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Suis-je libre si je commande ?

Publié le 27/02/2005

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Cette manière de commander, et donc de soumettre autrui à sa volonté n'est possible que si je n'ai pas de devoir envers cet autrui, que si je considère qu'il n'a pas de droits. S'il n'en a pas, alors je n'en ai pas non plus. Le seul moyen de commander dans un état de non droit, c'est de commander par la force. Je peux obliger autrui à agir à ma guise, je reste quant à moi un être autonome et libre. Mais cette façon de commander et cette liberté qui en découle est bien précaire, puisqu'il faut pour que je reste libre, rester toujours le plus fort, et que cela n'est pas possible. "Le plus fort n'est jamais assez fort pour être toujours le maître."  I, 3. Le plus fort ne peut pas éternellement imposer sa volonté et son intérêt particulier comme loi. Ceci sans compter que la liberté dont il est question n'est pas la véritable liberté puisqu'elle ne peut pas coexister avec celle des autres sans se détruire.             La liberté de celui qui commande les autres en les mettant à sa disposition par la force est précaire.
  • Bien définir les termes du sujet :

- " Etre libre" : le plus généralement, c'est pouvoir se mouvoir sans contraintes extérieures, juger et agir en pleine conscience. C'est le pouvoir de se déterminer rationnellement sans y être contraint par une force extérieure.

- " Commander " : c'est ordonner à quelqu'un, en vertu de l'autorité que l'on détient, de faire quelque chose. C'est avoir un pouvoir sur autrui, détenir la possibilité de lui faire exécuter un ordre. Celui qui commande est celui qui détient l'autorité et qui ne peut être contesté par personne. 

  • Construction de la problématique :

            Le sujet demande une réponse qui soit affirmative ou négative, et paraît vouloir examiner l'idée commune selon laquelle commander c'est être libre. Il faut remettre en cause cette affirmation, et voir si elle fondée. Mais surtout, il faut avant tout poser les présupposés du terme "commander" : il implique une personne à qui l'on commande quelque chose, et il implique une autorité qui commande. D'où vient ce pouvoir de commander, sur quoi est-il fondé? Une fois ces présupposés connus, il faut les mettre en relation avec la liberté

            Se pose donc la question de savoir qui dois-je commander, de quelle manière dois-je le faire, et d'où doit venir mon autorité pour être libre ?  

« Ainsi que le rappelle Léo Strauss en tête de son ouvrage « La cité et l'homme », la tradition tient Socrate pour le fondateur véritable de la philosophie politique.

Cicéron aurait dit de lui qu'il « fut le premier à faire descendre la philosophie du ciel pour l'établir dans les cités, pour l'introduireégalement dans les foyers, et pour l'obliger à faire des recherches sur la vieet les manières des hommes aussi bien que sur le bien et le mal ».

en ce sens, il n'est pas d'histoire de la pensée politique qui ne doive commencer avec celivre majeur que constitue la « République ». Rédigé par Platon , ce livre expose la conception de la justice de Socrate . Tout y est présenté sous la forme habituelle mais hautement complexe dudialogue.

Répondant aux questions de ses interlocuteurs, Socrate développe une image de la cité idéale.

Socrate n'est-il que le porte-parole de Platon , un simple personnage dont le philosophe se sert pour exprimer ses propresidées tout en restant masqué ? A l'inverse, Platon n'est-il rien d'autre que le fidèle secrétaire du maître dont il se contente de noter scrupuleusement lapensée ? Et dans ce jeu mobile et contradictoire où s'enchaînent ets'entraînent questions et réponses sans que l'ironie soit jamais totalementabsente, est-il seulement légitime de dégager une doctrine ? Derrière lafausse simplicité d'une conversation entre philosophes, l'art du dialoguesoulève d'insurmontables difficultés qu'il nous faudra ici ignorer pour tenter decerner l'image du politique qui se dégage de la « République ». Dans cet ouvrage, Socrate présente donc l'idée qu'il se fait de la cité idéale. Il décrit une société fortement hiérarchisée au sein de laquelle les « gardiens » forment une classe dans laquelle règne une communauté parfaite.

Au livre V, Glaucon , qui est l‘un de ses principaux interlocuteurs, demande à Socrate si une cité aussi parfaite que celle qu'il a décrite peut exister dans la réalité.

Avec beaucoup de prudence, car il sait ce que sa réponse peut avoir de ridicule et de scandaleux, Socrate répond qu'une seule réforme est nécessaire à qui veut changer radicalement la société: il suffit que se conjuguent le pouvoir politique et laphilosophie.

Socrate déclare : « Tant que les philosophes ne seront pas rois dans les cités, ou que ceux qu'on appelle aujourd'hui rois et souverains ne seront pas vraiment et sérieusement philosophes ; tant que la puissancepolitique et la philosophie ne se rencontreront pas dans le même sujet ; tant que les nombreuses natures quipoursuivent actuellement l'un ou l'autre de ces buts de façon exclusive ne seront pas mises dans l'impossibilité d'agirainsi, il n'y aura de cesse, mon cher Glaucon , aux maux des cités, ni, ce me semble, à ceux du genre humain, et jamais la cité que nous avons décrite tantôt ne sera réalisée, autant qu'elle peut l'être, et ne verra la lumière dujour.Voilà ce que j'hésitais depuis longtemps à dire, prévoyant combien ces paroles heurteraient l'opinion commune.

Il esten effet difficile de concevoir qu'il n'y ait pas de bonheur possible autrement, pour l'Etat et pour les particuliers.

» Socrate va s'attacher à justifier une proposition qui, aux yeux de ses interlocuteurs, ne peut être reçue que comme un insoutenable paradoxe.Pour ce faire, il entreprend de construire une définition de la philosophie.

En ce sens, la « République » est autant un traité de la philosophie qu'un traité de la politique.

Par là même se marque combien, aux yeux de Platon , sont indissociables ces deux dimensions : celle du savoir et celle du pouvoir.Encore faut-il s'entendre sur ce que sont les « vrais philosophes ».

Socrate les présente comme « ceux qui aiment le spectacle de la vérité ».

Mettant en place l'opposition, fondamentale dans la doctrine Platon icienne, entre la science et l'opinion, il oppose les vrais philosophes à ceux qui, amoureux des apparences, sont incapables des'élever jusqu'à la vision du Beau et du Juste, et qui ne méritent pas le nom de « philosophe » - « qui aime la sagesse » - mais celui de « philodoxe » - « qui aime l'opinion ». C'est aux philosophes et non aux philodoxes que doit revenir le gouvernement de la cité.

Au début du livre VI,Socrate trace des premiers un portrait particulièrement élogieux : le philosophe est « par nature, doué de mémoire, de facilité à apprendre, de grandeur d'âme et de bonne grâce » ; il est « parent de la vérité, de la justice, du courage et de la tempérance ».

Comment dans ces conditions, lui refuser le gouvernement de la cité ? Rendant hommage à l'habileté de la démonstration de Socrate , un autre des interlocuteurs ( Adimante ) s'insurge contre les conclusions auxquelles il aboutit.

Il objecte : « On voit bien que ceux qui s'appliquent à la philosophie, et qui, après l'avoir étudiée dans la jeunesse pour leur instruction, ne l'abandonnent pas mais y restent attachés,deviennent pour la plupart des personnages tout à fait bizarres, pour ne pas dire tout à fait pervers, tandis queceux qui semblent les meilleurs, gâtés néanmoins par cette étude que tu vantes, sont inutiles aux cités.

» Socrate n'en disconvient pas.

Il souligne cependant que l'inutilité de la philosophie n'est pas le fait des philosophes, mais des citoyens qui se refusent à chercher conseil auprès d'eux.

Socrate s'explique au moyen d'une image.

Il compare la société à un navire dans lequel les marins, ignorants es lois de la navigation, se disputent le gouvernailet méconnaissent le seul vrai pilote qui pourrait les guider, préférant le tenir pour un « bayeur aux étoiles », « un vain discoureur » et « un propre à rien ». En ce qui concerne la perversité des philosophes, Socrate s'attache à en expliquer les causes.

Il décrit les dégradations du naturel du vrai philosophe en montrant que celui-ci, doué à l'origine de toutes sortes de hautesqualités, peut déchoir si de néfastes influences s'exercent sur lui : « Si donc ce naturel que nous avons attribué au philosophe reçoit l'enseignement qui lui convient, c'est une nécessité qu'en se développant il parvienne à toutes lesvertus ; mais s'il a été semé, a grandi et a puisé sa nourriture dans un sol ne lui convenant pas, c'est une nécessitéqu'il produise tous les vices, à moins qu'un dieu ne lui porte secours. » Or, dans la société telle qu'elle est, les jeunes gens doués de toutes les qualités qui font les philosophes vont se. »

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