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Parler, est-ce penser ?

Publié le 04/12/2005

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Cet usage ne constitue en fait que l'héritage d'un code, suscitant ainsi des croyances qui lui sont dépendantes. Nietzsche voit la pensée consciente comme une toute petite partie de la pensée qui se déroule continuellement chez l'homme, partie qui doit être communicable afin d'échanger avec son prochain. La parole ne nous sert qu'à penser dans le troupeau. C'est avec la cure psychanalytique que l'inconscient peut passer outre le refoulement et accéder à la conscience. C'est l'échange de paroles avec le thérapeute qui rythme la progression du patient vers la guérison : ainsi, la méthode de la libre association ou de suggestion permettent-elles au malade de prendre conscience des évènements ou émotions qui l'empêchent de progresser. Cet inconscient n'est pas seulement un réservoir de pulsions, il accède à la pensée dès lors qu'il est possible pour lui de s'exprimer par la parole.   III.            PARLER : LA PENSÉE QUI SE FAIT ACTE Parler, ce n'est pas seulement exprimer sa pensée ou la révéler, c'est aussi, dans certains cas, agir. Ce qui fait que le sujet n'est pas seulement celui qui parle, mais celui qui peut avoir un certain pouvoir, qu'il soit politique, morale ou religieux. Le prêtre déclarant « je te baptise » ne fait pas que parler, il donne à ses paroles le statut d'acte.

Il apparaît aberrant de dire d’un jeune enfant qui n’a pas encore parfaitement accès à la parole qu’il ne pense pas pour autant. La question ne porte pas tellement sur un rapport de simultanéité entre parole et pensée que sur la manière dont est structurée leur relation. Est-ce par le langage que notre pensée prend corps ou est-ce la pensée qui dicte nos paroles ? Ce n’est pas seulement la possibilité d’un échange optimum entre les individus qui pose problème, mais aussi la définition de la nature de cette « pensée « : ne la considère-t-on que dès lors qu’elle est consciente ? Parler, n’est-ce pas sans cesse effectuer des concessions entre le code que nous utilisons et la pertinence de notre pensée forcément intime ? Enfin, si la parole est la mise au monde de notre pensée, celle-ci ne peut-elle pas acquérir un statut différent, transformant le sujet parlant en un sujet moral, religieux ou politique, bref en un sujet agissant ?  

 

« NIETZSCHE : EST-CE BIEN "JE" QUI PENSE ? Réalité spirituelle pour Descartes, unité transcendantale selon Kant, laconscience ("je") est le sujet qui rend possible la pensée et la connaissance.Nietzsche discute cette idée d'un "je" qui serait ainsi "cause de la pensée".

Leconcept de sujet ne serait-il d'ailleurs pas lui-même une illusion ? « Si l'on parle de la superstition des logiciens, je ne me lasserai jamais desouligner un petit fait très bref que les gens atteints de cette superstitionn'aiment guère avouer ; c'est à savoir qu'une pensée vient quand "elle" veutet non quand "je" veux, en telle sorte que c'est falsifier les faits que de direque le sujet "je" est la détermination du verbe "pense".

Quelque chose pense,mais que ce soit justement ce vieil et illustre "je", ce n'est là, pour le dire entermes modérés, qu'une hypothèse, une allégation ; surtout ce n'est pas une"certitude immédiate".

Enfin, c'est déjà trop dire que d'affirmer que quelquechose pense, ce "quelque chose" contient déjà une interprétation duprocessus lui-même.

On raisonne selon la routine grammaticale : "Penser estune action, toute action suppose un sujet actif, donc..." C'est par unraisonnement analogue que l'atomisme ancien plaçait à l'origine de la "forceagissante" la parcelle de matière où réside cette force et à partir de laquelleelle agit, l'atome ; des esprits plus rigoureux ont fini par apprendre à sepasser de ce dernier "résidu terrestre", et peut-être arrivera-t-on un jour, même chez les logiciens, à se passer dece petit "quelque chose", résidu qu'a laissé en s'évaporant le brave vieux "moi".

» Ordre des idées 1) Exposé d'un fait : des pensées peuvent m'apparaître sans que je les aie voulues. 2) Première analyse de ce fait : celui-ci constitue une objection à la croyance selon laquelle les pensées résultentde l'activité du sujet conscient.Cette croyance nous trompe parce que, si "quelque chose pense", il n'est pas du tout évident que ce quelque chosesoit "je". 3) Approfondissement de l'analyse de l'acte de penser- Critique de la thèse : "quelque chose pense".

Cette idée ne décrit pas le mouvement réel de la pensée, elle en estdéjà une interprétation particulière.- Origine de cette thèse : la grammaire.

On passe abusivement du sujet grammatical à l'idée d'un sujet réel : laconscience ("je") ou, plus généralement "quelque chose".- Une comparaison, enfin, montre comment l'étude de la pensée pourrait faire l'économie d'une "réalité" dont elledépendrait : l'étude scientifique des forces ne suppose plus aujourd'hui l'existence d'une substance qui en serait lesupport (par opposition à ce que pensait le matérialisme antique). Présentation Descartes affirme que les choses sont douteuses, qu' elles ne sont pas telles qu'elles apparaissent, mais il ne doutepas que la conscience soit telle qu'elle s'apparaît à elle-même.

Dans le cogito, sens et conscience du senscoïncident.

Avec Nietzsche nous entrons dans le doute sur la conscience.

Dans Ainsi parlait Zarathoustra, Nietzscheaffirme que le sens et la conscience ne sont que des instruments et des jouets car, derrière eux, à la lisière, «setient un maître plus puissant, un sage inconnu qui a nom "soi"».

Ce dernier habite le corps, il est le corps.Participant de la grande raison organique, il rit du moi et de ces bonds prétentieux.

Aussi devrait-on dire «ça pense»en moi plutôt que je pense.

Dans le texte qui suit, Nietzsche nous montre que la pré-éminence du Je dans le «jepense» n'est en somme qu'une simple affaire linguistique. Analyse Ce texte commence par la critique d'une croyance, celle des logiciens qui posent d'une manière illégitime le sujet«je» comme condition du verbe «pense».

A cette croyance, Nietzsche oppose un fait : il y a des pensées qui nousviennent à l'esprit sans que nous les ayons voulues.

Aussi, en conclut-il, on devrait dire «quelque chose pense»plutôt que «je pense».

Ensuite, l'auteur étend sa critique à la proposition «quelque chose pense» : Il y a là, dit-il, lacroyance en la vérité éternelle de la grammaire et par conséquent au sujet, à l'attribut, au complément, mais rien nenous permet d'affirmer que ce «quelque chose» qui s'annonce grammaticalement comme le sujet du verbe «penser»soit vraiment quelque chose, c'est-à-dire un sujet réel.

Le texte s'achève par une comparaison qui nous éclaire surle sens de la critique de Nietzsche : l'atomisme ancien posait, comme cause de la «force agissante», l'atome.

Or ils'est avéré qu'on pouvait se passer de ce dernier «résidu terrestre» dans l'explication scientifique des forces.Nietzsche en conclut qu'on pourrait aussi se passer de ce «quelque chose» qui est un résidu du «moi».. »

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