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Le pari de Pascal.

Publié le 26/10/2009

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Le pari de Pascal

"Examinons donc ce point, et disons Dieu est, ou il est pas... Que gagerez-vous?... Il faut parier cela n'est pas volontaire, vous êtes embarqué... Pesons le gain et la perte en prenant croix, que Dieu est. […] Vous avez deux choses à perdre : le vrai et le bien, et deux choses à engager : votre raison et votre volonté, votre connaissance et votre béatitude; et votre nature a deux choses à fuir : l'erreur et la misère. Votre raison n'est pas plus blessée, en choisissant l'un que l'autre, puisqu'il faut nécessairement choisir. Voilà un point vidé. Mais votre béatitude ? Pesons le gain et la perte, en prenant croix que Dieu est. Estimons ces deux cas : si vous gagnez, vous gagnez tout; si vous perdez, vous ne perdez rien. Gagez donc qu'il est, sans hésiter." (Blaise Pascal / 1623-1662 / Pensées / 1670)
 
Que l'on demande à la raison une preuve ou que l'on cherche dans une expérience privilégiée une révélation de Dieu, dans un cas comme dans l'autre, on veut d'abord savoir que Dieu existe afin de se fixer ensuite une conduite. Une autre attitude est possible, dont Pascal nous offre un exemple typique. Examinons donc la théorie pascalienne du pari, au prix d'un retour en arrière dans le cours de l'histoire.  a) D'une chose quelconque on peut envisager soit l'existence, soit la nature ; avant même que d'évaluer le pouvoir réel de la connaissance humaine, on peut donc prévoir a priori que les choses se répartiront en trois catégories et en trois seulement : des unes je pourrai peut-être connaître et leur existence et leur nature, des autres je pourrai savoir qu'elles existent mais non ce qu'elles sont, d'autres enfin je ne pourrai connaître ni leur existence, ni par conséquent leur nature.  b) Quels sont, d'autre part, les moyens dont nous disposons pour connaître les choses ? On en peut distinguer trois : la raison, la foi et la gloire. Par la raison seule, nous pouvons connaître l'existence et la nature du réel sensible, car notre âme est située dans un corps, partie du monde physique soumis lui-même au nombre, à l'espace, au temps. La raison nous permet aussi de connaître l'existence, mais non la nature de l'infini mathématique, car : « Nous connaissons qu'il y a un infini, et ignorons sa nature. Comme nous savons qu'il est faux que les nombres soient finis, donc il est vrai qu'il y a un infini en nombre. Mais nous ne savons ce qu'il est : il est faux qu'il soit pair, il est faux qu'il soit impair, car, en ajoutant l'unité, il ne change point de nature ; cependant c'est un nombre, et tout nombre est pair ou impair (il est vrai que cela s'entend de tout nombre fini). « Mais la raison ne nous permet d'atteindre ni l'existence, ni la nature de Dieu. Par la foi en revanche, nous accédons à l'existence de Dieu, si la connaissance de sa nature nous est toujours interdite. Par la gloire enfin nous sera révélée la nature de Dieu avec son existence : la gloire sera le fait de l'élu admis à la contemplation de Dieu et ayant quitté la terre pour le Ciel : « Nous connaissons donc l'existence et la nature du fini, parce que nous sommes finis et étendus comme lui. Nous connaissons l'existence de l'infini et ignorons sa nature, parce qu'il a étendue comme nous, mais non pas de bornes comme nous. Mais nous ne connaissons ni l'existence ni la nature de Dieu, parce qu'il n'a ni étendue ni bornes. « Mais par la foi nous connaissons son existence ; par la gloire nous connaîtrons sa nature. Or, j'ai déjà montré qu'on peut bien connaître l'existence d'une chose sans connaître sa nature. «

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« S'adressant à l'incroyant, Pascal lui propose de parier sur l'existence de Dieu.

Il prend ainsi le contre-pied desphilosophes et des théologiens qui s'efforcent de prouver celle-ci rationnellement. Dans la querelle qui oppose les jansénistes aux jésuites, Pascal prend fait et cause pour les premiers contre lesseconds.

Son oeuvre apparaît comme une apologie de la religion chrétienne.

Rompant avec la sciencearistotélicienne antique, selon laquelle le monde est parfait et fini, Pascal, aidé par la science moderne, conçoit lemonde comme infini.

Tiraillé entre deux infinis, l'infiniment grand et l'infiniment petit, l'homme occupe dans la natureune place instable et incertaine.

Il «est un milieu entre rien et tout».

Toutefois, estime Pascal, «la pensée fait lagrandeur de l'homme».

Par sa pensée, il fait l'épreuve de sa grandeur — «par la pensée, je comprends » l'espace etl'Univers — et, dans le même temps, celle de sa misère et de sa petitesse — «par l'espace,l'Univers me comprend et m'engloutit comme un point». L'homme, dont la nature est justement de penser, se trouve ainsi pris dans un cercle angoissant où grandeur etmisère, joie et peine se renvoient l'une à l'autre. Toutefois, plutôt que de chercher à fuir cette situation intenable et de tenter d'oublier le néant de sa propreexistencepar le biais du divertissement et des plaisirs, Pascal propose à l'homme d'opérer une conversion.

Il intitule ainsi«Misère de l'homme sans Dieu» la première partie de ses Pensées (1670), tandis que la seconde, restée à l'étatd'ébauche, devait s'appeler «L'homme avec Dieu».

Comment persuader l'homme incroyant, joueur et libertin de lanécessité d'une telle conversion? Par le pari, répond Pascal. Pascal estime que Dieu est « infiniment incompréhensible » à la raison humaine finie et limitée.

Il se montre ainsisceptique à l'égard du Dieu des philosophes : «Dieu d'Abraham, Dieu d'Isaac, Dieu de Jacob, non des philosophes etdes savants.

» Aussi, plutôt que de chercher à démontrer l'indémontrable, Pascal propose à l'incroyant de parier surl'existence de Dieu.

Le pari ne prétend pas prendre la place de la démonstration rationnelle, par exemple, del'existence de Dieu par la perfection de son concept ; il se veut un autre rapport à Dieu, relation existentielle de lafoi vécue qui n'est pas sans évoquer l'attitude d'un Kierkegaard.

La nécessité du pari s'impose d'elle-même et n'arien d'une construction intellectuelle abstraite.

Vous n'avez pas le choix, nous dit Pascal, car «vous êtesembarqué».

En reprenant le vocabulaire du joueur libertin, il remarque que celui-ci risque« certainement le fini pour gagner incertainement le fini ».

Tandis que celui qui parie l'infini et Dieu, celui qui parie lavie éternelle, a, selon lui, tout à gagner et rien à perdre.. »

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