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Rousseau

Publié le 14/08/2012

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" Laissant donc tous les livres scientifiques qui ne nous apprennent qu’à voir les hommes tels qu’ils se sont faits, et méditant sur les premières et les plus simples opérations de l’âme humaine, j’y crois apercevoir deux principes antérieures à la raison, dont l’un nous intéresse ardemment à notre bien-être et à la conservation de nous-mêmes, et l’autre nous inspire une répugnance naturelle à voir périr ou souffrir tout être sensible, et principalement nos semblables. " Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes - préface (page 20 de la collection classiques Garnier: Œuvres politiques).

" Si elle [la nature] nous a destinés à être sains, j’ose presque assurer que l’état de réflexion est un état contre nature, et que l’homme qui médite est un animal dépravé. " Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes - première partie (page 30 de la collection classiques Garnier: Œuvres politiques).

" Il en est ainsi de l’homme même: en devenant sociable et esclave, il devient faible, craintif, rampant; et sa manière de vivre molle et efféminée achève d’énerver à la fois sa force et son courage. " Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes - première partie (page 30 de la collection classiques Garnier: Œuvres politiques).

" La nature commande à tout animal, et la bête obéit. L’homme éprouve la même impression, mais il se reconnaît libre d’acquiescer ou de résister; et c’est surtout dans la conscience de cette liberté que se montre la spiritualité de son âme... " Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes - première partie (page 32 de la collection classiques Garnier: Œuvres politiques).

" ...il y a une autre qualité très spécifique qui les distingue, et sur laquelle il ne peut y avoir de contestation; c’est la faculté de se perfectionner, faculté qui, à l’aide des circonstances, développe successivement toutes les autres, et réside parmi nous tant dans l’espèce que dans l’individu; au lie qu’un animal est au bout de quelques mois ce qu’il sera toute sa vie, et son espèce au bout de mille ans ce qu’elle était la première année de ces mille ans. " Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes - première partie (page 33 de la collection classiques Garnier: Œuvres politiques).

" Il avait dans le seul instinct tout ce qu’il lui fallait pour vivre à l’état de nature; il n’a dans une raison cultivée que ce qu’il lui faut pour vivre en société. " Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes - première partie (page 41 de la collection classiques Garnier: Œuvres politiques).

" On peut impunément égorger son semblable sous sa fenêtre; il n’a qu’à mettre ses mais sur ses oreilles, et s’argumenter un peu, pour empêcher le nature qui se révolte en lui de l’identifier avec celui qu’on assassine. " Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes - première partie (page 45 de la collection classiques Garnier: Œuvres politiques).

" Il est donc bien certain que la pitié est un sentiment naturel, qui, modérant dans chaque individu l’activité de l’amour de soi-même, concourt à la conservation mutuelle de toute l’espèce. " Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes - première partie (page 45 de la collection classiques Garnier: Œuvres politiques).

" Le premier qui ayant enclos un terrain s’avisa de dire: ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. " Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes - seconde partie (page 52 de la collection classiques Garnier: Œuvres politiques).

" Chacun commença à regarder les autres et à vouloir être regardé soi-même, et l’estime publique eut un prix. Celui qui chantait ou dansait le mieux, le plus beau, le plus fort, le plus adroit, ou le plus éloquent, devint le plus considéré; et ce fut là le premier pas vers l’inégalité, et vers le vice en même temps... " Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes - seconde partie (page 52 de la collection classiques Garnier: Œuvres politiques).

" ... dès l’instant qu’un homme eut besoin du secours d’un autre, dès qu’on s’aperçut qu’il était utile à un seul d’avoir des provisions pour deux, l’égalité disparut, la propriété s’introduisit, le travail devint nécessaire et les vastes forêts se changèrent en des campagnes riantes qu’il fallut arroser de la sueur des hommes, et dans lesquelles on vit bientôt l’esclavage et la misère germer et croître avec les moissons. " Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes - seconde partie (page 58 de la collection classiques Garnier: Œuvres politiques).

" L’homme sauvage et l’homme policé diffèrent tellement par le fond du cœur et des inclinations, que ce qui fait le bonheur suprême de l’un réduirait l’autre au désespoir ." Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes - seconde partie (page 78 de la collection classiques Garnier: Œuvres politiques).

" L’homme est né libre et partout il est dans les fers. Tel se croit être le maître des autres, qui ne laisse pas d’être plus esclave qu’eux. " Du contrat social - livre I - chapitre I.

" Cependant, ce droit [l’ordre social comme droit sacré] ne vient pas de la nature ; il est donc fondé sur des conventions. Il s’agit de savoir quelles sont ces conventions. " Du contrat social - livre I - chapitre I.

" S’il y a donc des esclaves par nature, c’est parce qu’il y a eu des esclaves contre nature. La force a fait les premiers esclaves, leur lâcheté les a perpétués." Du contrat social - livre I - chapitre II.

" Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître, s’il ne transforme sa force en droit, et l’obéissance en devoir. " […] " La force est une puissance physique; je ne vois point quelle moralité peut résulter de ses effets. Céder à la force est un acte de nécessité, non de volonté; c’est tout au plus un acte de prudence. " […] " Or, qu’est-ce qu’un droit qui périt quand la force cesse ? S’il faut obéir par force, on n’a pas besoin d’obéir par devoir ; et si l’on n’est plus forcé d’obéir, on n’y est plus obligé. On voit que ce mot de droit n’ajoute rien à la force ; il ne signifie ici rien du tout. " Du contrat social - livre I - chapitre III.

" Quand chacun pourrait s’aliéner lui-même, il ne peut aliéner ses enfants; ils naissent hommes et libres; leur liberté leur appartient, nul n’a droit d’en disposer qu’eux. " […] " Renoncer à sa liberté, c’est renoncer à sa qualité d’homme, aux droits de l’humanité, même à ses devoirs. " Du contrat social - livre I - chapitre IV.

" Je suppose les hommes parvenus à ce point où les obstacles qui nuisent à leur conservation dans l’état de nature l’emportent, par leur résistance, sur les forces que chaque individu peut employer pour se maintenir dans cet état. Alors cet état primitif ne peut plus subsister; et le genre humain périrait s’il ne changeait de manière d’être. " […] " Trouver une forme d’association qui défende et protège de toute la force commune la personne et les biens de chaque associé, et par laquelle chacun, s’unissant à tous, n’obéisse pourtant qu’à lui-même, et reste aussi libre qu’auparavant. Tel est le problème fondamental dont le Contrat social donne la solution. " […] Le Contrat social: " Chacun de nous met en commun sa personne et toute sa puissance sous la suprême direction de la volonté générale; et nous recevons encore chaque membre comme partie indivisible du tout. " Du contrat social - livre I - chapitre VI.

" Afin donc que ce pacte social ne soit pas un vain formulaire, il renferme tacitement cet engagement, qui seul peut donner de la force aux autres, que quiconque refusera d’obéir à la volonté générale, y sera contraint par tout le corps: ce qui ne signifie autre chose sinon qu’on le forcera d’être libre. " Du contrat social - livre I - chapitre VII.

" Quoi qu’il se prive dans cet état [état civil] de plusieurs avantages qu’il tient de la nature, il en regagne de si grands, ses facultés s’exercent et se développent, ses idées s’étendent, ses sentiments s’ennoblissent, son âme entière s’élève à tel point que, si les abus de cette nouvelle condition ne le dégradaient souvent au-dessous de celle dont il est sorti, il devrait bénir sans cesse l’instant heureux qui l’en arracha pour jamais et qui, d’un animal stupide et borné, fit un être intelligent et un homme. " […] " ... ce que l’homme perd par le contrat social, c’est sa liberté naturelle et un droit illimité à tout ce qui le tente et qu’il peut atteindre; ce qu’il gagne, c’est la liberté civile et la propriété de tout ce qu’il possède. " […] " On pourrait, sur ce qui précède, ajouter à l’acquis de l’état civil la liberté morale, qui seul rend l’homme vraiment maître de lui ; car l’impulsion du seul appétit est esclavage, et l’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite est liberté. " Du contrat social - livre I - chapitre VIII.

" Il y a souvent bien de la différence entre la volonté de tous et la volonté générale ; celle-ci ne regarde qu’à l’intérêt commun ; l’autre regarde à l’intérêt privé, et n’est qu’une somme de volontés particulières : mais ôtez de ces mêmes volontés les plus et les moins qui s’entre-détruisent, reste pour somme des différences la volonté générale. " Contrat social - livre II - chapitre III.

" J’appelle donc République tout Etat régi par des lois, sous quelque forme d’administration que ce puisse être : car alors seulement l’intérêt public gouverne, et la chose publique est quelque chose. Tout gouvernement légitime est Républicain. " En note : " Je n'entends pas seulement par ce mot une aristocratie ou une démocratie, mais en général tout gouvernement guidé par la volonté générale, qui est la loi. Pour être légitime il ne faut pas le gouvernement se confonde avec le souverain, mais qu’il en soit le ministre : alors la monarchie elle-même est République. " Du contrat social - livre II – chapitre VI.

" Celui qui ose entreprendre d’instituer un peuple doit se sentir en état de changer pour ainsi dire la nature humaine, de transformer chaque individu, qui par lui-même est un tout parfait et solitaire, en partie d’un plus grand tout dont cet individu reçoive en quelque sorte sa vie et son être ; d’altérer la constitution de l’homme pour la renforcer ; de substituer une existence partielle et morale à l’existence physique et indépendante que nous avons reçue de la nature. Il faut, en un mot, qu’il ôte à l’homme ses forces propres pour lui en donner qui lui soient étrangères, et dont il ne puisse faire usage sans le secours d’autrui. Plus ces forces naturelles sont mortes et anéanties, plus les acquises sont grandes et durables, plus aussi l’institution est solide et parfaite : en sorte que si chaque citoyen n’est rien, ne peut rien que par tous les autres, et que la force acquise par le tout soit égale ou supérieure à la somme des forces naturelles de tous les individus, on peut dire que la législation est au plus haut point de perfection qu’elle puisse atteindre. " Du contrat social - livre II - chapitre VII.

" S’il y avait un peuple de dieux, il se gouvernerait démocratiquement. Un gouvernement si parfait ne convient pas à des hommes. " Du contrat social - livre III - chapitre IV.

" Il y a dans l’Etat une force commune qui le soutient, une volonté générale qui dirige cette force, et c’est l’application de l’une à l’autre qui constitue la souveraineté. Par où l’on voit que le souverain n’est par sa nature qu’une personne morale, qu’i n’a qu’une existence abstraite et collective, et que l’idée qu’on attache à ce mot ne peut être unie à celle d’un simple individu. " Manuscrit de Genève, livre I, chapitre 4.

" Un peuple libre obéit, mais il ne sert pas; il a des chefs et non pas des maîtres; il obéit aux Lois, mais il n’obéit qu’aux Lois et c’est par la force des Lois qu’il n’obéit pas aux hommes. " Lettres écrites de la Montagne - Huitième lettre.

" Tout est bien sortant des mains de l’Auteur des choses, tout dégénère entre les mains de l’homme. " Emile ou de l’éducation - livre premier (première phrase).

" Forcé de combattre la nature ou les institutions sociales, il faut opter entre faire un homme ou un citoyen: car on ne peut faire à la fois l’un et l’autre. " (conséquence de la contradiction liée aux trois éducations: celle de la nature, celles des choses, celle des hommes) Emile ou de l’éducation - livre premier.

" Si la loi naturelle n’était écrite que dans la raison humaine elle serait peu capable de diriger la plupart de nos actions, mais elle est encore gravée dans le cœur de l’homme en caractères ineffaçable et c’est là qu’elle lui parle plus fortement que tous les préceptes des Philosophes ; c’est là qu’elle lui crie qu’il ne lui est permis de sacrifier la vie de son semblable qu’à la conservation de la sienne, et qu’elle lui fait horreur de verser le sang humain sans colère, même quand il s’y voit obligé. " Ecrits sur l’Abbé de Saint-Pierre.

" Il est donc au fond des âmes un principe inné de justice et de vertu, sur lequel, malgré nos propres maximes, nous jugeons nos actions et celles d’autrui comme bonnes ou mauvaises, et c’est à ce principe que je donne le nom de conscience. […] Les actes de la conscience ne sont pas de jugements mais des sentiments. Quoique toutes nos idées nous viennent du dehors, les sentiments qui les apprécient sont au-dedans de nous, et c’est par eux seuls que nous connaissons la convenance ou disconvenance qui existe entre nous et les choses que nous devons respecter ou fuir. " Emile ou de l’éducation – La profession de foi du vicaire savoyard – Livre IV.

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