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De l'origine métaphorique des concepts chez Gadamer

Publié le 07/07/2011

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Selon la logique[1], héritière d’Aristote,  le concept est l’idée générale et abstraite à l’égard de laquelle les choses ne sont que des cas individuels et concrets. Par idée, on entend une représentation élaborée par la pensée qu’il ne faut pas confondre avec une image mentale (on peut en effet concevoir le kiliogone, mais on ne peut pas l’imaginer) et le signe linguistique utilisé pour l‘exprimer. Lorsqu’on dit que le concept est une idée générale et abstraite, cela signifie que cette idée s’applique à un ensemble de choses ayant des traits essentiel commun que la pensée doit abstraire pour ne saisir que l’essentiel. La formation d’un concept dépend donc de la saisie intellectuelle d’une essence et les mots ne servent qu’à exprimer les limites et le contenu du concept.

 

« Gadamer pourra ainsi conclure que « Cette célèbre figure de style qu’est la métaphore n’est que la version rhétorique de ceprincipe universel de formation, à la fois linguistique et logique.

C’est ainsi qu’Aristote a pudire : “Réussir les métaphores, c’est reconnaître l’élément commun” [ Poétique , 22, 1459 a8]. Les Topiques aristotéliciennes offrent également une foule de confirmations du rapport entrele concept et la langue.

La constitution du genre commun par la définition y estexpressément dérivée de la considération de ce qui est commun [ Topiques , A, 18, 108 b7- 31].

À l’origine de la logique des genres, il y a donc le travail déjà accompli par la langue [8].

» Selon Gadamer, l’idéal logique de la hiérarchisation des concepts du plus général au plus particulier domine à présent l’activité métaphorique vivante de la langue.

L’arbre de Porphyre est un bon exemple de la hiérarchisation qu’impose la logique de l’abstraction aux concepts [9].

A cette hiérarchisation artificielle qui détermine abstraitement le sens des concepts, Gadamer, à la suite de Heidegger, en appelle au sens originel des mots dans l’usage vivant de la langue, sens qui serait le seul à partir duquel la pensé peut se déployer.

Par exemple, chez Platon et Aristote, le terme grec pour désigner le concept le plus général qui soit, l’être, est ousia .

Dans l’usage vivant de la langue grecque dans le monde Platon et d’Aristote, ousia signifie « possession », « biens ».

L’être est donc pensé par Platon et son disciple Aristote comme étant ce dont on dispose.

En langage de paysan, ce dont on dispose c’est d’une ferme, d’un domaine cultivable, Anwesen , en allemand, à partir duquel on tire sa subsistance.

C’est ainsi que le sens originel de l’être est compris comme présence ( Anwesenheit ) par Heidegger [10] . Pour retrouver le sens originel des concepts fondamentaux de la philosophie, il faut donc dépasser l’artificielle distinction logique entre le sens propre et le sens figuré d’un mot pour le mettre à l’écoute de la métaphoricité essentielle de la langue vivante.

[1] Hélène LARAMÉE, François DOYON, Gerardo MOSQUERA et Gilles VIGNAULT, L’art du dialogue et de l’argumentation , Montréal, Chenelière, 2009, p.

21.

Voir aussi MUNSON, Ronald et Andrew BLACK, The Elements of Reasoning , 5e éd., Belmont, Thomson/Wadsworth, 2007, p.

159 à 173. [2] Vérité et méthode , p.

452. [3] Vérité et méthode , p.

451. [4] « Tel est le sens de l’instant ; mais il y en a un autre, c’est quand le temps de la chose est voisin, il viendra « àl’instant » c’est-à-dire tout à l’heure ; il est venu à l’instant, parce qu’il est arrivé est aujourd’hui ; les événementsde Troie ne se sont pas produit à l’instant, ni le déluge ; et certes le temps qui les rejoints est continu, mais il n’estpas voisin.

L’expression « un jour » signifie un temps limité relativement à l’instant pris au premier sens, par exempleTroie fut prise un jour et le déluge aura lieu un jour ; il doit y avoir en effet, limitation relativement à l’instant ; il yaura donc une quantité déterminée de temps entre l’instant actuel et le futur, une autre entre l’instant actuel et lepassé.

[…] L’expression « tout à l’heure » indique la partie du futur qui est proche de l’instant présent indivisible.Quand te promènes-tu ? Tout à l’heure, parce que le temps où cela se produira est proche.

Et aussi la partie dutemps passé qui n’est pas loin de l’instant présent.

Quand te promènes-tu ? Tout à l’heure je me suis promené.

Onne dit pas que Troie a été détruite tout à l’heure, parce que c’est trop loin du présent.

L’expression « récemment »indique la partie du passé qui est proche.

Quand y es-tu allé ? récemment, si le temps en est voisin de l’instantactuel ; au contraire, « autrefois » signifie un temps éloigné.

L’expression « tout à coup » s’applique à unemodification qui arrive dans un temps insensible par sa petitesse.

» (ARISTOTE, Physique , IV, 13, trad.

Carteron). [5] Vérité et méthode , p.

452. [6] Vérité et méthode , p.

453. [7] Vérité et méthode , p.

453. [8] Vérité et méthode , p.

454-455.. »

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