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Nietzsche et l'origine même de la conscience

Publié le 05/10/2013

Extrait du document

nietzsche
Nietzsche
Dégagez l'intérêt philosophique de ce texte en procédant à son étude ordonnée :
« La conscience n'est qu'un réseau de communications entre hommes ; c'est en cette seule qualité qu'elle a été forcée de se développer : l'homme qui vivait solitaire, en bête de proie, aurait pu s'en passer. Si nos actions, pensées, sentiments et mouvements parviennent  - du moins en partie - à la surface de notre conscience, c'est le résultat d'une terrible nécessité qui a longtemps dominé l'homme, le plus menacé des animaux : il avait besoin de secours et de protection, il avait besoin de son semblable, il était obligé de savoir dire ce besoin, de savoir se rendre intelligible ; et pour tout cela, en premier lieu, il fallait qu'il eût une "conscience", qu'il "sût" lui-même ce qui lui manquait, qu'il "sût" ce qu'il sentait, qu'il "sût" ce qu'il pensait. Car comme toute créature vivante, l'homme pense constamment, mais il l'ignore. La pensée qui devient consciente ne représente que la partie la plus infime, disons la plus superficielle, la plus mauvaise, de tout ce qu'il pense : car il n'y a que cette pensée qui s'exprime en paroles, c'est-à-dire en signes d'échanges, ce qui révèle l'origine même de la conscience. «
En un troisième temps (introduit par l'adverbe « car «), Nietzsche avance un argument qui complète et justifie ses affirmations précédentes : la pensée ne se limite pas à la conscience. La pensée n'est même quasiment jamais consciente. Elle ne le devient que sous certaines conditions, définies dans le moment précédent du texte: nécessité de communiquer, d'avoir des rapports sociaux. La conclusion du texte s'enchaîne directement au troisième temps du raisonnement, et reprend la thèse initiale : la seule pensée consciente est celle qui s'exprime par le langage et possède une dimension collective.

nietzsche

« avec autant de rigueur que n'importe quelle autre œuvre philosophique.

L'analyse de notre texte obéira donc aux principes guidant l'étude de tout texte philosophique : il s'agira de mettre en évidence une thèse et les arguments qui l'appuient.

Par ailleurs, ce texte est construit selon une progression logique claire qu'il nous faudra dégager.

LES TERMES À RETENIR Ill- Le terme « conscience» est mentionné dès le début du texte et revient à quatre reprises (1.

5, 10, 13 et 16).

C'est le premier et le dernier mot utilisé par Nietzsche.

La notion de conscience fait à la fois l'objet de la première thèse affirmative (1.

1) et de la conclusion (1.

16).

Elle est donc le thème principal du texte : Nietzsche y propose en effet une définition de la conscience.

Ill- La notion de « besoin » revient à deux reprises au milieu du texte (1.

8).

L'auteur signale lui-même l'importance de ce terme en le souli­ gnant.

Il faut donc le prendre en compte, et le confronter à la notion principale du texte : la conscience.

Plusieurs questions se posent déjà : pourquoi Nietzsche associe-t-il la notion de conscience (qui connote une nature spirituelle) à celle de besoin (qui est d'ordre p~y~i~l_o_giqL1e) ? Comment le peut-il, puisqu'elles renvoient chacune à des _gi>ITiai_n~s c.Jif­ férents, voire incompatibles ? Cette association paradoxale de la conscience et du besoin constitue l'un des problèmes, mais aussi l'une des richesses du texte.

Ill- Plusieurs termes renvoient au langage et aux relations entre les hommes : « réseau de communication » (1.

1), « dire ce besoin » (1.

8), « cette pensée qui s'exprime en paroles » (1.

15).

Cette référence au langage donne à la conscience une dimension sociale, collective.

Ill- Plusieurs termes connotent l'idée d'une évolution, d'une histoire: «se développer» (1.

2), « le résultat» (1.

5), « longtemps» (1.

6), « l'origine même de la conscience » (1.

16).

Plus généralement, l'emploi de l'im­ parfait (1.

3, 1.

7 à 11) marque l'analyse d'un processus historique.

L'ap­ parition de la conscience est donc le résultat d'un processus historique dont Nietzsche retrace les étapes.

Ill- Enfin, l'emploi répété des guillemets (1.

10 et 11) est à commenter.

Il est un trait fréquent chez Nietzsche.

Il suggère que les ~i~cations -~_suelles des mots sont trompeuses ; qu'elles dissimulent souvent l'origine de ce que ces mots désignent.

La notion de conscience connote ainsi une réalité immuable, intrinsèquement liée à la nature humaine.

Or Nietzsche s'efforce précisément de montrer qu'il n'en est rien.. »

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