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Nietzsche et le perspectivisme

Publié le 27/02/2008

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nietzsche
Mais comment nous retrouver nous-mêmes? Comment l'homme peut-il se connaître? C'est une chose obscure et voilée. Et s'il est vrai que le lièvre a sept peaux, l'homme peut se dépouiller de septante fois sept peaux avant de pouvoir se dire : Voici vraiment ce que tu es, ce n'est plus une enveloppe. C'est par surcroît une entreprise pénible et dangereuse que de fouiller ainsi en soi-même et de descendre de force, par le plus court chemin, jusqu'au tréfonds de son être. Combien l'on risque de se blesser, si grièvement qu'aucun médecin ne pourra nous guérir! Et de plus, est-ce bien nécessaire alors que tout porte témoignage de ce que nous sommes, nos amitiés comme nos haines, notre regard et la pression de notre main, notre mémoire et nos oublis, nos livres et les traits que trace notre plume ? Mais voici comment il faut instaurer l'interrogatoire essentiel entre tous. Que la jeune âme [...] se demande: "Qu'as-tu vraiment aimé jusqu'à ce jour? Vers quoi t'es-tu sentie attirée, par quoi t'es-tu sentie dominée et comblée à la fois ? " Fais repasser sous tes yeux la série entière de ces objets de vénération, et peut-être, par leur nature et leur succession, te révèleront-ils la loi fondamentale de ton vrai moi. Compare ces objets entre eux, vois comment ils se complètent, s'élargissent, se surpassent, s'illuminent mutuellement, comment ils forment une échelle graduée qui t'a servi à t'élever jusqu'à ton moi. Car ton être vrai n'est pas caché tout au fond de toi : il est placé infiniment au-dessus de toi, à tout le moins au-dessus de ce que tu prends communément pour ton moi. NIETZSCHE

La perspective nietzschéenne consiste dans une critique des présupposés qui guident  la métaphysique et la philosophie depuis Platon, et qui sont fondés sur l’existence d’un monde transcendant, nous fournissant une morale et une vérité, et sur la priorité de la substance qu’est l’âme sur le corps. Dans ce texte, le problème posé est celui de la connaissance de soi-même. On peut considérer que depuis l’Antiquité, la formule inscrite sur le fronton du temple de Delphes, « connais-toi toi-même « est fondamentale dans l’histoire de la philosophie : elle repose sur l’idée que cette connaissance est possible par introspection, c’est-à-dire par l’examen du moi ou de l’âme, et qu’elle permet à l’homme de guider sa vie. Or, Nietzsche s’oppose ici à cette idée, en contestant à la fois la possibilité de se connaître soi-même par introspection et la légitimité d’une telle démarche. Quels sont alors les valeurs et les présupposés d’une telle critique ? Contre quelle conception de l’homme s’inscrit-elle ? Comment peut-on comprendre la connaissance de soi alternative proposée par Nietzsche ? Le texte commence par une critique de la connaissance du moi, par une contestation de l’accessibilité du moi à notre examen. Il propose alors une autre manière de se connaître, en affirmant que le moi se trouve ailleurs que là où les philosophes l’ont cherché. De cette affirmation se dégage alors la conception nietzschéenne de la nature du vrai moi.

 

 

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