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Quels sont les fondements de la légitimité du pouvoir de l'État ?

Publié le 16/12/2004

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; autrement dit, les citoyens sont les seuls à participer activement à la vie politique de la Cité. L'idée de l'État apparaît uniquement avec la volonté de distinguer des gouvernants et des gouvernés, c'est-à-dire d'instaurer des rapports d'autorité et d'obéissance, d'où l'idée que l'État est liée dès son surgissement à celle d'un pouvoir qui transcende les volontés particulières. Mais, comme le remarque Machiavel, l'autorité ne doit pas se confondre avec le seul « fait « de commander, c'est-à-dire au simple exercice de la force au sens où l'on a du pouvoir sur quelqu'un, mais elle doit être légitime et correspondre au « droit « de commander, au sens où l'on a le pouvoir de. Examinons cette thèse en nous intéressant à la théorie de l'État que formule le philosophe anglais Hobbes dans Le Léviathan.   II - Hobbes et la théorie de l'État               Pour penser la genèse de l'État, Hobbes se figure un état de nature, c'est-à-dire une époque où les hommes, livrés à eux-mêmes et mus par leurs seuls passions (compétition, gloire et défiance), possèdent un droit de nature que l'on peut définir comme la liberté que chacun a d'user de sa propre puissance, comme il le veut lui-même pour la préservation de sa propre nature, autrement dit de sa propre vie et, par conséquent, de faire, selon son jugement et sa raison propres, tout ce qu'il concevra être le meilleur moyen adapté à cette fin. Dans cet état, qui est un état de guerre de tous contre tous, les hommes possèdent donc un droit égal sur toutes choses, droit qui se traduit par l'usage de leur propre puissance, c'est-à-dire de ce qui est en leur pouvoir (force physique, ruse, alliance, etc.), pour se défendre ou s'approprier quelque chose. Or, une telle situation demeure proprement invivable, à tel point que les hommes en viennent à abdiquer de leur droit de nature, au profit d'un souverain, seul détenteur légitime du pouvoir. C'est donc par contrat (celui que Rousseau nommera « contrat social «) que les hommes reconnaissent l'autorité d'une personne qui les représente tous. Mais, par ce contrat, c'est la nature même du pouvoir qui change.

« son droit, que l'exercice du droit de nature apparaît illégitime, c'est-à-dire négateur du pouvoir, désormais légitime,de l'État.

III – Au-delà du contrat : le pouvoir et le sujet À ce stade de la réflexion, nous devons nous rendre compte d'une chose : l'État crée les conditions de sa propre légitimité, en sorte que les fondements de la légitimité de son pouvoir sont les mêmes que les siens.Reconnaître l'État, c'est donc reconnaître sa légitimité, puisque dans l'état de nature ne règne aucune justice (niaucune injustice) et que ce n'est qu'avec l'État qu'apparaît le problème de la légitimité, ce qu'atteste latransformation du pouvoir comme puissance (pouvoir sur) en pouvoir comme « droit de ».

Par exemple, l'État« peut » faire appliquer ses lois, parce qu'il en a le droit. Toutefois, au-delà du contrat lui-même et de la légitimité du pouvoir qu'exerce l'État par délégation, la naissance même de la formation politique « État » nous permet d'envisager l'émergence du pouvoir sous un journouveau.

En effet, notre sujet prend pour présupposé la légitimité du pouvoir de l'État (dont nous venons de rendrecompte en ses fondements) et il serait étrangement réducteur d'attaquer l'État sur ses dérives autoritaires.

Cettecritique doit avoir lieu, mais elle concerne plus les États viciés, ceux où le pouvoir n'est justement que la puissancede quelques uns, que l'idée de l'État, qui seule nous intéresse. Alors que dans la Cité antique la citoyenneté ne revient qu'à certains, au plus degré d'une hiérarchie où l'on rencontre les métèques, les femmes, les hilotes, etc.

et que la question de la légitimité ne semble pas se poser pourelle, l'État moderne naît – et c'est ce qui fonde sa légitimité – de la volonté générale de se soumettre à unsouverain.

La masse des hommes devient alors une multitude de sujets , le sujet étant à la fois celui qui est assujetti, soumis au souverain, et la dénomination moderne de l'être humain.

Tandis que la Cité grecque discrimineselon l'origine ou le sexe de la personne, l'État moderne pose l'égalité des citoyens à travers la notion de sujet.

Lalégitimité du pouvoir réside donc, d'une part, dans son origine : chacun abdique de son droit naturel au profit dusouverain, et, d'autre part, dans sa destination : le pouvoir s'applique à tous, sans discrimination.

D'où le sentimentque nous avons parfois que le pouvoir de l'État n'est pas légitime, non parce que nous ne l'avons pas choisi, maisparce qu'il ne semble pas s'appliquer de manière neutre à tous.

Un pouvoir légitime est donc un pouvoir issu de touset destiné à tous. Conclusion : Ainsi, l'État correspond à une formation politique moderne, dont le ressort essentiel est l'opposition gouvernant/gouvernés, d'où la question de sa légitimité, question qui, à juste titre, ne se posait pas dans la Citéantique.

Nous avons vu comment la légitimité du pouvoir de l'État vient à correspondre avec le fondement même del'État, c'est-à-dire l'abandon par suite d'un contrat d'une puissance naturel, au profit d'un souverain désormaisinvesti d'un pouvoir, qui se définit par l'exercice délégué d'un droit concédé. Prolongeant cette idée, nous avons indiqué l'autre versant du fondement de la légitimité du pouvoir de l'État, de telle sorte que nous pourrions presque dire qu'il existe deux fondements à la légitimité du pouvoir de l'État : l'un,chronologique, qui se situe dans le contrat ; l'autre, logique, qui réside dans le rappel constant que l'État agit par laprocuration des sujets , c'est-à-dire de tous (et non d'un groupe défini comme « citoyens »), et qu'il doit donc agir en conséquence.. »

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