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Pourquoi se cultiver ?

Publié le 12/09/2005

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Ce perfectionnement de la pensée, cette réalisation des capacités intellectuelles de l'homme n'est donc pas un luxe et répond à la réalisation de ce qui en l'homme est, par excellence, humain.   Quand on fait le procès du machinisme, on néglige le grief essentiel (1). On l'accuse d'abord de réduire l'ouvrier à l'état de machine, ensuite d'aboutir à une uniformité de production qui choque le sens artistique. Mais si la machine procure à l'ouvrier un plus grand nombre d'heures de repos, et si l'ouvrier emploie ce supplément de loisir à autre chose qu'aux prétendus amusements qu'un industrialisme mal dirigé a mis à la portée de tous, il donnera à son intelligence le développement qu'il aura choisi, au lieu de s'en tenir à celui que lui imposerait, dans des limites toujours restreintes, le retour (d'ailleurs impossible) à l'outil, après suppression de la machine. Pour ce qui est de l'uniformité de produit, l'inconvénient en serait négligeable si l'économie de temps et de travail, réalisée ainsi par l'ensemble de la nation, permettait de pousser plus loin la culture intellectuelle et de développer les vraies originalités. Bergson   « Nous sommes hautement cultivés dans le domaine de l'art et de la science. Nous sommes civilisés, au point d'en être accablés, pour ce qui est de l'urbanité et des bienséances sociales de tout ordre. Mais quant à nous considérer comme déjà moralises, il s'en faut encore de beaucoup. Car l'idée de la moralité appartient encore à la culture ; par contre, l'application de cette idée, qui aboutit seulement à une apparence de moralité dans l'honneur et la bienséance extérieure, constitue simplement la civilisation. Mais aussi longtemps que les États consacreront toutes leurs forces à des vues d'expansion chimériques et violentes, et entraveront ainsi sans cesse le lent effort de formation intérieure de la pensée chez leurs citoyens, les privant même tout secours dans la réalisation de cette fin, on ne peut escompter aucun résultat de ce genre ; car un long travail intérieur est nécessaire de la part de chaque communauté pour former à cet égard ses citoyens, par contre, tout bien qui n'est pas greffé sur une disposition moralement bonne n'est que pure chimère et faux clinquant.

1)      La culture désigne à la fois un ensemble de normes et de processus typiquement humains et une forme de luxe de l'esprit, de raffinement, correspondant à l'acquisition d'un certain nombre de savoirs. 2)      La culture comme processus très général de perfectionnement d'une civilisation correspond à la réalisation même de la nature de l'homme qui est, à la différence des autres animaux, d'être un être perfectible. En ce sens, le pourquoi de la culture se comprend en terme de nécessité vitale. 3)      Ce que nous appelons couramment la culture, cet ensemble de savoirs, n'est cependant pas détaché de la nécessité pensée plus haut. Car à la nécessité de se perfectionner répond celle de réaliser notre capacité à être rationnels. Bien plus, se cultiver, par l'acquisition critique de savoirs qui éduquent l'esprit, revient à acquérir une pensée indépendante, à devenir un individu. À la nécessité de la culture comme processus collectif correspond donc la nécessité de la culture individuelle (se cultiver). Ce perfectionnement de la pensée, cette réalisation des capacités intellectuelles de l'homme n'est donc pas un luxe et répond à la réalisation de ce qui en l'homme est, par excellence, humain.

« l'intervention du diable.

Dans les fabriques et manufactures de tout genre, et jusqu'à un certain point dansl'agriculture, les machines accomplissent mille fois plus de travail que n'auraient jamais pu en accomplir les mainsde tous les gens à l'aise, des lettrés et des intellectuels devenus oisifs, et qu'il n'aurait pu s'en accomplir parl'abolition du luxe et par la pratique universelle de la vie campagnarde.

Ce ne sont pas les riches seuls, mais tous,qui bénéficient de ces industries.

Arthur SCHOPENHAUER (1788-1860) 2) La culture comme processus très général de perfectionnement d'une civilisation correspond à la réalisation même de la nature de l'homme qui est, à la différence des autres animaux, d'être un êtreperfectible.

En ce sens, le pourquoi de la culture se comprend en terme de nécessité vitale. On façonne les plantes par la culture, et les hommes par l'éducation.

Si l'homme naissait grand et fort, sa taille etsa force lui seraient inutiles jusqu'à ce qu'il eût appris à s'en servir ; elles lui seraient préjudiciables, en empêchantles autres de songer à l'assister ; et, abandonné à lui-même, il mourrait de misère avant d'avoir connu sesbesoins.

On se plaint de l'état de l'enfance ; on ne voit pas que la race humaine eût péri, si l'homme n'eûtcommencé par être enfant.

Nous naissons faibles, nous avons besoin de force ; nous naissons dépourvus de tout,nous avons besoin d'assistance ; nous naissons stupides, nous avons besoin de jugement.

Tout ce que nousn'avons pas à notre naissance et dont nous avons besoin étant grands, nous est donné par l'éducation.

ROUSSEAU 3) Ce que nous appelons couramment la culture, cet ensemble de savoirs, n'est cependant pas détaché de la nécessité pensée plus haut.

Car à la nécessité de se perfectionner répond celle deréaliser notre capacité à être rationnels.

Bien plus, se cultiver, par l'acquisition critique de savoirsqui éduquent l'esprit, revient à acquérir une pensée indépendante, à devenir un individu.

À lanécessité de la culture comme processus collectif correspond donc la nécessité de la cultureindividuelle (se cultiver).

Ce perfectionnement de la pensée, cette réalisation des capacitésintellectuelles de l'homme n'est donc pas un luxe et répond à la réalisation de ce qui en l'hommeest, par excellence, humain. Quand on fait le procès du machinisme, on néglige le grief essentiel (1).

On l'accuse d'abord de réduire l'ouvrier àl'état de machine, ensuite d'aboutir à une uniformité de production qui choque le sens artistique.

Mais si la machineprocure à l'ouvrier un plus grand nombre d'heures de repos, et si l'ouvrier emploie ce supplément de loisir à autrechose qu'aux prétendus amusements qu'un industrialisme mal dirigé a mis à la portée de tous, il donnera à sonintelligence le développement qu'il aura choisi, au lieu de s'en tenir à celui que lui imposerait, dans des limitestoujours restreintes, le retour (d'ailleurs impossible) à l'outil, après suppression de la machine.

Pour ce qui est del'uniformité de produit, l'inconvénient en serait négligeable si l'économie de temps et de travail, réalisée ainsi parl'ensemble de la nation, permettait de pousser plus loin la culture intellectuelle et de développer les vraiesoriginalités.

Bergson « Nous sommes hautement cultivés dans le domaine de l'art et de la science.

Nous sommes civilisés, au point d'enêtre accablés, pour ce qui est de l'urbanité et des bienséances sociales de tout ordre.

Mais quant à nousconsidérer comme déjà moralises, il s'en faut encore de beaucoup.

Car l'idée de la moralité appartient encore à laculture ; par contre, l'application de cette idée, qui aboutit seulement à une apparence de moralité dans l'honneuret la bienséance extérieure, constitue simplement la civilisation.

Mais aussi longtemps que les États consacreronttoutes leurs forces à des vues d'expansion chimériques et violentes, et entraveront ainsi sans cesse le lent effortde formation intérieure de la pensée chez leurs citoyens, les privant même tout secours dans la réalisation decette fin, on ne peut escompter aucun résultat de ce genre ; car un long travail intérieur est nécessaire de la partde chaque communauté pour former à cet égard ses citoyens, par contre, tout bien qui n'est pas greffé sur unedisposition moralement bonne n'est que pure chimère et faux clinquant.» Kant. »

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