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Théorie et expérience– Fiche de révision

Publié le 22/01/2011

Extrait du document

-Si la théorie émane du sujet, de ses intuitions ou de son inventivité, l’expérience au contraire relève d’une observation. L’une appelle une démarche hypothético-déductive ; l’autre une démarche inductive.

 

L’empirisme et ses limites

-L’empirisme accorde toute l’importance à la tâche qui consiste à rassembler les phénomènes et à les lire. Nous partons d’une multitude ; il s’agit alors de la démêler et de l’étudier.

-Le théoricien émet alors une hypothèse explicative, qui devrait venir à bout de ce qu’il a observé ; non dictée par les phénomènes, elle relève de son inventivité. A partir de cette idée, il convient d’en tirer des conséquences : c’est la démarche hypothético-déductive. Si l’idée ne s’accorde pas avec ce qu’elle croyait éclairer, il faut y renoncer. Mais si elle est fortifiée par le réel, le résultat ne correspond pas à un ‘oui’ ; il se borne à ne pas dire ‘non’.

-La coïncidence avec l’expérience même ne nous donne pas l’assurance de la vérité : elle est compatible avec la falsification (néologisme inventé par Popper, signifiant le contraire de la vérification).

-Ainsi, au XVIIème  siècle, la théorie malaisée à falsifier selon laquelle ‘la nature a horreur du vide’ était largement répandue. L’eau montant dans les pompes aspirantes des Fontainiers de Florence semblait la confirmer : si la nature n’avait pas eu horreur du vide, les pompes auraient en aurait créé en aspirant l’air, et l’eau serait restée immobile. Mais Torricelli a pourtant su réfuter cette théorie, par un tube de mercure retourné dans une cuve de mercure. Le liquide s’écoulait un peu, et restait soulevé sur une hauteur de 76 cm ; le volume libéré était vide d’air.

-Ainsi devons-nous nous méfier des preuves matérielles, qui prétendent parvenir à l’adequatio rei et intellectus.

 

La théorie et ses limites

-Pour Kant, dans son Esthétique transcendantale, la représentation de l’espace ne peut dériver de l’expérience, mais l’expérience elle-même n’est possible que par cette représentation, bâtie par le sujet, duquel émanent les idées d’espace et de temps.

-Les philosophes préfèrent souvent théoriser l’expérience, à expérimenter leur théorie. Ainsi Descartes, dans Principes de la philosophie, a-t-il tenté de fabriquer entièrement le réel à partir de ses propres instruments spéculatifs, comme l’espace et le mouvement.

-Cependant, dans l’univers de la biologie par exemple , les facteurs s’entremêlent, et la théorie échoue souvent devant un réel inépuisable. Ainsi Canguilhem indique-t-il que la médecine est toujours une expérimentation, et que le praticien, prudent, doit toujours avoir recours à sa propre expérience et ne soigner qu’en tremblant. Rien ne lui assure la réussite de son action, car le vivant dans sa complexité échappe souvent à la théorie.

 

Valeur de l’expérience

-Si l’expérience exerce son pouvoir régulateur de façon irrégulière, force est de constater que s’en passer conduit à l’isolement. Ne nous privons donc pas entièrement du banc d’essai qu’est la vérification ; utilisons l’expérience pour corriger nos excès interprétatifs, tout en sachant nous en méfier.

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