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PORTÉE, SUCCÈS ET INFLUENCE DE L'œUVRE DE ROUSSEAU

Publié le 02/04/2011

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1° PRINCIPALES OBJECTIONS ADRESSÉES A SON ŒUVRE    Rousseau présente comme un axiome la bonté naturelle de l'homme. Le principe admis, tout se tient à peu près dans son œuvre, mais ce n'est là qu'un postulat qui reste à prouver.    II y a beaucoup d'injustice et d'exagération dans ses et ses partis pris. attaques : il reproche à Molière d'avoir ridiculisé la vertu dans le Misanthrope et son argumentation se fonde sur ce syllogisme : Alceste est vertueux. Or Alceste est ridicule. Donc Molière a ridiculisé la vertu. Mais il n'est pas certain qu'Alceste, avec ses violences et son orgueil, soit précisément vertueux. La critique des Fables de La Fontaine dans l'Emile est également tatillonne et puérile; et, dans sa préface, le fabuliste a répondu par avance aux arguments de Rousseau.    D'une manière générale, on peut se demander si tout le mal qu'il y a dans le monde est vraiment imputable à la Société, la Société étant d'ailleurs, elle aussi, un fait naturel.  Dans les Lettres Ecrites de la Montagne (Partie I, Lettre 1), remarque à propos de y Emile : Il s'agit d'un nouveau système d'éducation dont j'offre le plan aux examens des sages et non pas d'une méthode pour les pères à laquelle je n'ai jamais songé.

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« froide raison des philosophes.

On commençait à aimer la campagne et la vie rustique, et l'on y découvrait même lesdouceurs du rêve, de la solitude et du silence.

On lisait avec passion les poètes et les romanciers anglais quidonnaient des émotions confuses et profondes.

Les comédies de Nivelle de la Chaussée imaginaient des situationstouchantes qui faisaient couler de douces larmes.

Vers 1760, Marmontel créait le conte moral dont la morale étaitfaite d'innocence et d'honnêtes effusions.

On comprend que l'œuvre de Rousseau, qui répondait à ces aspirations,ait provoqué tant d'enthousiasme. On a souvent remarqué que Rousseau, ennemi de son siècle, est resté fidèle à l'esprit de son siècle.

Cet adversairedu progrès a cru en effet au progrès ; ou plutôt, comme dit M.

Lanson, il a dissocié les deux idées de progrès et dechangement; il a montré que l'évolution continue pouvait éloigner l'humanité de son idéal primitif; mais qu'un progrèsvéritable pouvait être assuré par « l'entrée en jeu d'une force antérieurement inactive ».

Cette idée est celle quidomine toute sa doctrine et c'est pour indiquer aux hommes la route à suivre qu'il a publié l'Emile, l'Héloïse et leContrat.

Les hommes du XVIIIe siècle avaient trop de foi dans le progrès de l'espèce humaine pour ne pas appréciercette conception originale qui, tout en respectant leur conviction, l'orientait néanmoins dans une direction nouvelle.Elle avait en outre le mérite de donner à tous ses livres une unité systématique où l'esprit rationaliste lui-mêmetrouvait son compte. Tout dans l'œuvre de Rousseau n'était pas utopies et chimères.

Il y avait au contraire bien des vérités sous sesprétendus paradoxes : il est juste et pertinent de tenir un enfant à l'écart de l'agitation troublante du monde, derespecter sa personnalité, de faire appel à la curiosité et à l'expérience, de former le jugement, de veiller àl'éducation du corps et des sens et de se mettre toujours à la portée d'un élève en rendant l'éducation attrayante.La Nouvelle Héloïse elle-même nous donne d'admirables leçons ; elle nous apprend surtout à haïr l'hypocrisie et lemensonge social, à apprécier les joies de la famille et à fonder l'amour conjugal sur la franchise. Les philosophes du XVIIIe siècle avant Rousseau étaient des gens d'esprit, ironiques et sceptiques, qui sapaient lesabus et les vices des institutions établies sans tirades éloquentes et sans attitudes de révolté et de tribun.Rousseau est au contraire un merveilleux orateur.

Toute son œuvre est un plaidoyer, plaidoyer d'une logique à la foisrigoureuse et passionnée : plaidoyer pour la province contre Paris, plaidoyer pour et contre le suicide, plaidoyer pouret contre le duel, plaidoyer pour la foi et contre l'incrédulité, enfin plaidoyer de Rousseau en faveur de Rousseau.Partout, on retrouvait sous les aspects les plus divers, la thèse fondamentale, mais partout aussi on le voyaits'emporter, s'indigner, puis gémir ou s'attendrir, communiquant à ses lecteurs toutes ses émotions, faisant sonner àleurs oreilles les grands mots de Vérité, de Liberté et de Justice, dans des phrases amples, harmonieuses et sonoresoù il ne reculait devant aucune invective.

Dans Y Evolution de la poésie lyrique au XIXe siècle, Brunetière aremarqué que Rousseau n'avait été gêné dans l'expression de ses idées ni par les préjugés de son éducation, ni parle respect des convenances, ni par la crainte du ridicule, ni par la peur de braver l'opinion, ni par la défiance de soi-même.

Voilà pourquoi il est ironique, d'une ironie acerbe et cinglante (Lettre au Comte de Lastic, du 20 décembre1754), mais plus volontiers violent (.Lettre à Christophe de Beaumont, archevêque de Paris, 1763).

Alors queVoltaire est surtout railleur et spirituel, Rousseau préfère le ton grave et sévère à la plaisanterie; et, surtout, lessinuosités de sa phrase expriment le mouvement de la passion qui, finalement, par sa contagion, transporte lelecteur et emporte sa conviction. 3° L'INFLUENCE DE ROUSSEAU Théoricien de la souveraineté populaire, de la liberté et de l'égalité, Rousseau a exercé sur la Révolution uneinfluence considérable.

Mirabeau, Madame Roland, Danton, Billaud-Varennes et surtout Robespierre le citent etl'admirent.

Presque tous les actes de la Convention (Constitution de 1793 et notamment la Constitution Civile duclergé) s'appuient sur ses théories.

C'est Rousseau qui, en glorifiant les réjouissances populaires, a contribué àl'institution des fêtes révolutionnaires.

Mais l'influence de Rousseau a été plus vaste encore.

Le dogme de lasouveraineté populaire, avec toutes ses conséquences et en particulier l'établissement du suffrage universel, dominetout le XIXe siècle.

C'est sur lui que se fondent les grands Etats républicains.

Plus tard, le socialisme sortira engrande partie du Contrat Social. Nous avons dit que l'œuvre de Rousseau paraissait à son heure et répondait aux aspirations du temps.

Il n'en estpas moins vrai que Rousseau accentua encore le mouvement qui poussait les esprits à fuir la vie mondaine et lesfrivolités du libertinage et de la galanterie.

Nous savons, par les lettres qu'il reçut, l'action qu'il exerça sur l'âme deses contemporains.

Après lui, on voulut chercher dans la nature, dans les joies saines de la vie familiale, dans lebonheur conjugal et dans les extases de la passion et de la sensibilité, les ravissements qu'il avait lui-même exaltés. Elle s'est d'abord exercée sur les contemporains. Avant Rousseau, les enfants étaient élevés loin de leurs parents, et les éducateurs n'étaient souvent que despédants.

Après Rousseau, les mères se mirent à allaiter elles-mêmes leurs enfants, et de nombreux théoriciens del'éducation avouèrent leur admiration pour les méthodes de Rousseau.

Gœthe disait de l'Emile : « C'est l'Evangile desInstituteurs ».

Aujourd'hui encore, à la suite de Pestalozzi qui a développé, popularisé et essaye d'appliquer les idéesde Rousseau, la pédagogie moderne a retenu de l'Emile la nécessité d'un enseignement par les choses et l'abandondes principes d'autorité qui font appel à la mémoire sans former le jugement1. C'est en pensant à la Profession de Foi du Vicaire. »

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