que dans la mesure où il peut voir ses règles confirmées parl'expérience.

» Or, précisément, les conclusions de la métaphysique classique sont invérifiables, elles échappent à lapierre de touche de l'expérience.

L'élaboration du sensible ne peut donner que du sensible.

Les lois scientifiques, ilest vrai, sont valables, mais c'est parce que, restant au niveau des phénomènes, elles ne se prononcent pas sur lanature des noumènes.

La réflexion métaphysique, au contraire, prétend atteindre les noumènes.

Elle est ainsi vouéed'avance à l'échec. 2.

Réponse aux objections. — Ce n'est pas ici le lieu de faire une critique complète du kantisme.

Il nous est cependant bien permis de penser que Kant ne trouve un abîme entre les phénomènes et l'être que parce qu'il l'a lui-même introduit par son a priori subjectiviste.

Et pourtant, nous soupçonnons chez KANT, bien qu'il se défende detoute métaphysique au sens ordinaire du terme, la présence d'une expérience métaphysique authentique.

On sentchez lui l'inquiétude de l'être, causée par l'insuffisance du phénomène, il prétend sans doute que la raison théoriquen'en peut rien dire, mais par le biais de la raison pratique, il nous demande d'accepter sans discussion le postulat del'Être absolu.

KANT a senti en lui l'appel du transcendant, mais il n'a pas su lui donner de place logique dans sonsystème.

Pourquoi donc ce bloc erratique des postulats de la raison pratique ? Pourquoi ce divorce entre la raisonpratique et la raison théorique ? Ne valait-il pas mieux admettre que la raison ne se trompe pas, lorsque, d'unemouvement inéluctable, elle dépasse le monde des apparences ? Mais admettre cela, c'était évidemment renversertoute la critique de la dialectique transcendantale. CONCLUSION. - Il n'est donc pas question de restreindre, avec KANT, la métaphysique à la seule critique.

Sans cesse aiguillonné par l'inquiétude métaphysique, le penseur prend pied sur l'expérience sensible, tant externequ'interne, pour essayer de la comprendre et de la rattacher à l'absolu.

La métaphysique doit donc, faire appel àl'expérience, sous peine d'être dépourvue de sens et de substance; elle peut le faire puisque le monde sensible n'estpas imperméable à la raison.

Nous retiendrons seulement de la critique kantienne que le métaphysicien doit êtreextrêmement prudent et ne jamais se contenter de vaines spéculations, ni prendre ses conjectures pour desréalités.. »

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