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Peut-on se faire justice soi-même ?

Publié le 02/02/2004

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Accepter l'arbitrageLe droit ne doit donc pas être soumis aux forces en présence, mais celles-ci doivent au contraire s'en remettre au jugement d'un tiers, c'est-à-dire d'un arbitre impartial. « Ce qui est juste, ajoute Alain, c'est d'accepter d'avance l'arbitrage ; non pas l'arbitrage juste, mais l'arbitrage. » En effet, la valeur de l'arbitrage ne tient pas tant au jugement rendu qu'à l'accord des parties de déposer les armes et de vouloir qu'un jugement soit rendu.Le droit suppose la paixS'en remettre au droit, c'est donc déjà faire la paix : le juge ne peut parler que si les armes se taisent. Ainsi, le droit n'est pas la condition de la paix, mais sa conséquence : il faut vouloir la paix pour vouloir le droit et la justice. C'est là aussi une question politique.Débat et enjeuVengeance et punition légaleLa vengeance (se faire « justice » soi-même) alimente le conflit, car l'offensé y devient à son tour l'offenseur. Acte de violence individuelle,arbitraire et passionnelle, elle « provoque, inexpiablement, à l'infini, de nouvelles vengeances 2 » (spirale de la vendetta). Au contraire, la punition légale repose sur la généralité de la loi (c'est la même pour tous) et sur la décision d'un juge impartial (non impliqué dans le litige). N'ayant rien d'une nouvelle offense, seule la punition légale peut pacifier les relations humaines.
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« Ne punir que le punissable C'est pourquoi on a « le droit de punir seulement celui qui est capable de comprendre qu'il est puni ».

S'ils sont dangereux, le criminel inconscient et irrécupérable ainsi que le fou doivent être isolés en milieu psychiatrique :n'agissant pas volontairement, ils sont pénalement irresponsables.

Leur infliger une souffrance punitive ne servirait àrien, ce serait barbare et injuste.

La punition légale n'a pas pour but la souffrance, mais la réparation etl'amélioration. SECONDE CORRECTION Quelles sont les caractéristiques de la vengeance ? Qu'est-ce qui la distingue de la légitime défense, qui esttoujours immédiate et proportionnée ? Dans le désir de vengeance nous ressentons une sorte de légitimité à "sefaire justice soi-même".

Mais cette pseudo-légitimité peut-elle constituer un droit ? Ne doit-on pas distinguer justiceet vengeance ? Si l'on admet un droit à la vengeance, comment constituer le droit de la vengeance, commentenvisager une législation, une jurisprudence de la vengeance ? Cela semble absurde, car dans ce cas la justicereconnaîtrait à de simples particuliers d'être à la fois partie, juge d'instruction, juge et exécuteur de la sanction.

Enparticulier, elle reconnaîtrait à chacun le droit de déterminer la nature et la gravité de l'offense qui lui a été faite.Bien sûr, selon la loi même, nul n'est censé ignorer la loi ; mais même la connaissance de la loi par tous (si elleexistait) ne justifierait pas chacun dans sa vengeance.

On voit qu'un droit de la vengeance est absurde, donc on sedemande comment le droit à la vengeance, impossible à transcrire en droit positif, serait autre chose qu'un désir devengeance usurpant l'idée de droit.

Si la justice remplace la vengeance, pourquoi les gens ayant purgé leur peinesont-ils encore l'objet de discriminations de la part de la société (vengeance collective) et de haine de la part deleurs victimes (désir de vengeance demeure) ? Alors qu'au terme d'une vengeance bien menée, on est "quitte".

Onconstate que l'exercice de droit positif permet en partie de supprimer le système de la vengeance, mais qu'iln'étouffe pas le désir de vengeance lui-même.

Faut-il en appeler à une morale du pardon ? Ou bien peut-onaccepter un droit au désir de vengeance (quand les familles des victimes de Pinochet réclament justice, n'ont-ellespas un juste désir de venger leurs morts) ? Si nous n'avons pas le droit de nous venger, ni (quand nous sommes desimples particuliers) de venger les autres, peut-on compter sur la justice pour venger le citoyen lésé (passageimportant de la forme pronominale à la forme transitive) ? Il est sous-jacent dans la question que la justice n'est pas la vengeance.

Mais il doit y avoir une connexité entre lesdeux pour que l'une, la justice, puisse devenir l'autre, la vengeance.

Il faut comprendre que la justice se distinguespécifiquement de la vengeance, mais qu'elle menace de se transmuer en vengeance.

Or comment cela est-ilpossible si, par définition, la justice s'inscrit dans le cadre de la loi, là où la vengeance est hors la loi?Le rapprochement entre justice et vengeance est suggéré par la façon dont elles se manifestent.

En elles deux,s'affirme l'acte commun du châtiment.

Celui-ci peut être de même nature, qu'il soit infligé par la justice, ou perpétrépar vengeance.

Peine capitale, meurtre de l'autre, dira-t-on par exemple ! Mais, dans les deux cas, on avancera qu'ils'agit de châtier un coupable.

Justice pénale, ou justice privée, on répond à un crime par une peine.Un acte de justice, comme application d'une sanction pénale, ne diffère donc pas en apparence d'un acte devengeance.

La phénoménalité de l'acte confond justice et vengeance dans le creuset du châtiment.

De là, on peutcroire naïvement que se venger, c'est faire respecter la justice.Il faut donc oublier momentanément la question de la peine, qui obscurcit les esprits, et réfléchir à celle de lalégitimité.

Qu'est-ce qui fait alors que la même action passe pour la marque de la meilleure justice ou, au contraire,pour un crime épouvantable?Il n'y a pas de risque que la vengeance devienne justice (mais cela n'a pas de sens non plus), car il n'y aurait làaucun danger.

Mais que la vengeance se fasse passer pour la justice, voilà le vrai péril.

Nous reconnaissons qu'unmalheureux qui se fait justice, en décidant arbitrairement du sort de sa victime, n'exerce en fait aucune justice,mais accomplit un acte de vengeance.

De la vengeance on ne saurait remonter à la justice.

Au contraire, siparcourant le chemin en sens inverse, on examine la justice d'État, en quoi sommes-nous assurés que cette justicene participe pas en réalité d'une forme de vengeance de la société à l'égard de qui lui aurait porté préjudice, ens'attaquant à l'un de ses membres? L'État se vengerait ainsi subtilement de dommages subis, sous couvert d'exercerune justice neutre et impartiale en toute transparence.N'y aurait-il donc pas, derrière la justice pénale institutionnelle, un esprit de vengeance collective? La question sepose avec d'autant plus d'acuité, à propos de la peine de mort, souvent interprétée comme effet d'une vengeanceaveugle du corps social. 1.

La justice exclut la vengeance 1.

La vengeance, croit-on, définirait la situation de l'homme, antérieurement à son entrée en société.

Mais aussibien, dans l'état de nature, l'homme ne connaît pas le désir de vengeance, car il lui manque ce qui en est la. »

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